Quelques
témoignages recueillis sur le "Livre Blanc du 26 Mars"
(Recueilli
par JP Ferrer) |
Pour les Historiens honnêtes
qui auront à enquêter un jour
sur ce drame.
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Voici
les faits tels que je les ai vécus. Avec une dizaine d'amis, nous nous engageons
dans la rue d'Isly. Je suis le dernier. Je vois à la hauteur du café «Le Derby»
une dizaine de soldats contre le café, avec un supérieur sur excité, qui va dans
tous les sens, et met deux musulmans
armés de F.M. au coin du magasin « Atlas » et les laisser en position, puis
ordonne aux autres soldats, et je l’ ai entendu très distinctement:
«Fermez vite ici».
Les militaires se déploient et vont arriver sur le trottoir opposé,
c'est-à-dire la banque. Une dizaine de personne ont alors accéléré le pas pour
passer avant la fermeture du barrage.
Philippe ALBERTINI.
17, rue Richelieu,
Alger.
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J'étais à la hauteur de la pharmacie du Soleil, nous
marchions en silence, calmement, il y avait un barrage de musulmans (des soldats
en armes), qui se sont écartés pour nous laisser passer, à notre grand
étonnement.
De loin, j'ai vu un autre barrage, en regardant à droite, à la hauteur du
magasin
« Claverie », .
Contre le mur, j'ai aperçu des Musulmans armés en uniforme, et j'ai dit à mon
amie qui se trouvait à mes côtés :
« On dirait des fellaghas ».
Nelly LAURENT.
20, rue Lafayette,
Alger.
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A ce
moment, je m'adressais aux militaires qui n'avaient pu se réfugier sous leurs
camions, qui se trouvaient avec nous. Je pourrais presque affirmer que ces
soldats n'ont pas fait usage de leurs
armes. Je leur dis : « On vous a tiré dessus, en même temps que sur les civils
et demain l'on dira que des civils vous ont tiré dessus ». L'un d'eux m'a
répondu :
« On avait l'ordre de tirer ».
Robert BREUNEVAL.
5, rue Cirta,
Hydra.
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A
l'entrée de la rue d'Isly, un groupe de soldats manifestait de la nervosité.
Composé de huit ou dix musulmans et deux Français, commandés par un lieutenant,
il était d'abord disposé en travers de la rue d'Isly, en face du café «Le
Derby», sans essayer de contenir la foule qui marchait vers la Place Bugeaud. Le
lieutenant paraissait désorienté et inquiet. A un douanier excité qui le prenait
à partie, il répondait : « Laissez-moi, je ne peux être partout à la fois». A
d'autres, il disait: «Passez vite et partez».
Ses hommes, agités, quittaient le milieu de la rue et se réunissaient sur le
trottoir, devant la pharmacie Carcassonne. Pour qu'ils ne tirent pas, un soldat
français et un soldat musulman relevaient en l'air avec la main le canon des
mitraillettes que les autres tenaient braquées horizontalement vers les
passants.
Il
devenait évident que ces hommes, ayant l'allure et le parler des bergers
primitifs de la montagne algérienne, allaient tirer. Soudain, l'un d'eux dit en
arabe : « Allez ! Tirez sur les chrétiens !» et un autre : « On nous a dit
: « tirez sur les chrétiens ».J'ai crié aussitôt :
« Ils veulent tirer ! Sauvez-vous ! ».
Emile DUZER,
Colonel
des Affaires Musulmanes,
n retraite.
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Un fait
très important est à signaler : à 13 h. 30, je me trouvais devant le Crédit
Foncier et j'ai pu entendre un soldat musulman dire au radio :
« Laissons-les rentrer, puisque tout à l'heure on va se
régaler ».
Alain SEGUI
Maison Lescure, Route Nie,
Birkadem.
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