Page Précédente
 
Translate
 
Menu des Plaintes
Cimetière
Forums
 
De Gaulle
 
   

Les agissements de Foccart sous les ordres de De Gaulle - Partie 3 -


Extrait du livre LAMIA – des éditions de l’HOMME, de THYRAUD de
VOSJOLI Philippe
, agent du SDECE.


Avant de quitter l'hôtel Matignon, je me rendis dans le bureau d'un certain Jacques Foccart, qui avait téléphoné à plusieurs de mes amis pour leur dire qu'il désirait me voir.

Je ne le connaissais pas plus que Pompidou. On m'avait seulement dit qu'il avait appartenu au Service «Action» du SDECE et que de Gaulle l'avait présentement chargé des problèmes de Renseignements. Son bureau se trouvait au rez-de-chaussée, à gauche de l'entrée, et donnait sur les jardins.
A chaque coin de la pièce, il y avait un bureau occupé par un jeune homme affairé.

Le bureau de Jacques Foccart était différent des autres, en ce sens qu'à sa droite il y avait, comme dans un poste de police, un impressionnant standard téléphonique. De temps en temps, une lumière s'allumait et, soulevant le récepteur, Foccart écoutait silencieusement tout en prenant des notes. J'avais la désagréable impression qu'il écoutait purement et simplement des conversations qui ne lui étaient pas destinées.

Contrairement à Pompidou, il était rude et se comportait comme un sous-officier rengagé.
Il ne paraissait s'intéresser qu'à une seule chose: la façon dont travaillait la CIA, et il me posa d'innombrables questions à ce sujet. Il me dit que de Gaulle l'avait chargé de réorganiser le SDECE et il me pria de préparer pour lui un diagramme montrant l'organisation du Service américain de Renseignements. Insistant sur l'urgence, il me demanda de lui fournir cette information dans les quarante-huit heures.

Deux jours plus tard, je lui remis un rapport hâtivement écrit sur la conception américaine du Renseignement. Il le parcourut rapidement et se déclara surpris de ce qu'aucun service du genre d’ « action » n’y figurait.

«Mais comment les Américains se débarrassent-ils des gens? » me demanda-t-il.
Je lui répondis qu'à ma connaissance, l'assassinat n'était pas une pratique courante aux Etats-Unis.
Il me regarda étonné, et me demanda mon adresse personnelle afin de pouvoir prendre contact directement avec moi sans passer par les voies officielles.

Puis, revenant sur le même sujet, il insista: «Mais il doit y avoir une section spéciale chargée d'éliminer certains individus. Essayez de le savoir et
d'avoir des détails. Je voudrais savoir aussi s'il y a un moyen d'entrer en contact avec la mafia.

Les services de quelques tueurs peuvent être utiles, parfois. »

Je n'ai jamais revu Jacques Foccart, ni ne lui ai écrit. J'avais compris que, pour ceux qui étaient au pouvoir, le Renseignement avait été relégué à l'arrière-plan.

L'ère de l'assassinat politique avait, maintenant, commencé.

Les prochaines pages sont confidentielles et réservées à la Justice comme
pièces à conviction d’une importance capitale. dans la culpabilité de Charlot
et sa bande d’assassins.

A partir de cette date les assassinats et les suicidés vont faire légions.

L'ordre de « liquider» un individu venait soit du Premier minister, soit d'un membre de son cabinet.
L'entourage direct de de Gaulle s'intéressait peu aux actions militaires visant à gagner la guerre en Algérie, mais exigeait d'être tenu au courant des opérations spéciales.

Les décisions du Premier ministre Michel Debré étaient communiquées à « Action », qui avait la responsabilité complète des opérations.

Les tueurs utilisaient non seulement des mitraillettes ou des couteaux, mais aussi des méthodes plus compliquées qui avaient été mises au point. Des fusils au bioxyde de carbone lançant de petites seringues avaient été achetés aux Etats-Unis, où ils étaient utilisés pour capturer des animaux vivants; mais les gens du SDECE substituaient un poison mortel au tranquillisant. La victime présentait tous les symptômes d'une crise cardiaque. Cette méthode presque parfaite n'offrait qu'un seul inconvénient: il fallait un complice sur le lieu de l'accident - prétendant porter secours à la victime, mais s'occupant, en fait, d'enlever la pièce à conviction,
c'est-à-dire la seringue et son aiguille. Au début, on essaya divers poisons qui donnèrent des résultats plus ou moins satisfaisants; mais, par la suite, « Action » fournit un produit qui ne laissait aucune trace dans le corps
de la victime.

On avait également perfectionné des bombes magnétiques destinées à des usages bien précis.

Un engin destiné à détruire une automobile différait d'une bombe à planter dans un avion, et l'on fit des études pour déterminer l'endroit exact où l'explosif produirait le maximum d'effets.

On détermina les meilleures méthodes pour saboter un avion ou une automobile de manière qu'il fût impossible de découvrir la cause réelle de l'« accident ».(par exemple l’avion du Général Leclerc ?)

« Action » groupait des officiers de carrière, des officiers de réserve et des sous-officiers.

Une unité était stationnée à Toulouse, l'autre à Perpignan. Les membres étaient entraînés au combat corps à corps, mais, sauf de rares exceptions, l'idée de tuer un homme non armé leur répugnait. Pour éviter des difficultés, « Action » entreprit de recruter des volontaires pour ce travail spécial parmi les Français d'Afrique du Nord dont les familles avaient été maltraitées ou
torturées par les Arabes.

Mais l'expérience démontra que ces hommes étaient trop émotifs. Aussi, «Action» dut se résoudre à engager pour ces opérations spéciales des repris de justice, des proxénètes ou d'anciens membres des forces de police du Maroc et de Tunisie que l'indépendance de ces deux pays avait réduits au chômage. Ces hommes subissaient un entraînement complet en Afrique du Nord ou dans certains endroits isolés en France. Ils étaient bien payés et assurés d'une certaine immunité. Il est difficile de donner le nombre exact des gens exécutés par la Main Rouge.

En Allemagne, en Belgique et en Suisse, beaucoup de ces meurtres furent classés comme « morts naturelles.

Seuls les assassinats auxquels on voulait donner valeur d’exemple étaient arrangés de manière à impliquer la Main-Rouge et recevaient ainsi un maximum de publicité. C’était le cas lorsqu’il s’agissait de trafiquants d’armes.

Aux Etats-Unis, l'«Association Nationale pour le Soutien de l'Action du général de Gaulle» éprouvait, donc, des difficultés à recruter des membres. Mais il en allait tout autrement en France. Appartenir à l'association signifiait des promotions rapides dans l'administration, ou l'obtention de contrats du gouvernement. Les jeunes gens désireux de soutenir de Gaulle en
retiraient non seulement des avantages matériels, mais ils trouvaient là une occasion de dépenser leur excès d'énergie. Les mieux qualifiés étaient invités à suivre l'entraînement spécial «Action» du SDECE, qui comprenait des sauts en parachute, la manipulation d'explosifs et leur utilisation pour des sabotages, et enfin les méthodes à appliquer pour se débarrasser d'un adversaire. En d'autres termes, ces jeunes gens devenaient des guérilleros expérimentés ou de parfaits gangsters. On les organisait alors en unités prêtes à maintenir de Gaulle au pouvoir, en recourant, s'il le fallait à l'action armée clandestine. Ces unités portaient différents noms, le plus
connu étant le SAC ou Service pour l'Action Civique. Jacques Foccart, qui avait suivi l'entraînement « Action », dirigeait par personnes interposées ces équipes de Gaullistes fanatiques. Il connaissait les plans de de Gaulle pour l'avenir de l'Algérie, et il savait qu'un jour ou l'autre il deviendrait nécessaire de faire appel à ces groupes Foccart était au service de de Gaulle, en qualité de secrétaire général
pour la Communauté, un poste créé spécialement pour lui. La Communauté Française groupait toutes les anciennes colonies françaises d'Afrique auxquelles de Gaulle avait accordé l'indépendance en 1958.

Pour tenir étroitement à l’œil ces gouvernements des pays nouvellement indépendants, Foccart avait eu l'idée simple, mais habile, de convaincre les nouveaux chefs d'Etat de la nécessité d'avoir leur propre Service de Renseignements pour surveiller les activités de leurs adversaires politiques.

La France fournissait les fonds et le matériel nécessaires. Naturellement, il fallait aussi des spécialistes du Renseignement, pour donner directives et avis aux nouveaux Présidents. Des amis de Foccart furent alors placés, à un titre ou un autre, auprès de chaque chef d'Etat africain pour le conseiller en
matière de renseignement et rapporter fidèlement à l'Elysée ce qui se passait. Ce plan était ingénieux et particulièrement avantageux, et, chose rare,il fonctionne encore maintenant.

Foccart avait donc la haute main sur un réseau de Renseignements en Afrique et sur des groupes organisés de Gaullistes fanatiques. De plus, faisant la liaison entre le général de Gaulle et le SDECE, il exerçait virtuellement la direction de celui-ci.

En 1960, plusieurs territoires africains causèrent du souci au gouvernement français.

La Guinée, sous l'autorité de Sékou Touré, avait refusé d'entrer dans la Communauté.

Quant au Cameroun, son gouvernement qui avait l'appui de de Gaulle courait grand risque d'être renversé par le chef extrémiste Félix Moumié. L' «Action» du SDECE reçut consigne d'éliminer le trublion.


Le soir du 15 octobre, il fut pris d’une sorte de langueur ; sa respiration devint difficile et il éprouvait du mal à se déplacer. Avec beaucoup de perspicacité il se rendit compte qu’il avait été empoisonné avec du thallium. Or, c’est ce que l’on emploie habituellement en Europe pour se débarrasser des rats.

Avant d’être placé dans un poumon d’acier pour l’aider à respirer, Mounié eut le temps de répondre à quelques questions. Au court de son agonie il se rappela avoir bu deux Pernods, le soir de sa dernière sortie, et avoir trouvé à l’un d’eux un goût amer.
Puis il sombra dans un coma qui dura jusqu’à sa mort, au soir du 4 novembre.


Son amie Liliane Friedli, connaissait l’identité du journaliste avec qui Mounié avait dîné, le soir du Pernod fatal.

Une nuit, pendant son hospitalisation une voiture s’arrêta dans la cour de la clinique et deux hommes tentèrent de pénétrer dans l’immeuble. Mais une infirmière les avait vus ; elle alluma les lumières extérieures et appela la police. Se rendant compte qu’ils avaient été découverts, les hommes remontèrent précipitamment dans leur voiture et prirent la fuite. L’auto avait des plaques minéralogiques françaises. « Action » avait envoyé les deux hommes pour effrayer Liliane et la contraindre au silence.

Deux mois plus tard, à la fin de décembre 1960, la police suisse lança un mandat d'arrêt international contre un Français nommé Bechtel, soupçonné d'avoir empoisonné le leader africain. Bechtel faisait partie du SDECE; il avait servi en Indochine et en Afrique et avait pris sa retraite de l'armée. Mais il continuait à travailler pour le SDECE, où il était très utile, car il avait la double nationalité française et suisse. Bechtel avait travaillé
pour le colonel Mercier quand il était en poste en Suisse. En préparation de l'opération contre Moumié, il avait fait connaissance du leader africain et il avait pris l'habitude de l'inviter à des repas fins. Le poison qu'il avait reçu du SDECE avait été récemment élaboré et on ne l'avait jamais expérimenté auparavant.

Son effet était censé être immédiate et Bechtel, qui avait étudié la chimie, devait administrer une dose proportionnelle au poids de Moumié.
Mais, soit que la drogue ait été défectueuse, soit que la dose ait été mal calculée, Moumié eut le temps de parler pendant son horrible agonie qui dura deux semaines.

Son sale travail terminé, Bechtel rentra en France.

Plus tard, il se fit un devoir d'écrire à plusieurs amis en Suisse pour nier sa participation à l'assassinat
de l'Africain.

Afin de brouiller les pistes, le SDECE faisait poster ses lettres en Autriche.

Sûr de l'immunité, Bechtel, qui avait soixante-dix ans, changea de nom et s'en alla vivre dans le Midi de la France où il réside probablement encore, jouissant d'une vie calme et confortable grâce à l'argent qu'il a reçu en paiement de son travail.


Mais les assassinats ne pouvaient pas modifier le cours de la guerre. Les Arabes recevaient des Soviets tous les secours en armes et en munitions dont ils avaient besoin, et la France était seule.

Les Français étaient fatigués du conflit et décidés d'en terminer.

De Gaulle, qui s'était engagé à garder l'Algérie française, changea complètement sa position et décida d'abandonner l'Algérie sans même essayer d'obtenir la moindre garantie pour les Français qui y avaient vécu plus d'un siècle.

Quand on demande à plus d'un million d'individus d'abandonner leur maison, leur terre et tous leurs biens sans leur donner la moindre compensation, quand on leur dit de quitter tout ce qu'eux-mêmes et de nombreuses générations avant eux ont construit, ils se révoltent. Une partie de l'armée les soutint.

Mais la révolte des généraux échoua, ce qui amena les officiers et leurs partisans à se regrouper en réseaux clandestins pour combattre non seulement les nationalistes algériens, mais aussi les Français qui sympathisaient avec eux.

Des excès inexcusables furent alors commis.

Entre-temps, le gouvernement de de Gaulle craignait d'être renversé. Foccart et le ministre de l'Intérieur, Roger Frey, eurent, en septembre 1961, une longue entrevue au palais de l'Elysée.
Ils s'y mirent d'accord pour créer en Algérie des groupes de choc chargés de combattre les adversaires de la politique gaulliste et de l'indépendance.

Au cours de leur conversation, Foccart signala au ministre de l'Intérieur que les officiers de l'«Action» pourraient très bien refuser d'obéir à l'ordre de se battre contre leurs camarades officiers.
On décida donc une purge, et seuls les Gaullistes inconditionnels furent maintenus dans « Action ».
Ce groupe d'irréductibles fut chargé d'encadrer des réservistes de l' «Action» et de nouvelles recrues qu'on transformait rapidement en terroristes. Afin de ne pas se compromettre personnellement, Foccart et Frey décidèrent de confier l'organisation à Dominique Pontchardier, qui
avait toute leur confiance. Pontchardier, officier de marine pendant la guerre, avait combattu courageusement en Indochine avec la division Leclerc. Il y organisa des équipes de commandos vietnamiens qui acquirent une solide
réputation de cruauté
.

Après la guerre, il se fit un nom dans la littérature populaire en publiant des histoires d'espionnage qui eurent beaucoup de succès.

Quelques jours après son entrevue avec Foccart, Roger Frey invita chez lui Dominique Pontchardier et sa femme. Etaient également présents Pierre Lemarchand et sa femme, amis personnels des Pontchardier, ainsi que la secrétaire de Frey, Mme Huguette Renaud. Mme Pontchardier, qui avait eu avec Foccart un long échange de vues, signala au ministre de l'Intérieur qu'il était toujours en contact avec un groupe de Vietnamiens habitués à exécuter les ordres donnés, quels qu'ils soient.

Mais cela était insuffisant, et même en comptant les Vietnamiens et les officiers de l'«Action» du SDECE, il fallait au moins deux cents hommes de plus. Lemarchand était avocat et sa clientèle était constituée
principalement de membres du «milieu ». Il offrit de recruter des «volontaires» parmi ses clients.
Mme Pontchardier fut chargée d'assurer la liaison avec Jacques Foccart et le SDECE sous le pseudonyme de Madame Rollin, tandis que Mme Lemarchand s'occuperait de l'administration de la partie financière de l'opération, et ferait la liaison avec le ministre de l'Intérieur. Le ministre étant très occupé, Mme Renaud, sa secrétaire, reçut la consigne de faciliter les choses pour Mme Lemarchand.

Au SDECE, c'est le colonel Laurent et un ancien expert du Contre-Espionnage qui devaient élaborer la stratégie de l'opération. Les officiers de Renseignements - sauf ceux travaillant directement pour Jacques Foccart -répugnaient généralement à exécuter des besognes policières et préféraient s'en tenir à leur tâche normale de recherche des renseignements sur les pays étrangers.

Il n'en était pas de même pour ceux du Contre-Espionnage et de la Surveillance du Territoire.
Là, les chefs de sections et leurs adjoints, pour qui la promotion comptait avant tout, passaient la majeure partie de leur temps à rassembler des renseignements sur leurs compatriotes connus pour n'être pas d'accord avec la politique du gouvernement.

Au lieu de consacrer leur temps et leur énergie à démasquer les espions russes en France, les Services Secrets français concentraient tous leurs efforts à combattre les membres de l'opposition.

Mais cela ne suffisait pas, et Jacques Foccart ordonna la création en Algérie d'un « Service parallèle de Renseignements» doté d'amples moyens financiers et commandé par un gauchiste connu sous le nom de colonel Foyer.

En fait, ce prétendu Service était exclusivement composé d'indicateurs. Toute personne soupçonnée d'être opposée à la politique gaulliste était fichée. Des copies des fiches étaient transmises à Foccart par Pontchardier, et à Frey par l'intermédiaire de Lemarchand.

A la fin de novembre 1961, les recrues de Lemarchand arrivèrent en Algérie par avions spéciaux.
Le colonel Laurent et d'autres chefs de groupe avaient déjà établi leurs quartiers dans de luxueux immeubles. Ils avaient commencé à travailler sur les fiches fournies par Foyer et avaient établi l'agenda des premières opérations à exécuter.

Les hommes se mirent immédiatement à l’œuvre en posant des bombes dans plusieurs cafés d'Alger connus pour leurs complaisances envers les Français.

La première journée de terrorisme se solda par des douzaines de civils tués ou grièvement blessés. A partir de ce moment, les équipes spéciales frappèrent chaque jour, plaçant des explosifs sur les objectifs marqués à l'avance et détruisant maisons et appartements où vivaient les suspects.

Certains furent enlevés de force, et quand les victimes vivaient dans des endroits isolés on leur infligeait sur place d'horribles tortures, sous prétexte de les faire « parler ».

En réalité, la plupart du temps, les tortures n'avaient pas pour but d'arracher des aveux, mais seulement de permettre aux persécuteurs d'assouvir leur cruauté et leur sadisme.
Le groupe des Vietnamiens recrutés par Pontchardier était connu pour son extrême cruauté.

On retrouva plus tard des corps portant des marques d'affreuses tortures: pieds brûlés, parties sexuelles mutilées, yeux arrachés... Des enfants et des jeunes femmes furent violés devant leurs pères et leurs maris, avant d'être tués de la manière la plus sauvage.

On mit tout en oeuvre pour que le blâme retombât sur des organisations d'extrême droite, mais ce furent les récits de quelques survivants qui firent apparaître la vérité.

La monstruosité de tels actes et le fait que des Français pouvaient recourir à des méthodes aussi barbares provoquèrent un sentiment d'horreur chez les représentants du gouvernement en Algérie.

Des pressions furent exercées à Paris pour que fussent limitées les répugnantes activités du groupe appelé «les spéciaux ». Le colonel Laurent dont l'esprit malade inventait, chaque jour, des tortures et des cruautés nouvelles fut rappelé.

Entre-temps, les autres chefs de groupes continuaient à répandre la terreur et à mener une vie de débauche.

A Paris, le ministre de l'Intérieur Frey et Jacques Foccart hésitaient à rappeler les équipes «de choc », dont ils craignaient les indiscrétions aussi bien que les exigences déraisonnables.

On trouva une solution plus simple et plus satisfaisante.

Le 29 janvier, une grande caisse en bois envoyée prétendument par Mme Lemarchand fut livrée à la Villa Andrea, leur quartier-général. Cette caisse contenait, disait-on, une presse nécessaire pour reproduire du matériel de propagande. De Paris, Pierre Lemarchand avait donné comme instructions aux chefs de groupes, de se réunir l'après-midi à la Villa Andrea pour y recevoir de nouvelles directives.

Vers 5 heures, une explosion terrible ébranla Alger pourtant accoutumée depuis longtemps au bruit des explosions. La Villa Andrea était en ruines. Tous ceux qui s'y trouvaient avaient été tués.

L'identification de la plupart des corps fut impossible et l'acte de terrorisme fut, comme d'habitude, attribué à un groupe d'extrême droite.

A la fin de février, le maire d'une petite commune de Seine-et-Oise, près de Paris, reçut par l'intermédiaire du préfet des ordres émanant directement du ministère de l'Intérieur. On lui enjoignait de faire creuser huit tombes dans le cimetière local et d'y faire enterrer huit cercueils qui se trouvaient présentement à la morgue de l'aéroport d'Orly.

Le maire avait consigne de garder le secret le plus absolu sur ces instructions ainsi que sur la date de l'enterrement, fixé au 24 février. On l'informait en même temps de la visite de Mme Lemarchand, qui devait veiller à tous les détails des inhumations.

Au jour fixé, les cercueils furent amenés par trois fourgons.

La cérémonie fut promptement expédiée. Un prêtre bénit chaque bière individuellement et celles-ci furent immédiatement descendues dans les fosses. Chacune d'elles portait une inscription:XN1, XN2, etc...

On plaça alors sur les tertres des croix de bois portant la même inscription que les cercueils; mais au revers de six d'entre elles, on marqua des noms: Cherroux, Veillard, etc. ..

Deux croix restèrent anonymes.

Les seuls témoins de ces enterrements semi-clandestins furent le maire, le fossoyeur et Mme Lemarchand qui était accompagnée d'une jeune Orientale inconnue.

On n'aurait rien su de cet enterrement inhabituel, sans l'intervention de deux journalistes de l'Express qui, ayant été informés de l'affaire, y assistèrent discrètement.

Après que l'Express eut relaté cette étrange histoire, le maire de la petite ville, M. Gauchard, reçut la visite de fiers-à-bras qui lui apprirent la valeur du silence.

Les certificats de décès des onze morts étaient datés du 30 janvier 1962, le lendemain du jour de l'explosion de la Villa Andrea, et ces documents avaient été établis à El Biar, district d'Alger où se trouvait la villa.

L'épisode de la Villa Andrea n'avait pas réussi à éliminer tous les chefs de groupes.

Quelques-uns d'entre eux échappèrent à la mort parce qu'ils n'avaient pas assisté à la réunion.

On acheta à gros prix leur silence et on leur conseilla de quitter la France pour un certain temps et d'aller résider Bolivie. Un de leurs patrons, Dominique Pontchardier, reçut comme récompense un poste d'ambassadeur en Bolivie et on le pria de venir en aide là-bas à ses anciens subordonnés.

L'autre personnage qui joua un rôle dans cette affaire, Pierre Lemarchand, fut désigné par l'UNR, le parti gaulliste, comme candidat dans une circonscription où un Gaulliste était certain d'être élu, ce qui ne l'empêcha pas de poursuivre ses activités parallèles puisqu'on le
retrouva plus tard mêlé à l'affaire Ben Barka
.

Les adversaires de de Gaulle ayant été, soit éliminés par les barbouzes, comme on les appelait en France, soit emprisonnés et mis hors d'état de nuire, le Général décida de donner l'indépendance à l'Algérie.

Son premier geste de bonne volonté fut de faire sortir de Fresnes, la prison proche de Paris, le leader algérien Ben Bella.

L'amusante histoire de cette libération n'a jamais été racontée et elle en vaut pourtant la peine.

Ben Bella devait être conduit sous escorte jusqu'à la frontière suisse, où il rejoindrait ses partisans. Mais les esprits étaient très montés en France contre le chef algérien, et Foccart craignait que Ben Bella ne soit assassiné durant le trajet de la prison à l'aéroport où un hélicoptère attendait pour le transporter à Genève.

Pour le protéger, Foccart envoya donc à la prison de Fresnes les propres gardes du
corps de de Gaulle, les « gorilles », et leur ordonna d'abattre toute personne qui voudrait attenter à la vie de l'Algérien.

Après les atrocités commises par les Arabes durant les derniers mois, la population était excédée et prête à donner au leader algérien un échantillon de ce que les Français avaient subi dans leur pays. Les gardes du corps de de Gaulle étaient beaucoup plus proches de la population que leur patron: ils connaissaient les sentiments de leurs compatriotes et craignaient de ne pas pouvoir escorter Ben Bella vivant jusqu'à l'hélicoptère qui l'attendait.

Aussi, à leur arrivée à la prison, ils demandèrent à l’Algérien de se déguiser en garde mobile.
Ben Bella accepta et la voiture quitta la prison de Fresnes, emmenant une « gorille » qui se faisait passer pour Ben Bella, tandis que le futur Président de l'Algérie, affublé d'un uniforme de gendarme français, lui servait de garde.

La grandeur française était à son apogée.

...
 


 
- Comite Veritas
- Alger 26 Mars 1962
- Ravin Rouge - Le Film
- le site des Bônois
- Pied-Noirs Aujourd'hui
- Association-Mostaganem
- Armand-Belvisi
- Bivouac-Legion.com
- Jean-Paul Gavino
- Le site du Clos-Salembier
- Mauvaise Graine
- Les Souffrances Secrètes
- Tenes Algerie
- Annuaire web africain
- http://mascara.p-rubira.com
- ADIMAD
- Site de Jaques Vassieux
- http://www.enfant-du-soleil.com
- Cercle algérianiste de Montpellier
- Pointe Pescade
- Jean-Pax Meffret
- Les tournants Rovigo
- l'Echo-Chons Patriotes
- Jocelyne Mas
- Coalition Harkis
- Le coin du popodoran
- http://oran1962.free.fr
- MIGDAL
- Ass. victimes du 26 Mars 1962
- Les Raisons de la colère
- Alger-Roi.fr
- Croisitour
- Dessins de Konk
- Secours de France
- Oran Cite des Jardins
- Pied noir,rapatrié

- http://coordination.cnfa.free.fr
- http://www.harkis.info
- http://www.salan.asso.fr


Copyright © 2000 - 2015 Algérie-Francaise.Org
All rights reserved. Tous droits réservés. Reproduction interdite sans la permission écrite de l'auteur.