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Le SAC - Fourni par A. Martinez

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION du 4 OCTOBRE 1958

Septième législature

SECONDE SESSION ORDINAIRE DE 1981-1982

Rapport 955 remis à M le Président de l’Assemblée Nationalle le 17juin 1982 Dépôtpublié au Journal Officiel le 18 juin 1982

RAPPORT

DE LA COMMISSION D’ENQUETESUR LES ACTIVITÉS DU SERVlCE D'ACTION CIVIQUE.

Président

M .ALAIN HAUTECOEUR

Rapporteur M Louis ODRU

(1) Cette commission est composée de : MM Alain. Hautecœur ;

Président, François Massot, vice Président ; Alain Vivien, Secrétaire ; Louis Odru, Rapporteur. MM. Jean-Pierre Balligand, Pierre Bourguignon, Maurice Briand, Bertrand Delanoe, Jean-Pierre Destrade, René Drouin (1), Gilbert Gantier, Edmond Garcin, Gerard Gouzes, Yves Lancien, Marc Lauriol, François Loncle, Alain Madelin., Mme Paulette Nevoux, MM Jean.Tibéri, Georges Tranchant, Claude Wolff.

(1)Depuis le 22 janvier 1982 en remplacement de Mme Françoise Gaspard,

Audition de M. Pierre LEMARCHAND, ancien responsable de la lutte contre I'O.A.S.

(Extrait du procès-verbal de la deuxième séance du mercredi 10 mars l 982) .

Présidence de M. Alain Hautecoeur. président.

M. Pierre L EMARCHAND est introduit.

M. le Président lui rappelle que les dispositions législatives relatives aux commissions d’enquête lui ont été communiquées. A l'invitation du Président.

M. Pierre LEMARCHAND prête serment de dire toute la vérité. rien que la vérité.

M. le Président: Monsieur LEMARCHAND, je suis heureux d'avoir en face de moi le personnage presque mythique que vous êtes. Au cours des auditions auxquelles la Commission a procédé pour connaître des activités du SAC. votre nom a souvent été prononcé, notamment pour la période de lutte contre I'OAS, période difficile, où il fallait être courageux et où le souci de l'efficacité était certainement primordial. Nous allons procéder de la façon habituelle; vous nous direz ce que vous savez ou ce que vous avez envie de dire de cette organisation, Ie SAC, puis vous aurez l'amabilité de répondre à nos questions

M. LEMARCHAND : C'est tout simple. Sur le SAC. je n'ai rien à dire. car je n'ai jamais fait partie de cette organisation, ni comme militant. ni comme dirigeant. Mon action contre I'OAS n'avait rien à voir avec le SAC. Je l'ai menée au Rocher noir dans le cadre du M.P.C., le Mouvement pour la Coopération. Les gens du SAC ne sont jamais intervenus en Algérie. Si certains d'entre eux ont pu figurer parmi les 300 hommes qui ont participé à la lutte contre I'OAS. leur proportion n'a pas dépassé 2 ou 3 %. Je ne peux donc rien vous dire, sauf que j'étais très ami avec les dirigeants du SAC de l'époque, M . Comiti et M . Foccart .

Mais quant à moi, je n'ai jamais participé aux activités du SAC. Pour ce que j'ai fait en Algérie je suis prêt à en répondre devant telle commission parlementaire qui serais constituée pour quêter sur les conditions de la lutte anti-OAS.

Des 300 que nous étions. un sur trois a été tué. Je n'ai pas de compte à rendre.

D'ailleurs en fait de démocratie quand on amnistie les gens de I'OAS. mais pas ceux qui ont lutté contre elle...

M. le Président : Personne ne vous demande de rendre des comptes.

M. Pierre LEMARCHAND: A Alger. les gaullistes étaient bien seuls. ils n'étaient

soutenus que par FO. Quant à la CGT, elle est restée passive. comme d'ailleurs l'ensemble des formations politiques.

M. le Rapporteur : Il n'y avait pas de CGT en Algérie.

M. LEMARCHAND : Mais si. Je peux même vous citer des noms.

M. le Président : Une des choses que la commission a appris, c'est que, contrairement à ce que l'on disait le SAC n'a aucunement participé à la lutte contre I'O.A.S.

M. LEMARCHAND : Il y a eu des tentatives d'implantation en Algérie faites

directement par M. Foccart qui avait notamment envoyé en Algérie, Porte, compagnon de la Libération, assassiné trois jours après son arrivée. Mais je peux vous garantir qu'en Algérie le SAC n'a jamais eu d'activité. Je ne veux pas dire du mal du SAC, ses membres ont été mes compagnons de lutte politique, mais jamais. jamais. en quelque façon que ce soit, il n'a participé à la lutte contre I'OAS, en Algérie. Et personnellement, je n'ai jamais eu d'activités en Métropole. Il y a eu une association politique qui a essayé de faire ce que nous avons fait : l'association pour le soutien du Général de Gaulle, avec Pernot.

M. le Président : Votre témoignage, qui est de poids, confirme ce que la Commission avait appris. Mais alors. comment expliquez-vous que soit née cette légende d'une participation du SAC à la lutte anti-OAS ?

M. Pierre LEMARCHAND : Je ne sais pas.

M. le Président : Et comment expliquez-vous.. .

M. Pierre LEMARCHAND : Que le SAC n'ait pas participé à cette lutte ?

M. le Président : Oui.

M. Pierre LEMARCHAND : C'est tout simple. En 1958-1959, le SAC était animé par M. Debizet qui, après le discours du Général sur l'autodétermination, s'est dressé contre lui allant jusqu'à écrire dans un tract diffusé aux adhérents du SAC que le Général finirait dans les fosses de Vincennes. A partir de ce moment-là, quand on a décidé de faire quelque chose contre I'OAS on s'est complètement séparé du SAC.

De nombreux membres de cette organisation ont démissionné. On ne connaissait pas le sentiment véritable de ceux qui restaient. Ils n'étaient pas sûrs, et nous craignions, en recourant à eux, de favoriser un noyautage par les gens de I'OAS. Les gens du SAC sont incontestablement des gaullistes. Ils l'ont prouvé, notamment M. Comiti. Mais ils avaient de la France une conception absolue et même M. Comiti, qui se serait fait tuer pour le Général, n'a en fait jamais très bien compris pourquoi on avait abandonné l'Algérie,

M. le Président : Cette réaction pouvait à la rigueur se comprendre au début. mais...

M. Pierre LEMARCHAND : Mon intervention n'a duré qu'un an, d'avril 61 à avril 62.

M. le Président ; Et la lutte contre I'OAS en métropole ?

M. Pierre LEMARCHAND : Je ne m'en suis pas occupé.

M. le Président : Les gens du SAC n'approuvaient pas les idées du Général. soit. Mais à partir du moment où I'OAS a pris l'ampleur que l'on sait. Ieur attitude est difficile à comprendre.

M. Pierre LEMARCHAND : Il y a bien des ministres qui ont participé à des attentats contre le Général de Gaulle. L'un deux est même devenu Président de la République.

M. le Président : Comment expliquer le retour de M. Debizet en 1969 ?

M. Pierre LEMARCHAND : C'était après le départ du Général. Et puis, entre-temps, il y avait eu 68. Le recrutement du SAC avait alors complètement changé. Avec M. Debizet j’étais en désaccord politique complet. Je ne lui adressais plus la parole depuis 61-62. Mais il a vraiment essayé de purifier le SAC. Je l'ai connu au RPF. C'est un hommes de droite, bien sûr. mais tous ne sont pas à clouer au pilori et ça m'a fait un peu de peine de le voir arrêté dans une affaire crapuleuse, car ce n'est vraiment pas son genre.

M. le Président : Mais pourquoi a-t-il été obligé de procéder à cette épuration ?

M. Pierre LEMARCHAND : Vous verrez, au cas où la gauche resterait dix ans au pouvoir, si des éléments indésirables ne s'infiltreront pas dans les rangs des services d'ordre socialiste et communiste. C'est l'attrait du pouvoir. Quand des militants rendent des services on ne leur demande pas forcément leur casier judiciaire. Sous la IVème République, Vincent Auriol, René Coty qui était l'honnêteté même, ont eu recours à Jo Attia, personnage peu recommandable pour certaines missions.

M. le Président : Les responsables du SAC ont affirmé que les membres les plus douteux de l'association avaient adhéré lors des luttes conte I'OAS.

M. Pierre LEMARCHAND : C'est faux pour l'Algérie et, je crois, aussi pour la métropole où la lutte contre I'OAS n'a pas été menée par le SAC, mais par M . Ponchardier, en liaison avec des policiers, M. Jean Caille à la Préfecture de Police et M. Honoré Gévaudan à la Sûreté nationale.

M. le Président : La police officielle était si peu sûre que cela ?

M. Pierre LEMARCHAND : Oui . Absolument. En Algérie tous les policiers étaient OAS. C'est pourquoi il a fallu en faire venir de la métropole. Personne ne voulait prendre la tête de la mission et il a fallu que ce soit le directeur général de la PJ lui-même, M. Michel Hacq, qui aille à Alger.

M. le Président : Nous avons entendu un responsable de la police de Rocher noir nous dire que les barbouzes, c'était une légende et qu'en tout cas. ils avaient été tout a fait inefficaces .

M. Pierre LEMARCHAND ; A chacun son point de vue. l'histoire tranchera. En tout cas, dans le livre qu'il a écrit sur I'OAS et la guerre d'Algérie, Susini a bien dit que I'OAS avait été fichue en l'air par les barbouzes !

M. le Président : Vous étiez 300?

M. Pierre LEMARCHAND : A peu près. Ils étaient venus de la métropole. Je les avais recrutés moi-même parmi d'anciens résistants et d'anciens RPF.

M. le Président : Vous aviez un fichier ?

M. Pierre LEMARCHAND : Non. Mais je les connaissais : en 1947, à vingt ans, j'étais le plus jeune responsable politique du RPF, je m'occupais du ce secteur de Paris.

M. le Président : On a dit que la mission avait été recrutée dans les milieux interlopes.

M. Pierre LEMARCHAND : Ce n'est pas vrai ! Cent ont été tués. prenez connaissance de leur identité. Vous verrez qu'ils n'avaient pas de casier judiciaire. D'ailleurs. si je vous parle de l'Algérie, c'est par courtoisie ; mais le SAC n'a rien a voir la-dedans.

M. Alain VIVIEN : Parmi les personnalités que nous avons interrogées, certaines ont porté des accusations contre le comportement de votre mission.

M. Pierre LEMARCHAND : Confrontez-nous. Et si vous voulez en savoir plus sur les activités anti-O.A.S.. créez une commission d'enquête !

M. Alain VIVIEN : Ne vous énervez pas. Personne ici ne vous reproche vos activités en Algérie.

M. Pierre LEMARCHAND : Les cent qui ont été tués étaient tout de même mes amis.

M. Alain VIVIEN : On a dit que parmi les gens recrutés pour lutter contre I'OAS en Algérie, il y avait des activistes du SAC,

M. Pierre LEMARCHAND ; C'est faux.

M. Alain VIVIEN : Vous avez parlé d'anciens résistants et d'anciens du RPF ; mais d'autres nous ont dit qu'on avait aussi recruté en fonction de la technicité des intéressés ?

M. Pierre LEMARCHAND : C'est faux.

M. Alain VIVIEN : Est-il vrai que parmi ceux qui ont combattu à EI Biar il y avait Jim Al Cheick ?

M. Pierre LEMARCHAND : Oui . C'était un cas spécial , Il n'était ni un gaulliste, ni un ancien résistant. Je l'ai connu par un autre judoka gaulliste. Il était un ancien militant de la Main Rouge en Tunisie. Il est venu me voir en me disant qu'il voulait aider le Général pour que ne se réédite pas en Algérie ce qui avait été fait en Tunisie. Son honnêteté politique m'ayant été garantie par des gaullistes, je l'ai donc recruté et il a joué un rôle tout a fait exceptionnel. Je certifie qu'il ne s'est rendu coupable d'aucune exaction.

M. Alain VIVIEN : Je connais sa famille : je crois que ce que vous dites est exact .

M. Pierre LEMARCHAND : Je n 'ai rien a cacher, Je suis fier d'avoir participé à l'épopée gaulliste. Je n'attache aucune importance au fait d'avoir été couvert de boue par les journalistes. Peu ont eu comme moi le privilège d'être attaqué à la fois par l'Humanité" et par "Minute" !

M. le Président ; N 'est-ce pas "Minute" qui est à l 'origine de la légende selon laquelle le SAC aurait joué un rôle dans la lutte contre I'OAS ?

M. Pierre LEMARCHAND : J'en suis persuadé. J'ai eu beaucoup plus à me plaindre de l'extrême-droite que des autres tendances politiques. Je la déteste ! pétainiste ou OAS, c'était toujours la même clique. Cela étant. il y avait aussi des patriotes dans I'OAS. J 'y avais même des amis. Dans tous les mouvements politiques il y a des déchirements dramatiques, sauf peut-être chez les communistes !

M. le Président ; Il y a en effet des périodes de déchirement.

M. Pierre LEMARCHAND : Même les mouvements de gauche n'y échappent pas. Quant aux gaullistes, ils ne peuvent pas être d'extrême-droite ; on l'a toujours eue contre nous. Mais cela ne veut pas dire que les gaullistes ont pavoisé lorsque la France a perdu l'Algérie.

M. le Rapporteur : Puisque le SAC avait pour objectif d'aider le général de Gaulle, compte tenu du fait que son président. Paul Comiti. faisait partie de l'entourage du Général et que son père spirituel était M. Foccart, pourquoi n'y avez-vous pas milité vous-même ?

M. Pierre LEMARCHAND : 99% des gaullistes n'ont pas milité au S.A.C. : ils estimaient avoir autre chose à faire que de tenir des réunions publiques ou de coller des affiches !

M. le Rapporteur : Selon vous, le SAC se serait contenté de coller des affiches ?

M. Pierre LEMARCHAND : Qu'a-t-il fait d'autre en métropole ? Il est vrai que ce n'est pas à moi de poser des questions. (Sourires).

M. le Rapporteur : En tout cas. il n'a pas défendu le général de Gaulle en 1962. pas plus qu'il n'a protégé son intégrité physique au moment des attentats ourdis contre lui.

M. Pierre LEMARCHAND : Le ministre dont j'ai parlé tout à l'heure n'appartenait pas au SAC.

M. le Rapporteur : Vous nous avez en effet dit que certains attentats contre le général de Gaulle avaient été commis avec l'appui, ou l'accord, ou la complicité - je ne me rappelle plus le terme exact - de ministres parmi lesquels un est devenu Président de la République.

M. Pierre LEMARCHAND : Il n'était pas membre du SAC. Cela n'a rien à voir.

M. le Rapporteur : Je m'en doute. Comment expliquez-vous que les obsèques des vingt tués qui se sont déroulées dans le Val-de-Marne n'aient fait l'objet d'aucune publicité ? Il s'agissait tout de même de gens qui s'étaient battus pour la politique du Général.

M. Pierre LEMARCHAND : Je ne sais pas mais je n'ai aucune sympathie pour Jo Attia, dans la mesure où il a participé à l'attentat contre Lemaigre-Dubreuil.

M. le Rapporteur : J 'ai sous les yeux le livre "Aux ordres du SAC " de Lecavelier...

M. Pierre LEMARCHAND : Lecavelier était un des "amis" de M.Paul Roux qui le manipulait et que le gouvernement vient de nommer responsable des R.G. On s'allie quelques fois avec des gens bien loin de vous !

M. le Rapporteur : Lecavelier dit que I'ETEC. . .

M. Pierre LEMARCHAND : L'ETEC n'a rien à voir avec le SAC.

M. le Président : Comment savez-vous que Lecavelier était manipulé par Roux ?

M. Pierre LEMARCHAND : J'ai vu Lecavelier trois fois dans ma vie et il m'a dit : je suis un grand ami de M . Roux. L'affaire de I'ETEC a été montée de toutes pièces par un ministre de l'Intérieur très malin, M. Marcellin. pour nuire à N. . . et à Lemarchand, bref à des gaullistes qui voulaient démontrer que l'affaire Markovic avait été montée par lui et non pas par Capitant.

M. le Président : Pour nuire à N. .. ? Mais N... n'a pas été mêlé à l'affaire de I'ETEC.

M. Pierre LEMARCHAND : Je veux bien. Si vous le dites, c'est que c'est vrai !

M. Pierre BOURGUIGNON : Donc, c'est N. .. et vous-même qui étiez visés ?

M. Pierre LEMARCHAND : Vous enquêtez sur le SAC. Je vous assure que les gens de I'ETEC n'ont rien à voir avec le SAC. Ils n'ont jamais été membres du SAC.

M. le Président : Lascorz a pourtant été responsable du SAC.

M. Pierre LEMARCHAND : Ce n'est pas vrai. Il a même été inculpé de faux à propos d'une carte du SAC. à la suite d'une plainte déposée par le SAC et instruite par M. Ferré, juge d'instruction à Paris.

M. le Président : Et Lecavelier ?

M. Pierre LEMARCHAND : A ma connaissance, il ne faisait pas partie de I'ETEC.

M. le Président : Mais si, il a même été condamné.

M. Pierre LEMARCHAND : A la réflexion, il vrai qu'un membre de I'ETEC a fait partie du SAC : Courbet.

M. le Rapporteur : Avec Lecavelier, ça fait deux. Dans son livre, Lecavelier dit que Lascorz a été chapeauté par vous.

M. Pierre LEMARCHAND : C'est Faux.

M. le Rapporteur : La composition de I'ETEC montre qu'elle était une émanation du SAC.

M. Pierre LEMARCHAND : Croyez-le si ça vous fait plaisir, mais c'est ridicule.

M. le Rapporteur : C'est l'évidence.

M. Pierre LEMARCHAND : Vous vous trompez. Reportez-vous au dossier de l'instruction qui été ouverte sur la plainte déposée par M. Debizet contre Lascorz pour faux et usage de faux et qui s'est terminée par un non-lieu. Vous serez éclairé sur I'ETEC et le SAC. J'ai expliqué que les cartes en question ne correspondaient pas aux cartes du SAC.

M. Pierre BOURGUIGNON : Il ressort des auditions auxquelles nous avons procédé qu'il y a eu plusieurs SAC.

M. Pierre LEMARCHAND : C'est préciseront pour cela que Lascorz a bénéficié d'un non-lieu. Il y avait un vrai SAC et un faux SAC, que j'ai connu en tant qu'avocat. Ce que vous me dites est juste, mais je ne peux pas répondre. Je suis lié par le secret professionnel. Faites-vous communiquer le dossier de l'affaire auprès du juge d'instruction, M. Ferré. Vous avez raison. Il y avait un vrai et un faux SAC,

M. Pierre BOURGUIGNON : Ne parlons plus du faux SAC-ETEC. ..

M. Pierre LEMARCHAND : Voilà. Je vois que vous êtes au courant.

M. Pierre BOURGUIGNON : Selon vous, d'autres gens ne se seraient-ils pas regroupés sous d'autres couvertures ? Je vous demande votre avis de citoyen.

M. Pierre LEMARCHAND : Je n'en sais absolument rien. Je sais seulement que le SAC était une sorte de confédération dans laquelle les SAC régionaux jouissaient d'une très grande autonomie.

M. Pierre BOURGUIGNON : Pendant quelle période ? de 1961 à 1969 ?

M. Pierre LEMARCHAND : C'est cela. Selon moi, le retour de Debizet a eu pour objet de centraliser le SAC. C'est du moins ce que j'ai entendu dire.

M. Pierre BOURGUIGNON : Ayant été responsable politique d'une section du R.P.F. à Paris, vous y avez connu Debizet et vous étiez ensemble autour de Biaggi.

M. Pierre LEMARCHAND : J'ignorais qu'il y était. Personnellement, je souhaitais ardemment le retour du Général au pouvoir. J'ai participé à toutes les tentatives de déstabilisation de la IVe République et je ne m'en cache pas. J'ai manifesté pour les bouilleurs de cru, pour le pécule des prisonniers de guerre, j'ai fait partie de "Biaggi" et de bien d'autres mouvements, c'est vrai. Je me suis même fait rappeler en 1956 en Algérie pour essayer de faire quelque chose pour le général.

M. Pierre BOURGUIGNON : On s'accorde à dire que, bien que n'ayant pas sa carte du SAC, Foccart y a joué un rôle important.

M. Pierre LEMARCHAND : Je le pense. Bien que je ne le connaisse pas beaucoup, je considère que Foccart est un homme assez exceptionnel, notamment pour ce qu'il a fait en Afrique noire.

M. Pierre BOURGUIGNON : Vous n'étiez pas au SAC de 1959 à 1961 , mais vous l'avez un peu connu durant cette période.

M. Pierre LEMARCHAND : Pas tellement,

M. Pierre BOURGUIGNON : Le SAC était pourtant la continuation du service d'ordre du R.P.F. ?

M. Pierre LEMARCHAND : Vraisemblablement. Pourtant beaucoup de responsables de ce service d'ordre n'en faisaient pas partie. Je pense notamment à Ponchardier qui était le patron du service d'ordre du R.P.F. et qui n'a pas dû faire partie du SAC.

M. Pierre BOURGUIGNON : Il a été le créateur du SAC !

M. Pierre LEMARCHAND : Je ne crois pas. Aussi étonnant que cela puisse paraître. je ne faisais pas partie du service d'ordre du RPF

M. Pierre BOURGUIGNON : Donc vous n'avez pas tellement connu le SAC de 1959 à 1961 ?

M. Pierre LEMARCHAND : Je ne connaissais rien a l'organisation de l'association, mais j'en connaissais personnellement tous les responsables : le gaullisme est une famille.

M. le Président : Comment se fait-il alors que vous n'ayez pas adhéré au SAC ? Est-ce quelque chose vous y gênait ?

M. Pierre LEMARCHAND : Je ne voyais pas pourquoi il aurait fallu jouer au soldat de 1958 a 1961 . Pour moi, le militantisme s'arrêtait le jour de l'arrivée du général de Gaulle au pouvoir. Apres avoir été battu aux élections en I 958, alors que je m'étais présenté contre un U.N. R. qui ne me plaisait pas, je ne me suis plus occupé de politique jusqu'au printemps 1961 . A cette date, un de mes amis qui habitait l'Algérie et avait été responsable du service d'ordre, lorsque j'étais moi-même responsable politique de la Ille section de Paris, est venu me voir, alors que je pêchais à la ligne dans le Canal de Briare et m'a dit que je ne pouvais rester sans agir alors que nous étions au bord de la guerre civile. Il m'a invité à créer une organisation pour défendre les idées du général en Algérie. C'est ainsi que j'ai abouti au M.P.C. Mais. de 1958 a 1961, je n'ai exercé aucune activité militante ni politique.

M. Pierre BOURGUIGNON : Pourquoi, à votre avis, l'extrême-droite a-t-elle déversé des tombereaux d'ordures sur vous ?

M. Pierre LEMARCHAND : Ils voulaient évidemment, à travers ma modeste personne, atteindre le général.

M. Pierre BOURGUIGNON : Pourquoi cela a-t-il continué depuis ?

M. Pierre LEMARCHAND : Je n'en sais rien et je m'en fous ! D'ailleurs cela s'est pratiquement arrêté au départ du général. Il y a simplement eu récemment l'article de Tillier auquel vous faites sans doute allusion. Il est parfaitement ridicule. Il prétend que j'avais un réseau de magistrats à ma botte pour des grâces médicales. C'est facile à contrôler. Vous verrez à la Chancellerie qu'aucun de mes clients n'a bénéficié d'une grâce médicale. Même le parti communiste doit pouvoir contrôler cela. Je ferai une confidence au représentant du parti communiste. Lorsque j'ai été radié par le Conseil de l'Ordre des avocats pour avoir caché à la justice ce que j'avais dit à la police sur I’affaire Ben Barka, le général demanda à Capitant de déposer un amendement à une loi d'amnistie pour permettre d'effacer ma sanction disciplinaire. L'UNR vota naturellement pour cet amendement, mais il ne fut pas adopté, parce que Giscard fit voter contre. Il manquait 9 voix. A ce propos, M. Ballanger alla trouver M. Rey, alors président du groupe UNR. pour lui dire que Lemarchand était innocent et que c'était un brave type. mais que l'Assemblée Nationale c'était de la politique : il était donc exclu que le PC vote pour cet amendement.

M. le Rapporteur : Confidence pour confidence, je ne suis pas ici le représentant du parti communiste, mais le rapporteur de la commission d'enquête ; quant à Robert Ballanger, qui était un ami personnel et dont je suivais les affaires, il ne m'a jamais rien dit de tel.

M. Pierre LEMARCHAND : Il l'a dit à Rey.

M. le Rapporteur : Rey est mort, Ballanger est mort...

M. Pierre LEMARCHAND : Vous faites trop de zèle ; d'autres encore l'ont entendu, des vivants.

M. le Président : Puis-je vous rappeler. Monsieur Lemarchand, que M. Odru est le rapporteur de la commission ?

M. Pierre LEMARCHAND : Quand j'étais rapporteur, je ne cessais pas pour autant d'être à l' UNR.

M. Pierre BOURGUIGNON : A votre avis, des gens du SAC ont-ils pu participer à des opérations montées hors de France et par le SDECE ?

M. Pierre LEMARCHAND : Je ne crois vraiment pas les gens du SAC capables de monter ce genre d'opération. Autour du SAC est née une légende. Les gens du SAC, dont Comiti est un bon exemple, sont des soldats qui prennent et donnent des coups, un point c'est tout. Debizet fait exception. Lui, il a des idées. Il se détermine en fonction de sa propre philosophie. Les autres, non. Ce sont des fidèles.

M. Pierre BOURGUIGNON : Des gens du SAC n'ont-ils pas été mêlés à certaines histoires...

M. Pierre LEMARCHAND : Argoud ?

M. Pierre BOURGUIGNON : Notamment.

M. Pierre LEMARCHAND : Ca ne tient pas debout. Vous avez supprimé la sécurité militaire.. .

M. le Président : Par qui Algoud a-t-il été enlevé ?

M. Pierre LEMARCHAND : Argoud a été enlevé par des gendarmes.

M. le Président : On a parlé d'Attia.

M. Pierre LEMARCHAND : Je vous dis qu'il a été enlevé par des gendarmes. Si je ne suis pas gâteux, dans 20 ou 30 ans, j'écrirais mes mémoires et vous verrez que c'étaient des gendarmes.

M. le Président : Comment le savez-vous ?

M. Pierre LEMARCHAND : Parce qu'on me l'a dit (sourires).

Voilà, c'est tout simple : Georges Bidault était tombé amoureux fou d'une très belle allemande qui était manipulée par nous, Mouvement pour la coopération. Par elle, nous apprenons qu'une série d'attentats contre le général de Gaulle était en préparation et qu'ils finiraient biens un jour, par réussir. Nous en sommes émus, nous en parlons au général qui ne veut rien savoir. Mais quelqu'un, qui d'ailleurs est devenu ministre et dont je tairai le nom parce que c'est trop frais. suggère d'enlever Argoud, car c'était le seul dirigeant de I'OAS qui n'était pas un farfelu. Argoud, je l'ai connu en Algérie en 1956, C'est un vrai fasciste, le seul type dangereux qu'il y ait eu en France ces dernières années. Simple sergent à Larba. On avait réussi, sans exaction, à réduire de moitié le nombre des attentats. Argoud nous succède. Les attentats reprennent. Pour les faire cesser, il prend au hasard une vingtaine de jeunes Arabes. les fait exécuter et les expose en plein soleil sur la place principale pendant huit jours. C'est cela Argoud. Il ne faut pas rêver. C'est un danger public. Nous décidons donc d'enlever Argoud. car, si on l'avait tué, le général n'aurait pas pardonné. L'enlèvement a d'ailleurs eu lieu avec l'assentiment des autorités allemandes et, je le répète, il a été arrêté par des gendarmes et ramené dans une estafette de la gendarmerie. Sinon comment expliquerait-on qu'il ait pu facilement passer la frontière ?

M. le Président : Pourquoi ça ne s'est jamais su ?

M. Pierre LEMARCHAND ; Parce que les gaullistes sont des gens qui ne parlent pas et qui ne veulent pas mettre en cause les services officiels. Si les barbouzes ont été créées. c'est afin de ne pas susciter de clans dans la police.

M. le Président ; Comment cela ?

M. Pierre LEMARCHAND : On aurait pu trouver 100 à l 50 policiers pour partir en Algérie, mais à l'évidence, ces gens là auraient, par la suite, bénéficié d'un avancement particulièrement rapide, ce que n'auraient pas accepté les autres 10 000 à 20 000 policiers français. C'eût été la fin de la police française.

M. le Président : Et les 200 policiers de la mission C ?

M. LEMARCHAND : Ils jouaient aux cartes dans leur chambre, vous le savez bien. Il y en avait dix d'efficaces, c'est tout.

M. le Président : Ce n'est pas ce que nous a dit M . Verger.

M. Pierre LEMARGHAND : Il a de l'audace ! C'est lui qui avec Vieillecaze a insisté pour que le MPC se transforme en police et non en parti politique.

M. le Président : Et Morin ?

M. Pierre LEMARCHAND : Il faut voir aussi la vie que menaient ces gens-là, murés au Rocher noir, sous la garde de harkis et non de soldats français parce qu'ils se méfiaient de leurs fonctionnaires.

M. le Rapporteur : Et l'exécution du colonel Petitjean, vous en avez entendu parler ?

M. Pierre LEMARCHAND : Ce n'était pas un ingénieur ?

M. Pierre BOURGUIGNON : Si, qui a été enlevé à Alger et dont la voiture, après son exécution par les barbouzes, a été retrouvée. Son numéro avait été relevé. Elle était utilisée par des gens du Rocher noir.

M. Pleure LEMARCHAND : Ce n'est pas possible. Si c'était vrai, le premier soin de ceux qui avaient pris la voiture aurait été d'en changer le numéro. Des cartes grises, nous n'en manquions pas. On piquait les voitures et on changeait les numéros.

M. Pierre BOURGUIGNON : A votre avis, est-ce que des gens du SAC ont été mêlés à la mise en cause de Mme Pompidou dans l'affaire Markovic ?

M. Pierre LEMARCHAND : Non. Je peux vous garantir que non. Le Général m'avait fait demander d'enquêter sur cette affaire. Elle a été montée de toutes pièces par M. Marcellin, contrairement à ce que les Français croient. Marcellin a cru que le Général voulait la perte de Pompidou et il a tout fait pour compromettre celui-ci.

M. le Président : Pourquoi alors, après son élection, Pompidou a-l-il gardé M. Marcellin ?

M. Pierre LEMARCHAND : Grâce à Mme Garaud. Voici ce qui s'est passé. Je le sais car quand on s'est aperçu que l'affaire était montée de toutes pièces, on m'a demandé de me renseigner et de faire quelque chose. Il se trouvait que le premier à avoir mis en cause Mme Pompidou était un certain Akow, emprisonné à Fresnes pour vol de voiture. Il avait pour avocat - c'était un hasard - mon ancien patron de stage Hug. dont un ami, Me Ceccaldi, n'aimait pas Pompidou et a cherché à utiliser contre lui Akow, probablement pour le compte de Giscard. Akow écrivit au juge d'instruction de Versailles pour lui dire qu'il avait des révélations à apporter dans l'affaire Markovic. On désigna pour l'entendre un officier de police judiciaire, Manceau, un gaulliste acharné que je connaissais, Akow lui raconta des histoires abominables sur Mme Pompidou. Manceau lui conseilla de prouver ce qu'il disait, car Pompidou était homme à lui faire payer des calomnies très cher. Manceau avait pris note des propos d'Akow, lequel, au moment de la rédaction du procès-verbal, affirma qu'il venait de mentir et se contenta d'une déclaration officielle anodine. Lorsqu'il rentra au SRPJ de la rue du faubourg Saint-Honoré, Manceau alla trouver son patron, qui était à l'époque Samson, pour lui raconter l'audition. Après quoi, il prit quelques jours de congé, car, vous le savez, les policiers ont toujours des jours à récupérer . . .

M. le Président : On connaît.

M. Pierre LEMARCHAND : A son retour, Manceau fut pris de panique : le tiroir de son bureau avait été forcé et les notes manuscrites qu'il avait prises pendant I 'interrogatoire d'Akow avaient disparu. Il se précipita chez son patron qui lui dit : "Ne vous affolez pas . C'est moi qui ai forcé votre tiroir : mon ministre voulait communication de ces notes manuscrites". Ainsi, celles-ci ont été transmises officiellement par la PJ au juge d'instruction, ce qui explique les remous autour de l'affaire Pompidou-Markovic, lequel Markovic a été tué peu avant le départ du Général. Pour ma part. j'avais exprimé la conviction que Mme Pompidou était totalement innocente et qu'on avait monté une cabale contre elle. Mon idée était d'autant plus fondée qu'entre-temps on avait identifié la personne qui avait été photographiée pendant la "partouze" : c'était la femme d'un haut fonctionnaire qui a reconnu spontanément avoir participé à cette partie, et qui ressemblait effectivement un peu à Mme Pompidou. Lorsque j'ai su la façon dont M. Marcellin avait agi, je me suis demandé quel jeu il jouait. Quant au Général, il avait compris ce qui s'était passé et était persuadé que les Pompidou n'avaient rien à voir dans cette affaire. L'instruction a suivi son cours, le Général a démissionné, Pompidou a été élu. A ce moment, Mme Garaud - je ne sais pourquoi - a pris fait et cause pour M. Marcellin et avec son intelligence diabolique. a persuadé tout le monde que les gaullistes qui, comme moi, s'étaient occupés de l'affaire Markovic avaient voulu démolir Pompidou. C'est pourquoi j'ai été, comme beaucoup de gaullistes, fâché avec Pompidou. Ce dernier ne comprenait cependant pas très bien, et il a demandé à M. Marcellin de faire reprendre l'enquête à zéro par N... Dans la journée. N.. a été remplacé par Chaix, qui auparavant faisait partie du cabinet de M. Marcellin : l'enquête n'a rien donné. Un an ou six mois après, l'affaire de I'ETEC éclatait.

M. le Président : Qu'attendez-vous pour écrire vos mémoires ?

M. Pierre LEMARCHAND : Vous êtes tenu au secret . Si je les écrivais maintenant, ça ferait de la publicité au parti socialiste. et je n'y tiens pas (Rires).

M. François LONCLE : Selon vous, M. Marcellin faisait du zèle au profit du Général ou il travaillait déjà pour Giscard d'Estaing ?

M. Pierre LEMARCHAND : Il travaillait pour Giscard d'Estaing. Vous savez qui était présent le jour de la fondation du parti des Républicains indépendants ? De Broglie, Giscard d'Estaing. Marcellin, d'Ornano et... Lascorz !

M. le Président : Lascorz ?

M. le Rapporteur : Et Ponia ?

M. Pierre LEMARCHAND : A l'époque il était dans l'ombre. A ce moment. il était beaucoup plus efficace que par la suite. Pour moi, Ponia était l'un des maîtres de I'OAS. Je hais ces gens-là, qui d'ailleurs me l'ont bien rendu. Savez-vous que j'ai été l'objet de trois contrôles fiscaux pendant le septennat de M . Gîscard ? Bien entendu, je ne dis tout cela que parce que la commission est tenue au secret. Je vous dis très nettement que si certains bruits filtraient. j'affirmerais naturellement qu'ils ne sont pas fondés.

M. Pierre BOURGUIGNON : Pourquoi avez-vous dit que l'affaire de I'ETEC avait été montée pour nuire à deux personnes, N. . . et vous ?

M. Pierre LEMARCHAND : Parce que N . . . me l'a dit . Il avait été prévenu par le Préfet de police de l'époque qui lui a indiqué que cette affaire avait été montée de toutes pièces contre lui et .moi.

M. Pierre BOURGUIGNON : Pourquoi N.. . a-l-il été visé au même titre que vous ?

M. Pierre LEMARCHAND : Parce qu'il était très au courant de l'affaire Markovic et qu'il fallait absolument le déconsidérer. M . Marcellin, qui a vécu longtemps avec la hantise de cette affaire, pensait que si Pompidou venait à savoir la vérité. c'en était fini de sa propre carrière. Lorsque M , Chirac a remplacé M . Marcellin , Pompidou avait enfin compris la vérité.

M. Pierre BOURGUIGNON : Pendant que vous luttiez contre I'OAS en Algérie, en France la lutte était mené par Ponchardier en liaison avec N. .. et Honoré Gévaudan. N. . . et vous-même avez eu des ennuis, alors que M. Gévaudan ne semble pas en avoir eu tellement . Pourquoi ?

M. Pierre LEMARCHAND : Il jouait un rôle différent du nôtre. N…faisait les enquêtes, cherchait les renseignements. M. Gévaudan arrêtait les gens et il pouvait toujours faire valoir que son rôle se bornait là. Il n'empêche qu'il a su faire preuve d'un très grand courage : il a failli se faire tuer plusieurs fois.

M. Pierre BOURGUIGNON : Ce qui a nui à N... et à vous. finalement, c'est votre soif de renseignement.

M. Pierre LEMARCHAND : Absolument. Le Général lui-même me trouvait trop curieux.

M. Alain VIVIEN : Pouvez-vous nous donnez quelques informations sur le MPC ? A l'origine c'était un mouvement politique, puis il est intervenu sur le terrain, parce qu'il y était obligé.

M. Pierre LEMARCHAND : C'était presque de la défense. Nous avons même eu une catastrophe : 42 personnes ont été tuées parce qu'on voulait absolument coller des affiches en Algérie. Or. comme il fallait faire imprimer ces affiches en France, cela prenait un temps fou.

M. Alain VIVIEN : C'était M. Dauer qui vous les imprimait ?

M. Pierre LEMARCHAND : Non, il nous a combattus.

M. le Rapporteur : C'est M . Debré qui vous a rappelé en France ?

M. Pierre LEMARCHAND : Nous avons arrêté toute activité deux mois avant l'indépendance, mais à la suite d'un fait et non d'un ordre. Voici comment. L'OAS avait interdit aux gens de la métropole et à l'armée de mettre le pied dans Bab el Oued ; or une autorité civile ou militaire - j'ai longtemps cru que c'était Fouchet mais il m'a affirmé le contraire - ayant décidé que cette interdiction était invraisemblable, ordonna qu'on envoie une patrouille d'un régiment de zouaves - le régiment employé par Massu précédemment pour ficher le FLN en l'air dans la Casbah - opération qu'il avait accomplie avec un plein succès. Cette autorité avait pensé qu'il était inconcevable que les pieds noirs tirent ; I'OAS a pourtant tiré lorsque cette patrouille remontait Bab el Oued . Il y a eu neuf morts. A partir de ce jour, toute l'armée française a basculé contre I'OAS, laquelle a été neutralisée en trois jours.

M. le Président : On a dit aussi que M. Bitterlin. . .

M. Pierre LEMARCHAND : Non . C'est bien avant. M. Bitterlin a été interdit d'Algérie parce que M . Debré le soupçonnait d'être gauchiste, pauvre Bitterlin. Ce qui est vrai, c'est qu'il est pro-arabe. C'est tout. En tout cas, à la fin de 1961 , M. Debré lui avait interdit d'aller en Algérie, alors que moi, j'y allais deux fois par semaine.

Mme Paulette NEVOUX ; Votre femme était à l'enterrement des victimes d'El Biar à Santeny.

M. Pierre LEMARCHAND : Oui. elle a même été photographiée.

Mme Paulette NEVOUX : A l'époque, M. d'Ormesson était bien député de la circonscription ?

M. Pierre LEMARCHAND : Je ne sais pas. Ce qui est sûr , c'est que l'idée de Santeny venait du ministère de l'Intérieur. On voulait enterrer convenablement ces gens morts en Algérie et j'avais pris contact avec la direction des affaires politiques du ministère de l'Intérieur, laquelle direction n'a pas trouvé mieux que Santeny. Pour ce qui est de la discrétion, mieux eût valu faire cela place de la République ! Voilà l'efficacité du ministère de l'Intérieur.

M. le Président : Vous paraissez être revenu de beaucoup de choses.

M. Pierre LEMARCHAND : Pas tellement. J'ai toujours les mêmes idées, la même philosophie.

M. le Président : On a un peu le sentiment tout de même que tous les courants politiques, voir vos propre amis vous ont accroché des casseroles.

M. Pierre LEMARCHAND : Non. pas mes amis. M. Marcellin n'était pas gaulliste. Du reste qu'était-il au juste ? Ne vous inquiétez pas. Je suis sûr que si votre gouvernement dure assez, M. Marcellin deviendra socialiste !

M. le Président : Il avait quand même convaincu Mme Garaud.

M. Pierre LEMARCHAND : Mme Garaud n'a jamais été gaulliste. Dans les dîners en ville elle tenait des propos très OAS.

M. le Président : Vous pensez que lorsque M. Chirac a remplacé M. Marcellin. Pompidou avait compris. Mais auparavant il devait vous en vouloir ?

M. Pierre LEMARCHAND : Pompidou était un paysan qui n'avait pas une très haute opinion des hommes. Il devait se dire : Lemarchand me fait payer mon manque de courage dans l'affaire Ben Barka. Il l'a dit d'ailleurs à un de mes amis.

M. le Président ; Quel manque de courage ?

M. Pierre LEMARCHAND : Il n'a pas voulu se compromettre. Autant le Général a fait tout ce qu'il a pu pour moi, autant.... Je vais vous raconter une anecdote. Au lendemain de ma sanction disciplinaire, je reçois un carton de l'Elysée. Je téléphone pour m'assurer qu'il ne s'agit pas d'une erreur car je ne voulais pas faire de tort au Général. Le secrétariat m'apprend alors que c'est lui, le Général lui-même, qui m'avait remis sur la liste des invités, alors que j'en avais été rayé. Je me suis donc rendu à cette invitation, pas très flambant, et le Général a été charmant avec moi. Trois semaines après. je reçois un carton de Pompidou m'invitant à Matignon, puis, une heure après, un coup de téléphone où l'on me conseille de ne pas m'y rendre. Voilà la différence entre les deux hommes ! (sourires)

M. le Président : Vous aviez été radié à vie. N'est-il pas étonnant que le Conseil de l'Ordre ait pris une telle décision ?

M. Pierre LEMARCHAND : Il y avait dans ce Conseil, Tixier-vignancour, sa collaboratrice Mme Boucher, les bâtonniers Poignard, qui a défendu Zeller, et Toulouse qui avait défendu Challe. Cela dit, je n'ai jamais compris qu'il m'ait sanctionné à propos de l'affaire Ben Barka, mais ne l'a jamais fait pour les événements d'Algérie. Les confrères tout au moins à Paris, détestaient le Général.

M. le Président : Pourquoi ?

M. Pierre LEMARCHAND : Les avocats sont un peu anarchistes. vous savez.

M. le Président : Que pensez-vous finalement du SAC ? Selon vous, à quoi a-t-il servi ?

M. Pierre LEMARCHAND : Je pense qu'il n'a servi à rien. Je suis persuadé que la légende du SAC s'est créée par la faute de certains officiers de police qui ont protégé des hommes qui avaient adhéré à cette association pour faire des bêtises, dans le but d'avancer plus vite dans leur carrière. Sans ces policiers, le SAC aurait gardé sa virginité. Je suis convaincu que le SAC, qui n'a plus maintenant aucun appui dans la police, reprendra ses fonctions normales de mouvement militant de droite. Le SAC n'a plus grand'chose à voir avec le RPR. Ce n'est pas non plus un mouvement d'extrême-droite. Le SAC est à l'image même de Debizet , lequel est un honnête homme. Bien que je ne lui adresse plus la parole. je crois qu'il faut rendre justice même à ses pires adversaires. Tant qu 'il y a eu une autorité incontestée dans les milieux gaullistes, c'est-à-dire du temps du Général , il n ' y a pas eu tellement d'affaires du SAC. Celles-ci ont commencé avec le Président Pompidou. Celui-ci avait des complexes à l 'égard des gaullistes parce qu'il n 'avait pas fait de résistance. Il a donc tout laissé faire.

M. le Président : Avez-vous des preuves des liens qui ont pu exister entre la police et le SAC ? Avez-vous un exemple précis ou une anecdote ?

M. Pierre LEMARCHAND : Oui, mais je ne peux pas vous la dire. Il s'agissait simplement d'un de mes confrères du Midi, responsable du SAC, qui avait eu des ennuis et avait même été arrêté pour une affaire d'escroquerie. Un inspecteur de la Police judiciaire m'a alors téléphoné pour me dire que ce confrère m'avait choisi pour le défendre et qu'il serait très heureux de coopérer avec moi pour le "sortir" de là. J'ai trouvé cela curieux car je ne le connaissais pas. Mon sentiment profond est que votre commission a finalement aidé le SAC qui, selon moi, aurait sans elle disparu. Je ne dis pas que les membres de la commission ont été partiaux ou se sont mal conduits, mais je pense que la seule création de cette commission d'enquête a incité des jeunes attirés par le militantisme de droite, à adhérer au SAC. Ne vous trompez pas. Soyez sûr que si le ministre de l'Intérieur dissout un jour le SAC, une autre organisation trois fois plus forte se créera.

M. le Président : Je crois que cela est déjà en train de se produire. Loin d'avoir servi de repoussoir, l'affaire d'Auriol a, paraît-il fait affluer les demandes d'adhésions.

M. Pierre LEMARCHAND : J'allais vous le dire. Les gaullistes ont longtemps lutté contre les mouvements d'extrême droite. Chaque fois que l'un d'entre eux était dissous, le nombre de ses adhérents quadruplait. C'est le prestige que l'on donne à des gens pourchassés. Le même phénomène se produit dans les affaires de droit commun. Lorsque j'étais jeune avocat, la brigade criminelle arrêtait les gangsters en pyjama et mal rasés. Ils étaient ridicules. Aujourd'hui on tire des coups de feu pour arrêter Mesrine. On en fait un héros. Plus vous parlerez du SAC, plus vous en ferez une organisation puissante et extrémiste, et vous n'aurez pas l'autorité morale du Général pour éviter qu'elle ne devienne une organisation fasciste.

M. le Président : Ayant entendu presque tous les responsables de la police au plus haut niveau, nous avons été surpris de constater que les trois quarts d'entre eux prétendaient n'avoir jamais entendu parler du SAC.

M. Pierre LEMARCHAND : Ce sont des fonctionnaires (sourires). Je ne devrais pas dire cela. Ils n'ont pas une totale indépendance, alors qu'un avocat peut dire ce qu'il veut. Du reste, il ne faut rien exagérer : la police n'a pas systématiquement protégé le SAC. Beaucoup de fausses informations ont été répandues à ce sujet. Prenez le cas du gangster lyonnais Vidal. Il a raconté aux Assises qu'il avait mis des micros dans les congrée socialistes, qu'il était militant du SAC - ce qui est faux - et qu'il avait été en Algérie au MPC. Il avait seize ans à l'époque ! Mais certaines gens croient cela lorsqu'ils le lisent dans "Minute".

M. Pierre BOURGUIGNON : Selon vous. Augé est-il allé en Algérie ?

M. Pierre LEMARCHAND : Non, il n'a jamais mis les pieds en Algie, mais je crois qu'il a eu des contacts avec des mouvements anti-OAS de métropole. Je sais, par exemple, qu'un renseignement concernant l'attitude de certains socialistes d'alors venait d'Augé.

M. le président : Lors de son procès, en 1965, un responsable du SDECE est venu témoigner à sa décharge et en a convenu.

M. Pierre LEMARCHAND : Le SDECE était beaucoup plus OAS que gaulliste. Il est pratiquement établi que nos 39 ou 40 tués l'ont été par ce service. On a même établi pratiquement le nom de l'officier, On a également eu la preuve formelle qu'un ministre donnait des renseignements sur les déplacements du général de Gaulle. On pense même que le premier attentat qui fut commis contre lui a été rendu possible par ces indiscrétions. Averti de ce fait par M. Frey, le Général a dit : "C'est un bon comptable, on le garde. Pour les choses sérieuses, on en parle entre nous." Le Général était parfois un homme curieux. Vous savez, il aimait même les communistes ! (Rires).

M. le Président : C'est sur cette apothéose que nous terminons cette audition.

M. le Rapporteur : Tout le malheur que je vous souhaite, Monsieur Lemarchand, est de ne point mourir de votre haine anti-communiste viscérale.

M. Pierre LEMARCHAND : Alors que j'avais été irrité par la Gestapo pendant la guerre, 35 membres des FTP se sont fait tuer en essayant de me libérer. Et si je refoule les communistes, ce n'est pas pour cela que je ne les estime pas.

M. le Président : Je vous remercie beaucoup .

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G.I. - D’abord, LEMARCHAND, est un pauvre mec qui s’est fait rouler par De Gaulle comme tout le monde. Mais, roulé dans la farine ou pas, il s’est rendu coupable de CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ avec circonstances aggravantes du fait d’être employé par le gouvernement de l’époque donc fonctionnaire d’État qu’on le veuille ou pas.

Il prétend être un fidèle de De Gaulle et le suit aveuglement. IL TUE ET FAIT TUER des FRANÇAIS sur ordre de De Gaulle ET CELUI-CI, DE SON COTÉ TRAITE SECRÈTEMENT avec les assassins du FLN.

De ce fait De Gaulle trahi la France et son PEUPLE et sous le couvert de sa haute fonction laisse MASSACRER DES MILLIERS ET DES MILLIERS DE FRANÇAIS FIDELES A LA PAROLE DONNÉE PAR LA FRANCE, SANS LEVER LE PETIT DOIGT.

IL A SOUS SES ORDRES UNE ARMÉE DE 500.000 HOMMES VICTORIEUSE SUR LE TERRAIN A QUI IL DONNE FROIDEMENT L’ORDRE DE RESTER L’ARME AU PIED.

COMMENT LES FRANÇAIS PEUVENT ILS ENCORE HONORER UN TEL HOMME ?

En conclusion si De Gaulle est un traite vis à vis de sa Patrie, LEMARCHAND est un traite également puisqu’il se battait pour son patron et non pour la France.

Les barbouzes ayant agit sur ordre d’un traite à la Mère Patrie, tombent sous les inculpations de Haute Trahison , meurtres et Crimes contre l’Humanité et j’en passe.

Ces affreux se sont battus au même titre que des SS, contre des Français, qu’ils n’ont pas hésité, à torturer, jusqu’à ce que mort s’en suive. ; à éliminer froidement leurs victimes de balles dans la tête, à enterrer les victimes sur les lieux mêmes de leurs forfaits.

Les documents dont les extraits sont à votre disposition dans le Forum « LA BANDE A CHARLOT » première et deuxième partie, restent donc des pièces à convictions irréfutables.

Tous ces criminels, chefs de bandes, gangsters, assassins, y compris De Gaulle, se sont mis plein les poches avec des salaires mirobolants.

Nous avons fait une petite évaluation de la façon suivante :

De Gaulle…Son salaire de l’Armée, de président de la République, salaire a vie + retombées des rackets depuis 1947 et investissements frauduleux, trafiques en tous genres comme vous pouvez le constater toujours dans « LA BANDE A CHARLOT »

FOCCART - FREY - PONCHARDIER - LEMARCHAND, PASQUA ET LES AUTRES, qui, en plus des salaires d’Etat, se livraient aux trafics en tous genres comme cités ci-dessus.

http://www.algerie-francaise.org/enquete/charlot/

Et là où les FRANÇAIS DEVRAIENT DEMANDER DES COMPTES c’est les masses énormes de sommes provenant des « FONDS SECRETS » ayant servi à l’insu du PEUPLE à enrichir ces bandits. Et nous devons fermer notre gueule !

CECI DIT Pierre LEMARCHAND MENT : des extraits relevés dans B comme BARBOUZES de Patrice CHAIROFF le prouvent. En voici quelques-uns.

………

-Ceux qui savent si bien se rendre indispensables pour animer les réseaux mis en place : Michel Debré, André Fanton, Jacques Foccart, Dominique Ponchardier, Me Pierre Lemarchand et consorts.

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- Pour obtenir gain de cause, ce groupe de pression, avec Michel Debré, Roger Frey, Jacques Foccart et Alexandre Sanguinetti à sa tête, va répandre dans les sphères du pouvoir la thèse suivant laquelle la France est gangrenée à tous les niveaux, et qu'il convient de trancher dans le vif .

D'où les demandes accrues de fonds pour financer frais de mission, voyages, stages, achats d'immeubles, véhicules, et, but suprême, un journal quotidien plus crédible que La Nation.

Profitant de ses contacts, il centralise les informations sur les militants gauchistes, et effectue par la même occasion le fichage des éléments d'extrême droite. Il est vrai que Lecavelier a été recruté à la même époque par les services de Foccart; ce qui explique cette frénésie de fichage.

Il fait suivre les renseignements à l'inévitable Me Lemarchand.

……………….

- Gérard Kappé fait donc les frais de l'opération, il est limogé. Du moins officiellement, car l'affaire Lascorz démontre que les cadres du S.A.C. préparent toujours très soigneusement leur sortie avec des dossiers.

Reprenant toutes les informations publiées dans Libération et déjà fournies à la police, il s'étonnait du silence du ministre de l'Intérieur alors Jacques Chirac et le sommait de s'expliquer.

Ce fut peine perdue.

………………….

Il n'est pas rare de trouver, quai de la Loire ou à Livry, des officiers de police, des truands, des barbouzes, voire des personnalités politiques comme Jacques Chaban-Delmas, Gabriel Kaspereit ou d'autres élus U.D.R côte à côte en train de mitrailler des cibles de tir instinctif.

S'y rencontrent également d'anciens gorilles de De Gaulle comme Tessier, le patron de "La Rose des Sables", Me Pierre Lemarchand et ses amis. Dimitri Petropoulos, Claude Uzan, Marc Bittan, Charly Lascorz, l'inévitable commissaire Jean Caille et bien d'autres moins importants.

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Les gars de Foccart ne faisaient pas de cadeaux…En juin, juillet et août 1962, il faut une fois de plus renouveler les équipes et Jean-Baptiste Natali procédera à une sélection original, initiative prise d’ailleurs avec la bénédiction de Me. Pierre Lemarchand et de Dominique Ponchardier……

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Jean-Luc Campredon précise dans son témoignage du 16 mars 1962 : en racontant les suites de l’enlèvement d’Argoud« l’opération elle même s’est déroulée dans les meilleures conditions mais les suites ont été pénibles….Peu après un accrochage sévère avec Me Lemarchand pour des problèmes financiers, Didier Aldini s’est tué dans un accident de voiture très bizarre en 1964, Jean-Jacques Bistoni a disparu sans laisser de traces, les autres ont eu des emmerdements après l’affaire ben Barka…Quant à moi, j’en ai eu marre et lorsqu’on m’a cherché des ennuis pour un prétendu détournement de fonds, j’ai préféré décrocher ».

Un an après cet entretien, Jean-luc Campredon était abattu à Istanbul de deux balles dans la tête. Les assassins qui d’après les témoins, étaient au nombre de deux ne furent jamais identifies.

…………………

Une initiative heureuse est à porter au crédit de Michel Poniatowski. Dès son accession au poste de ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, Poniatowski a dissous le groupe Harstricht et ventilé ses éléments dans différents commissariats en les éliminant de l'action politique. On peut pourtant craindre qu'une telle mesure soit insuffisante, surtout lorsque l'on constate que Louis Verger est Directeur général de la Police Nationale. Or, Louis Verger et son adjoint Vieillescazes étaient à Alger, en 1961/1962, aux côtés du délégué général Jean Morin, les hommes chargés de faciliter le travail des barbouzes de Lemarchand, Sanguinetti et Bitterlin. Des références donc très voyantes.

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Sur un coup de téléphone de Paris. le 4 janvier 1972, Gil Vicente, de la Direction générale de la Sécurité, intervient et fait incarcérer Charly Lascorz à la prison de Carabanchel dans la banlieue sud de Madrid.

Le 23 janvier 1972, jusqu'au 28 mars 1972, soit pendant plus de deux mois, Me Pierre Lemarchand négocie avec Lascorz par l'intermédiaire de son confrère et homologue madrilène, Maître Mazon. Une effarante négociation, car Paris redoute une extradition de Lascorz, inéluctable une fois la Justice mis en branle par les services de police économiques parisiens.

Ce n'est que lorsque Paris sera assuré, donnant-donnant, du silence de Lascorz, que la centrale du boulevard de Magenta accordera le feu vert et Gil Vicente, de la D.G.S.

Le lendemain, Lascorz arrive â Orly sous bonne garde.

………………….

A Paris, en octobre 1961, dans le cabinet de Maître Lemarchand, se tient une réunion discrète : outre l'avocat y participaient Roger Frey, Alexandre Sanguinetti, Luc Bitterlin, Fred Simon et d'autres personnages de moindre envergure. But de la réunion : définir et met tre en Oeuvre, en Algérie une action susceptible de contrecarrer celle de I'O.A.S. Il s'agissait en fait de s'opposer par les armes au terrorisme des commandos Delta ou Z de Roger Degueldre et de Jean-Jacques Susini.

Alexandre Sanguinetti, chargé de mission auprès ministre de l'Intérieur Roger Frey, est partisan d'utiliser d'emblée les méthodes les plus directes.

……………………

Dans le cadre de la lutte contre l’OAS, Jacques Dauer fut habilement manœuvre par Sanguinetti, Frey, Lemarchand et par un de ses principaux militants, Lucien Bitterlin.

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Afin de recruter des troupes fraîches, Bitterlin et Goulay regagnent Paris à quelques jours d'intervalle.

Le 6 novembre 1961, ils rencontrent Pierre Lemarchand dans son cabinet au quatrième étage d'un immeuble de la rue François-Miron, dans le quartier du Marais, à Paris. La réunion est longue mais fertile: Pierre Lemarchand s'engage à "trouver des hommes" pour les commandos contre-terroristes. C'est sa femme qui est chargée de régler les problèmes de transport, de pièces d'identité et d'indemnités.

L'essentiel étant fait, lés deux hommes retournent à Alger.

……………..

Le 20 novembre, les barbouzes inaugurent la technique du contre-plasticage. L'idée était simple, mais elle se révèlera très efficace à l'usage : faire sauter les hauts lieux de l'activisme algérois, les cafés, bars, restaurants, magasins, bureaux, réputés comme fiefs de I'O.A.S. qui lui payaient impôt contre sa protection.

Devant les rideaux de fer tordus et les vitres pulvérisées, les patrons des établissements détruits s'en prenaient à l'OAS qu'ils soutenaient financièrement et qui n'assurait pas la sécurité. "Le Coq Hardi", "La Brasserie de Joinville", "Le Petit Bonheur", "L'Otomatic", "Le Tantonville","Le Viaduc" et "Le Cheval Blanc" sautèrent en une seule nuit (celle du 20 au 21 novembre 1961). Encouragés par ces succès, Jacques Dauer et Pierre Lemarchand firent venir de nouveaux volontaires. A Orléansville, deux chefs de secteur, assistés de huit responsables et de vingt-huit militants, quadrillaient la ville. Leur groupe de choc était composé de six baroudeurs triés sur le volet.

De son côté, Jean Morin débloque soixante autres millions, une trentaine de véhicules (en majorité des Peugeot 403, 404 et des fourgonnettes) et un stock de faux passeports, cartes d'identité et permis de conduire. Pistolets, revolvers, mitraillettes, grenades et plastic sont fournis par la Sécurité Militaire ainsi que les permis de port d’armes.

Fin novembre 1961, I'O.A.S. - sous l'impulsion de Jean-Jacques Susini - avait parfaitement compris que le M.P.C. et ses barbouzes représentaient une arme mortelle que Roger Frey utiliserait au maximum. La contre-attaque commença, comme toujours, au niveau du renseignement.

Pour faire face à cette nouvelle menace, le chef du M.P.C. se rendit à Paris, accompagné d'André Goulay, pour rencontrer Dominique Ponchardier, et Me Lemarchand.

…………..

On convint que Lemarchand servirait d'intermédiaire entre Ponchardier et Bitterlin.

Par téléphone ou par télégramme, Madame Lemarchand annoncerait l'arrivée des recrues, baptisées pour la circonstance "colis".

En quittant Dominique Ponchardier, Goulay, Bitterlin et Lemarchand rendirent visite à Jacques Dauer, le très officiel Président du M.P.C., et â Raymond Schmittlein alors Président du groupe U.N.R. à l'Assemblée Nationale.

Quinze jours plus tard, Madame Lemarchand expédiait à Alger neuf « colis », quatre Européens et quatre Vietnamiens placés sous l’autorité d’un judoka de renom Jim Alcheik.

……….

Sur ces entrefaits, une nouvelle recrue arrivait à Alger, Jacques Andrei. Il est l’époux de la secrétaire à Ponchardier. Ce dernier le présente à Lemarchand qui l’expédie rejoindre ses barbouzes à la veille de Noël !

Argent et armes affluent en Algérie : futur assassin du commissaire Gallibert et agent du SDEC ; Francois Marcantoni, truand notoire, futur agent électoral et garde du corps d’Alexandre Sanguinetti, inculpé dans l’affaire Markovic ; Ange Simonpieri, qui deviendra célèbre dans plusieurs affaires de drogue ; Marcel Francisci, future conseiller général UDR, baptisé par les américains « Monsieur Héroïne » ; Dominique Venturi, dit « nick », trafiquant de drogue de haute volée.

Glaise un des secrétaires fédéraux du syndicat Force Ouvrière FO. Il adressa un de ses amis à Pierre Lemarchand qui expédia immédiatement ce nouveau « colis » à Lucien Bitterlin : Marcel Hongrois, dit Le Chibani, officier des SAS.

……………

Le 27 janvier 1962 , Pierre Lecerf et son équipe de vietnamiens enlève un ancien para, Henri Vinent, et le conduise à la villa d’El Biar, ou il est immédiatement descendu à la cave, pour un traitement sévère, qu’il raconte lui-même :

«Arrêté le 27 janvier 1962 vers 20h30, j’ai été emmené à El Biar par les barbouzes (Lemarchand). Ils m’ont descendu au fond d’une cave et m’ont d’abord frappé sans me poser des questions pendant plusieurs minutes. A la suite des coups et des étranglements subis, je me suis évanoui. Ils m’ont réveillé à l’électricité. Ils m ‘ont déclaré qu’ils savaient que je participais aux émissions pirates, et que j’étais depuis deux jours sous leur surveillance. Ils m’ont à nouveau torturé, puis menacé un couteau sous la paupière, de m’arracher un œil si je ne parlais pas….Alcheik dirigeait les interrogatoires…on m’a attaché par des menottes à un radiateur de chauffage central et j’ai subi d’autres tortures physiques et morales…Alcheik m’a déclaré :

« Nous pouvons vous tuer, personne ne nous en demandera compte. Nous dépendons directement de la Présidence du Conseil »…

J’ai été délivré par l’explosion…(voir « Les barbouzes »). Le grand patron est arrivé c’était LEMARCHAND, c’est lui qui décida le repli vers le Rocher Noir… »

Remis à la Police légale il fut examiné par les médecins Henri de Jolinière et Maurice Bourhy qui constatèrent et certifièrent les tortures subies.

Plainte fut déposée à Alger le 2 février 1962, puis à Paris à la prison de la Santé.

ELLE N’ABOUTIRENT JAMAIS.

Le chef des tortionnaires est un vietnamien, répondant au nom de sung-sung. Il porte une carte de la Sûreté Nationale numéro 804.

Les tortionnaires utilisent la « chaise électrique » Il s’agit d’un fauteuil d’un style curieux. Le cadre de bois est en place, mais le dossier et le siège sont remplacés par deux ressors à boudin et un treillis métallique. On déshabille le patient et on l’attache, bien calé sur le dossier. Il ne reste plus qu’a brancher ensuite le courant entre le siège et le dossier et à régler la tension : 110volts, puis 220, si le sujet résiste, 500. Les ressorts du siège et du dossier rougissent et le malheureux rôtit lentement.

LEMARCHAND ASSISTAIT SOUVENT A SES SCÈNES DE TORTURES ET LA PLUPART DU TEMPS DECIDAIT D’ACHEVER LES MALHEUREUSES VICTIMES DONT CERTAINES ONT ETE ENTERRÉES DANS LA COUR MEME DE LA VILLA.

Le responsable des émissions pirates Tislenkoff, est finalement arrêté.

Alexandre Tislenkoff , technicien radio des émissions pirates est à son tour kidnappé. Il est torturé vingt quatre heures durant. Malgré ces traitements inhumains, TISLENKOFF résiste à ses bourreaux durant vingt-quatre heures. On lui arrache les ongles, puis un œil.. Il a été sauvé après l'explosion de la villa Andrea.
Il est décédé en France d'un arret cardiaque bien des années plus tard.
La plainte déposée contre Pierre lemarchand par Tislenkoff, le 17 février 1966 n'aboutit pas plus même si une enquête fut ordonnée.
Il a écrit en 1966 un livre intitulé "j'accuse Lemarchand' qui n'a jamais reçu l'autorisation de publication.

C’est ensuite le tour de M. Quidet, le propriétaire du studio de Tislenkoff. Allongé sur le sol, la tête recouverte d’une cagoule maculée de sang, un « spécialiste » vietnamien le travaille au corps par des prises extrêmement douloureuses tandis que Suzuki lui brûle la plante des pieds. M. Quidet ne dit rien parce qu’il n’a rien à dire : il ne sait rien. A ses protestations d’innocence, une des barbouzes à Lemarchand lui répond :

« Ici, j’ai tous les droits. Nous dépendons directement et personnellement de la Présidence du Conseil. Nous nous foutons éperdument de la police légale ! De toute façon, elle est incapable de faire son boulot ! et l’on nous a chargés de la suppléer plus efficacement… »(J’accuse Lemarchand).

Puis c’est Jacques GOSSELIN chef de chantier à l’U.A.T.P. (Union Algérienne des Travaux Publics) qui est arrêté le 29 janvier 1962 vers 8h et traîné à la villa. On le jette au sous-sol, et le visage recouvert d’une cagoule, le passage à tabac commence. Comme il nie son appartenance à l’OAS, on l’attache sur le fauteuil et on l’asperge avec le contenu d’un seau d’eau. Au moment où le courant commence à passer, une explosion terrible retentit : la villa saute.

G.I. - Pour ceux qui douteraient de ces révélations, je peux vous mettre en contact avec cette victime toujours vivante et surprise d’avoir survécue aux lâches agissements de LEMARCHAND ET SA BANDE DE GANGSTERS. Sans oublier sa complice de femme.

…………….

Quelques jours plus tôt, MADAME LEMARCHAND, toujours très active, expédiait à ses hommes d’Alger deux caisses, totalisant 722 kgs et contenant une machine offset d’imprimerie et ses accessoires. L’envoi était assuré pour une valeur de 30.000 francs et libellé au nom de Jim Alssus, c’est à dire le pseudonyme de Jim Alcheik.

Pour la suite voir la rubrique « les barbouzes » tout y est.

Après ce nettoyage d’ordures le grand patron arrive de Paris accompagné de ses adjoints. Il décide le repli des ses barbouzes sur le Rocher Noir .

Malgré une dernière tentative, pour achever son prochain roman, Ponchardier doit battre en retraite.

Le 7 mars, ROGER FREY donne l’ordre à Jean Morin, Délégué Général, de rapatrier en métropole les survivants.

La sanglante épopée des barbouzes prenait fin en Algérie. L’opération aura coûté la bagatelle d’un milliard et demi d’anciens francs.

Les Français ne se doutaient pas que cette somme pouvait provenir des fameux « FONDS SECRETS » dont ont parle tellement en ce moment.

Concernant la lutte anti O.A.S. Le " commandant “Azzedine " chef de la zone autonome d'Alger, a déclaré dans son livre " On nous appelait fellaghas ", qu'il était en liaison permanente avec la fameuse " mission C " du capitaine La coste, et qu'il avait été reçu par le préfet Vitalis-Cros pour coordonner leurs activités contre l'O.A.S.

Preuve de plus de la collusion FLN / Etat français.

Les barbouzes allaient renaître de leur cendre grâce à FOCCART et aux fonds secrets qui allaient lui permettre de développer sa fortune et celles de ses patrons en exploitant les pays devenus indépendants et des cibles toutes indiquées aux agissements des ordures nées du gaullisme. Voir le chapitre 14 en autres et les pages 361 et suivantes du livre de Patrice CHAIRKOFF - B - comme barbouzes AM Editions Paris.

Lorsque vous lisez le nom de « FOCCART » sachez que Me.Lemarchand n’est pas loin.

Par exemple : « LES SERVICES DE JACQUES FOCCART, TOUJOURS A L’AFFUT D’ARGENT, EN LIQUIDE ET ANONYME, PARTICIPENT LARGEMENT AU TRAFIC D’OR ENTRE LA SUISSE ET L’INDE VIA LE GOLF PERSXIQUE. »

Alors LEMARCHAND peut déclarer ce qu’il veut à ses juges, seuls les imbéciles ou les gaullistes le croiront.

F I N



 
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