Partie II
"TOP SECRET" : c'est un livre de
Francine Dessaigne,
Achevé d'imprimer en juin
1999
sur rotative Variquik par l’imprimerie
SAGIM à Courtry (77)
pour le compte des EDITIONS CONFRERIE-CASTILLE
B.P. 43
94202 IVRY-SUR-SEINE Tel. : 01 48 43 56 98 - Fax : 01 64 29 35/19
---==oOo==---
Un ouvrage vient de paraître : "Général
du Contingent en Algérie"(l), recueil de souvenirs du Général Ailleret.
Les lecteurs rendus confiants par l'importance de son grade et de sa fonction,
risquent de ne pas en déceler les erreurs et les lacunes, volontaires ou non,
en particulier à propos des tragiques évènements qui jalonnent le mois de
mars 1962 à Alger.
D'abord adjoint au Général Gambiez, le
Général Ailleret lui succède, le 13 avril 1961, aux fonctions de
Commandant en Chef des Forces Françaises en Algérie (GENESUPER). Elles lui
donnent autorité sur I'Armée de Terre, I'Armee de I'Air et la Marine. Ancien
officier d'artillerie, brillant technicien, spécialiste des armes nucléaires,
il venait d'assurer, en 1960, le Commandement de la Zone Est constantinois et
arrivait de Constantine après un court intérim au Corps d'Armée. Mais ce
n'était pas son premier contact avec l'Algérie.
Du 2 au 6 mars 1954, sur la frontière
algéro-marocaine, pour montrer sa force et rassurer les populations inquiètes
des nouvelles arrivant d'lndochine, du Maroc et de Tunisie, rendues encore plus
solennelles par la présence du Général anglais Mac Nab et du Colonel
américain Davidson, "se déroulaient les plus importantes manœuvres
interarmées de I'histoire de I'Afrique du Nord depuis la seconde guerre
mondiale... Geste (V invitation) qui exprimait la ferme volonté des Français
de ne pas quitter le Maghreb. Enfin, il affirme vraisemblablement pour la
première fois devant les représentants de I'OTAN, I'intention du Gouvernement
Français de développer I'armement nucléaire"(2).
Le Colonel Ailleret est invité également.
Depuis 1952, année où fut acceptée une Industrie nucléaire militaire, il est
commandant des "Armes spéciales", service qui dépend directement du
Chef du Gouvernement. "Dès avril 1954, le plan K103, rédigé par le
Colonel Ailleret prévoit, au sein du Commissariat à I'Energie Atomique
(CEA), la création d'une direction des applications
militaires"(2).
En mars 1957, il est chargé de la supervision de
l'ensemble des essais nucléaires qui ont lieu principalement au Sahara. Le
moins que l’on puisse dire, c'est que sa formation hautement technique, pas
plus que sa courte expérience dans le Constantinois, ne l'on prépare à
affronter, et surtout à comprendre, l'Algérie en ébullition de 1961 et
1962, II adhérait parfaitement à la politique du Général De Gaulle
par sa conception de la discipline militaire, mais aussi peut-être par
admiration et reconnaissance envers celui qui a crée le CEA, le 18 octobre
1945, ou sa carrière a connu une constante et flatteuse évolution.
"C'est lui qui, en définitive, mène les
affaires algériennes"(l) écrit-il
après avoir été reçu par le Général De Gaulle le 9 juin 1961. II se
montrera donc exécuteur efficace de sa politique. Entre autres mesures (parmi
les moins connues), il obtiendra la dissolution du Front Algérien d'Action
Démocratique (FAAD), cette "troisième force", ultime chance de ne
pas livrer l'Algérie indépendante au seul FLN (3).
En 1962, il ne s'intéressait nullement aux
sentiments et aux malheurs des communautés vivant à Alger, craignait des
réactions imprévisibles et se montrait prudent. "Le Commandant en Chef,
le Général Ailleret, ne circulait plus dans son quartier-général de
la Reghaia, près d'Alger, que sous la protection de troupes spéciales et la
main toujours à portée d'une mitraillette, et quand il se rendait au Rocher
Noir en voiture - une Citroën à I 'épreuve des balles - les glaces des
portières étaient toujours fermées"(4).
Au Rocher Noir, se mettait en place un "Exécutif
provisoire algérien", sous la direction d'Abderahman Fares, où
se discutait la formation d'une "force locale", police mixte, dans
laquelle on espérait que les militaires français de souche nord-africaine (FNSA)
allaient accepter de s'engager, en particulier pour lutter contre l'OAS.
Le Général Ailleret était donc directement concerné. Mais il lui
arrivait de circuler en ville dans le même équipage, surtout depuis la
mémorable cérémonie du 14 juillet 1961 où, en compagnie du
Délégué-général Jean Morin, "Ils descendirent la rue Michelet
dans un commande-car. Ils furent salués par des huées. Les deux hommes ne
marquèrent pas le coup. Morin, un homme brusque et renfermé, et Ailleret,
un ancien officier d'artillerie de petite taille, et à la calvitie naissante,
ne s'entendaient pas, mais partageaient la même loyauté indéfectible envers
le gouvernement du Général De Gaulle. C'est pour cette raison qu'on les
avaient choisis"(4).
Le 23 mars, de graves incidents se produisirent
à Bab-el-Oued. Le Général Ailleret vint à la caserne Pélissier
"quartier général de son Corps d'armée afin de prendre personnellement
la direction des opérations. Les rapports qu 'il recevait ne(15 - TOP SECRET
19) lui permettaient guère de juger de I'importance ou de la nature des forces
qui défiaient ses troupes... Vers le milieu de I'après-midi, Ailleret
estima que tout Bab-el-Oued se trouvait en état d'insurrection armée et
déclarée et c'est de Paris qu'il recut les deux ordres formels : empêcher à
tout prix un affrontement direct entre Européens et Musulmans, briser toute
tentative de I'adversaire visant à établir dans Bab-el-Oued un réduit qui
pourrait être des jours durant un foyer de contamination insurrectionnelle...
Ailleret décida d'envoyer sur les lieux quatre
escadrons supplémentaires de blindés de la gendarmerie " (Mots lourds de
sens, soulignés par nous), qui tirèrent contre les immeubles aux volets
fermes, puis, en fin d'après-midi, les avions mitraillèrent les terrasses.
Je ne donnerai ici pas plus de précisions sur
les actions de l'OAS et du service d'ordre, ni sur les souffrances et les
colères des habitants de ce quartier populaire, que j'ai longuement traitées
ailleurs.
Le Général Ailleret est décédé dans
un accident d'avion le 8 mars 1968. L'ouvrage écrit par lui, mais que la
volonté du destin l'a empêché de corriger avant publication, est composé de
souvenirs notes de 1965 à 1968 et édités par les soins de son fils. Sans
porter aucun jugement d'ensemble, car je m'en sens incompétente, je n'en suis
pas moins contrainte de traiter les pages, surgies post- mortem, concernant la
fusillade du 26 mars 1962 à Alger, point particulièrement douloureux de notre
histoire, comme je le ferais pour un auteur vivant. Après la découverte de
documents et d'études sorties dans les années suivantes, le Général Ailleret
aurait-il apporté à ses propos les modifications qui s'imposaient ? Nous ne le
saurons jamais.
Je ne reprendrai pas ses réflexions ni ses
états d'âme, je m'en tiendrai simple-ment aux faits.
Page 270, nous lisons :
"...vers quinze heures, un message du Corps
d'Armée me faisait connaître que la manifestation interdite avait quand même
lieu et qu'une foule de plusieurs milliers de personnes se préparaient à se
porter de la Grande Poste, sur Bab-el-Oued. Une heure plus tard environ, un
nouveau compte-rendu annonçait que les manifestants s'étaient heurtés rue
d'lsly au service d'ordre qu'ils avaient tenté de déborder. Des coups de feux
avaient été tirés et la troupe menacée d'être emportée avait ouvert le feu"
(souligné par moi).
La fusillade a éclaté à quatorze heures
quarante et a duré une douzaine de minutes. A quinze heures, la foule avait fui.
II n'y avait plus sur la place de la Poste que des blessés, des morts et les
premiers secours. Le Général était bien mal informé. II était impossible
que les manifestants se soit heurtés au service d'ordre "une heure plus
tard", donc à seize heures.
Page 271, à propos de la présence des
tirailleurs "souvent reprochée à l'autorité militaire", le
Général explique :
"La réalité était que cette unité
n'était qu'en réserve et qu 'une autre troupe, européenne celle-la aurait
du barrer les accès de la rue d'lsly, en amont de la position du 4ème
tirailleurs. Or, cette unité, pour des raisons qui, à ma connaissance, n 'ont
pas été élucidées clairement, avait finalement cédé à la pression de la
foule qui avait ainsi pu atteindre une seconde position qui n 'aurait en
principe pas du être débordée".
C'est faux. Arrivés quelques minutes avant la
fusillade, nous avons vu les soldats européens se retirer simplement, pour
être remplacés, tout aussi simplement, par les tirailleurs. Ce n'était pas
sous la "pression de la foule", mais suite à un ordre du Commandement.
Page 272, le Général écrit :
"C'est au moment ou le barrage craquait sous
la pression de la masse hurlante que des coups de feu partirent et qu 'alors
commença la fusillade".
A quelques lignes d'intervalle, pour bien en
imprimer l'idée, il répète :
"le barrage a cédé... le barrage a craqué
sous la pression de la foule hurlante".
Alors, moi aussi je répète : c'est faux ! Des
photographies le confirment sans contestation possible. Sur l'une, on voit
quelques manifestants, dont certains sourient, passer devant les escaliers de la
Grande Poste en brandissant des drapeaux; sur une autre, la foule plus dense est
arrêtée tout près du barrage peu jointif des tirailleurs, eux-mêmes en
attente dans des postures quasi décontractes. Cette dernière photographique a
été prise quelques secondes avant que les soldats ne s'écartent pour
permettre le passage d'un groupe dans la rue d'lsly. Elles illustrent le
difficile travail de recherche que nous avons réalisé, Marie-Jeanne Rey et
moi-même sur ce sujet (5).
Page 272, le Général évoque le témoignage
d'un "ami" dans lequel il a "toute confiance", le
journaliste du Figaro, Etienne Antherieu. Ce dernier se trouve dans la
foule. Malheureusement, son témoignage ne concorde pas avec la version
officielle, immédiatement élaborée et maintenue pendant plus de trente ans,
sur l'origine du premier coup de feu. Qu'importe au Général, qui n'y était
pas, il le balaie d'une simple phrase :
"mais à la guerre, on sait que I'on ne voit
jamais la totalité de ce qui se passe, même sur un tout petit champ de
bataille ".
Alors moi, qui suis arrivée, avec mon mari, à
quelques mètres des tirailleurs sur "ce tout petit champ de bataille",
vais-je pouvoir m'insurger, une fois de plus, et de façon crédible, contre les
erreurs volontaires et contre les mots martelés par le Général Ailleret, pour
imprimer dans les esprits toujours la même version officielle
?
Nous ne nous sommes "heurtés" à rien
car le barrage, a l'entrée de la rue d'lsly, s'est ouvert pour laisser passer
ceux qui étaient devant nous, et refermé avant que nous ne le passions nous-mêmes.
La troupe n'a jamais été "emportée"
par une "foule hurlante et déchaînée d'Européens d'Algérie..."
et, comme si cela ne suffisait pas, in quoda venenum, il ajoute ".. .(foule)
dont on connaît, par expérience, le goût pour la "ratonnade".
Cette remarque n'était pas nécessaire mais elle
illustre bien l'état d'esprit qui sous-entend un texte pouvant passer, en
raison de la personnalité même de l'auteur, pour un exposé fiable des faits.
La "masse hurlante" reparaît
encore pages 272 et 273 ou le Général qui ne craint pas les répétitions,
précise tout de même
"qu'il est arrivé sur les lieux environ une
heure après "I'incident"...
c'est-à-dire plus de deux heures, si l’on considère le décalage de ses
informations au début. Et je répète aussi: les photographies elles-mêmes
prouvent que la foule, si elle avait un moment chanté "La Marseillaise",
s'était arrêtée calmement, en expectative, comme un temps suspendu avant
l'effroi auquel elle ne s'attendait pas. Outre les erreurs, pour la mémoire des
morts, pour les blessés, dont certains mutilés à vie, le mot
"incident" est inacceptable, tout comme "un nombre de victimes
de l'ordre de quelques dizaines avaient été tuées" (p. 271).
Ils disent le mépris de cet officier pour la
souffrance et le désespoir qui avaient conduit les Algérois à descendre dans
la rue.
Page 275, toujours à propos de la foule, nous
relevons :
"...on lui avait dit que les troupes
françaises lui laisseraient toujours faire ce qu'elle voulait. Elle ne
bougerait plus désormais".
Voici confirmé clairement et dans quels termes,
ce que nous avons toujours pensé : la population devait être matée par un
choc violent pour que ses réactions ne risquent plus d'attirer l'attention et
surtout de gêner les desseins du Gouvernement. La manifestation du 26 mars
1962, place de la Poste et rue d'lsly, a fourni l'occasion attendue par le
Commandement qui, depuis plus d'un an s'était préparé à la saisir, voire
à la créer si cela s'avérait nécessaire.
Par delà les Algérois, victimes directes, il
fallait briser ce qu'il pouvait rester d'espoirs ou d'illusions chez tous les
Français d' Algérie, européens ou musulmans. Ce fut une réussite. En
témoigne la ruée vers les ports et les aérodromes et les pauvres épaves
d'une vie brutalement rompue qui jonchaient les trottoirs.
Dans ces pages édifiantes du Général Ailleret,
nous remarquons deux omissions importantes, liées à ces journées tragiques
d'Alger. Des précisions sur ces points émanant du donneur d'ordres le plus
élevé en grade, auraient pourtant revêtu une importance particulière. II
s'agit d'une demande d’intervention à la Marine (étudiée dans les pages qui
précèdent) peu à l'honneur du Général, et d'une certaine "note 905"
qui, si elle avait été suivie, comme devait l'etre un ordre émanant du
GENE-SUPER, aurait plaidé en sa faveur.
Depuis son entrée en fonction, le général Ailleret
était persuadé que l'Armée avait gagné contre le FLN, sur le terrain, donc
rempli son rôle. II se souciait plus du rapatriement des unités qui
commençait et de rassembler celles qui étaient éparpillées sur l’ensemble
du territoire, en attendant les accords politiques qui clarifieraient la
situation. Ces derniers n'étaient pas du ressort de l' Armée.
"Les troupes de campagne n 'étaient ni
équipées, ni psychologiquement
entraînées pour tenir tête au terrorisme
urbain et aux émeutes de rues. La politique d' Ailleret fut de les
garder en réserve, en dehors des villes si possible, afin d'éviter des
incidents. "
Soudain la donne a changé et Paris se fait
pressant. Dans un ordre du jour publié le 20 septembre 1961, Ailleret
"pressent à l'Armée de se ranger aux cotes de la Police (18 22
TOP SECRET 19) pour
combattre la "soi-disant OAS", précédant de peu les directives qu'il
allait recevoir du Premier Ministre, en décembre.
Par ailleurs, le Général Ailleret a eu
connaissance des inquiétudes exprimées par le Colonel Goubard quand il a
appris la "mise en réserve générale" de son régiment.
Le 16 mars, Ailleret décide d'une visite impromptue à Berrouaghia ou se
trouve le PC du 4eme RT. Un dialogue bref a lieu dont la seule trace, à notre
connaissance, est le texte écrit par le Général Goubard et déposé au
SHAT (fonds Goubard). En voici les phrases
essentielles :
- G. - Mon Général, qu 'attendez-vous du 4ème
RT ?
- A. -... Vous avez bien compris, Goubard,
qu 'en ce moment ou les négociations d'Evian se terminent, j'ai de sérieuses
préoccupations. Deux d'entre-elles concernent votre régiment: ...la lutte
contre le FLN... L'autre préoccupation prioritaire est relative aux réactions
de la population... Car ma mission est aussi le maintien de I 'ordre.
G. - (Expose ses raisons d'être très inquiet
sur ce point, et termine) Non, pour ce
rôle, Ils n'ont ni I'expérience, ni la maturité, ni évidemment
l'entraînement
approprié".
Sans doute, s'est-il montré convaincant, le
GENESUPER le quitte en l'assurant:
"Entendu, Goubard, je donnerai les
ordres nécessaires des mon retour".
Et il tient parole. Le 17 mars, une note de
service, signée par lui, portant le n° 905 et la mention "très
secret" est envoyée au Corps d'Armée d'Alger. Cette note comportait deux
points dont le second était d'une particulière importance. II indiquait :
"qu'en aucun cas ce régiment devait être
utilisé dans la foule".
Les généraux Hublot et Vuillermet,
alors à I'Etat-Major du Général Ailleret, interrogés par nous (5)
sont formels sur ce point pour avoir participé à sa rédaction. On trouve ces
termes, exactement employés, dans un "message" du Général Ailleret
au CA d'Oran :
"...J'estime que vos régiments de
Tirailleurs peuvent maintenant être utilisés sous réserve de ne pas être mis
en contact avec la foule (souligné
dans le texte par une main inconnue).
Message 963, du 23-03-1962 envoyé "pour
information" au CA d'Alger, de Constantine et au Commandant de l'Infanterie
en Algérie (5).
Si la note 905 était parvenue à l'échelon
hiérarchique concerné, les Tirailleurs n'auraient pas été placés face à
nous et la fusillade n'aurait peut-être pas eu lieu. Mais à l'exception du
bordereau de transmission, la note 905 a disparu et aucun des officiers
interrogés n'a pu fournir d'explication sur cette anomalie. En revanche, dans
sa "note succincte" le Général Cavard, alors Chef d'EM du
Général de Menditte, Commandant du Corps d'Armée d'Alger a jugé utile
de nous affirmer que ce second point n'existait pas, usant d'arguties sur les
transmissions hiérarchiques (5).
"Moi, je ne crois pas a la disparition de la
note, d'autant qu'il s'agissait d'un document "très secret" du
GENESUPER" n'a pas hésité à nous affirmer le Général Vuillermet
(5). Tandis que le Général Hublot disait:
"S'il y avait eu transmission correcte des
ordres du Général Ailleret dans la voie hiérarchique intéressée, il
n'y aurait pas eu, le 26 mars, deux ou trois compagnies du 4eme RT placées aux
ordres d'une autorité autre que leur colonel, pour contrer la manifestation
européenne"(5).
II n'y a aucune trace non plus de la note dans
les archives consumables. Le mystère reste donc entier. On aurait pu espérer
que le Général Ailleret aurait eu à cœur de l'éclaircir. II était
tout à son honneur d'avoir compris combien l'emploi des Tirailleurs face à la
foule pouvait être dangereux. Que, ou qui, couvre son silence ?
---==oOo==---
NOTES
(1) "Général du Contingent",
Général Charles Ailleret, Ed. Grasset (1998).
(2) "La guerre d'Algérie par les
documents", T2, SHAT (1998).
(3) Voir ce point très important et peu connu
dans :
"II n'est point de secrets que le temps ne
révèle", Général M. Faivre, Ed. Lavauzelle (1998).
(4) "La dernière année de l'Algérie
française", P. Henissart, Ed. Grasset (1970). Traduit de
l'américain par B. Fournels,
(5) "Un crime sans assassins", M.J.
Rey et F. Dessaigne, Ed. Confrerie-Castille (1994).
---==oOo==---
. Discours
à l’Hôtel-de-Ville d'Alger.
DE GAULLE Charles.
Manuscrit autographe, 2 1/2 pp. (3 ff.) in-4.
Le rôle héroïque d'Alger et l'avenir de
l'Algérie, discours prononcé lors de la réception du général De Gaulle
à l'Hôtel-de-Ville d'Alger, le 26 mars 1944.
Manuscrit de premier jet avec de nombreuses
ratures et corrections, apparemment inédit.
De Gaulle est profondément touché par
l'accueil de la municipalité d'Alger et de M. Duclos, son président.
Je suis assuré que les hommes avertis et
convaincus que vous étés savent regarder par dessus les contingences pénibles
du moment et discerner clairement la grandeur du rôle d'Alger dans cette
guerre et I'étendue de son avenir. Ces contingences pénibles, vous vivez au
milieu d'elles. Vous étés voues à y faire face : difficultés de
ravitaillement, manque de moyens, surpeuplement, lourdes contributions
apportées par la ville au logement et a I'entretien des armées alliées, de
I'armée française et des milieux réfugiés. II s'y est ajoute quelques
sévères bombardements. Je n'aurai garde d'oublier dans la liste de ces
épreuves la tension des esprits et des cœurs que ressentent, comme partout,
tant de français et tant de françaises qui ne détournent pas leur pensée de
ceux des leurs qui se battent et qui souffrent et des angoisses de la patrie. De
tout cela il résulte que notre grande et noble cité, lors même qu'elle se
force à survivre, vit aujourd'hui dans la contrainte et le sacrifice.
Mais au travers de ces épreuves, la ville
d'Alger a conscience qu'elle porte I'honneur et la responsabilité d'être la
capital de la France guerrière dans la période décisive du conflit... Cette
insigne dignité est désormais inscrite dans les annales. Et, comme tout se
tient et s'enchaîne, elle est un principe du grand avenir d'Alger.
Quel avenir ? Eh ! certes où ! Car dans la
France nouvelle qui va paraître au terme du drame, quel rôle magnifique attend
votre ville ! Cité française la plus grande de cette méditerranée, capitale
d'une Algérie incorporée à la patrie par ses hommes comme par ses terres,
vaste passage commun ou I'Europe et l’Algérie pourront échanger à nouveau
les navires, les avions et les pensées, Alger se sent, n 'est-il pas vrai ?
appelée par le destin à jouer un rôle éminent dans ce monde français
élargi, rajeuni, que nous saurons édifier...
(Extrait du catalogue de l'Hôtel des Ventes
Drouot, Paris).
---==oOo==---
Le plan ci-après représente la photocopie
partielle de celui qui servit au
général Capodanno, Commandant la Zone
Alger-Sahel, le 26 mars 1962 entre 10 h. et 10 h 45 pour la mise en place des
troupes du maintien de l'ordre.
---==oOo==---
PV/AV
DELEGATION GENERALE en ALGERIE
CABINET DU DELEGUE GENERAL
REPUBLIQUE FRANCAISE
ALGER, le 2 Ml 1961
SECRET CONFIDENTIEL
IQ Préfet de Police d’0 R A N
OBJET : Utilisation des armements de grande
puissance en
vue du maintien de l'ordre dans la zones de
compétence des Préfets de Police d'Alger et d'Oran
Votre lettre p/B/AS n° 20 en date du 1.7-1961
Votre télégramme du 20.7.1961
Par vos deux dépêches en date des 1er et 20
juillet 1961 vous m'avez prié de vous préciser l’interprétation qu’il
convient de donner à I’article 24- de l'Instruction Interministérielle du
1er mars 1961 qui prévoit que l'emploi en vue du maintien de l'ordre, des
armements à grande puissance et des véhicules porteurs, est subordonné à
une autorisation du Premier ministre (E.M.G.D.N. ) ou de l'autorité ayant
expressément reçu délégation à cet effet.
1 - En principe ma directive en date du 21 mars
1961, prise pour l’application du décret n° 61-224, n'autorise aucune
dérogation aux dispositions de l’instruction Inter-ministérielle du 1er
mars, qui s'applique intégralement dans les circonscriptions relevant de la
compétence des deux Préfets de Police.
Par conséquent,, la mise en oeuvre de certains
moyens ou armements sans autorisation ministérielle spéciale, ne saurait être
envisagé des lors que cette autorisation préalable est obligatoirement prévue
par voie d'instruction interministérielle.
2 - Dépendant, il est éminemment souhaitable
que l'emploi de moyens de cette nature, tels que véhicules terrestres ou
aériens porteurs d'armements lourds, puisse être requis sans délai par
l'autorité responsable de l'ordre public, à titre préventif, et sans que l’usage
du feu soit à priori.
Aussi me parait-il possible de faire jouer, au
par particulier que vous ayez évoqué, l'article 19 de I'instruction
Interministérielle qui habilite I'autorité civile, responsable du maintien de
l’ordre, demander ou requérir, le titre de mesure préventive directe ne
comportant pas l'emploi de la force, la participation de patrouille à
exceptionnelles (véhicules blindés) d’aéronefs ou de navires.
La participation de ces moyens doit normalement
être accordé par l’autorité militaire des lors qu'il s'agit d'armements, d’équipements
et véhicules organiques des forces armées placés sous réquisition.
Je m'emploie à faire confirmer ce point de vue
par M. le Général commandant, supérieur interarmées en Algérie afin que le
concours des moyens de cette nature vous soit effectivement assuré par M. le
Général commandant le corps d'armée d’0ran (d’Alger)4
3 -Selon l’interprétation ainsi donnée par l‘article
24 et que je souhaite voir consacré par l’E.M.G-.D.H. et le Général
commandant supérieur interarmées, l’autorisation ministérielle préalable
n'est donc obligatoire que dans le cas où l'utilisation des armements &
grande puissance et des engins qui en sont pourvus est requise non plus
seulement dans un but préventif mais dans des opérations de maintien de
l'ordre comportant le recours éventuel, la force, m.o sans usage des armes.
C'est pourquoi j'ai prié M. le Premier ministre,
dans le cadre de mes pouvoirs en matière de défense et de sécurité du
territoire, de bien vouloir me donner délégation afin que je puisse être en
mesure de vous autoriser à requérir l'emploi de tels moyens en vue du
rétablissement t de l'ordre comportant usage de la force.
Toutefois, si la délégation sollicité m’était
effectivement accordé, il reste entendu que I’usage de ces armes, c'est à
dire l'ouverture du feu - hors les cas de légitime défense - demeure soumis à
l’autorisation préalable du Premier ministre (E.M.G.D.N.).
Je vous autorise à communiquer la teneur de la
présente correspondance à M. le Général commandant le corps d'armée d'Oran
(d'Alger) en attendant que celui-ci reçoive de M. le Général commandant
supérieur interarmées instructions complémentaires à ce sujet.
le Délégué Général en Algérie
Signe : Jean MORIN En communication, à
titre d’information, à
- M. le Préfet de Police d ' ALGER
- M. le Colonel, Chef du Bureau Spécialiste de la Défense Nationale
---==oOo==---
S.P. 87.-00 le 16 octobre 1961
-NOTE -
CCi/LIAND3:TT SUPERIEUR DES FORCES EN ALGERIE
ETAT-MAJOR INTTERARMEES
3 ème BUREAU N°3.959 /CSFA.E-.II/3. OP/E
pour
- M. le Général Commandant la R.T. et le C.A. ALGER
- M. le Général Commandant la R.T. et le C.A. D'ORAN
- M. le Général Commandant la R.T. et le C.A. de CONSTANTINE
- M. le Général Commandant la 5eme Région Aérienne,
le Vice-Amiral Préfet Maritime de la IVème
Région maritime,
0 B J E T
; Utilisation des véhicules, aéronefs et navires pourvus
d'armement à grande puissance, en vue du maintien de l'ordre
en Algérie.
REFERENCE
instruction Interministérielle 161/EI.IGDN/ORG du 1er Mars 1961
Dans le cadre des dispositions de l'article 24 de
l'I.M. de référence, le Premier Ministre vient de donner délégation
permanente à Monsieur le Délégué Général pour autorisé en ALGERIE l’emploi
par les Forces Armées des véhicules, aéronefs et navires pourvus d'armement
à grande puissance, en vue du maintien de l'ordre, mais rappelle que sauf dans
les cas prévus à I’article 26 de l'I.M. précité, I’usage de l'armement
à grande puissance reste soumis à sa décision.
Les conditions d'emploi préventif des véhicules
blindés, aéronefs et navires, de mise en oeuvre de I'armement léger et à
grande puissance et les modalités de réquisition par l'autorité civile sont
précisées dans le tableau joint. L'autorité militaire reste toujours libre du
choix des moyens, comité tenu d'une part de ses disponibilités, d'autre part
des effets à produire pour assurer le maintien de I’ordre.
Le Général de Corps d'Armée AILLERET
Commandant Supérieur des Forces en Algérie
signe
AILLERET
---==oOo==---
S.P. 87 000, le 26 Décembre 1961
COMANDEMENT SUPERIEUR DES FORCES EN ALGERIE
ETAT-MAJOR INTERARMEES 2e et 3e BUREAUX
4 737/CSFA/ELAI/2/IITT.SC 4 779/CSFA/EMI/OP/E.SC
DIRECTIVE
OBJET : Action des Forces Armées contre les
organisations factieuses.
L'Ordre du Jour du 18 décembre du Ministre des
Armées prescrit à toutes les Forces armées "de faire échec par les
moyens les plus énergiques aux menées criminelles et aux tentatives des
factieux".
La présente directive a pour but de préciser
aux Forces armées en Algérie comment doit s'exercer leur action dans ce
domaine.
Celles-ci doivent dans le cadre de la lutte
contre les organisations factieuses se réclamant de la soi-disant O.A.S.:
1°) Assurer leur propre sécurité vis-à-vis
d'elles, dans les mêmes conditions qu'a l'égard de toute entreprise visant à
atteindre leurs forces morales et physiques. Elles doivent en particulier
éliminer de leurs rangs tous les éléments appartenant à l'O.A.S. ou
manifestant en sa faveur une sympathie agissante.
2°) Participer à la recherche des déserteurs,
des anciens militaires qui se sont mis hors la loi et des autres criminels et,
le cas échéant, les arrêter ou contribuer à leur arrestation.
---==oOo==---
3°) Prêter main-forte aux forces de police
chargées de la recherche et de l'Elimination des membres de l’organisation
factieuse et leur assurer, sur la demande des autorités civiles responsables,
aide et protection au cours de leurs opérations.
4°) En raison de leurs attributions légales en
matière de maintien de l’ordre, de sécurité et de défense du territoire,
se tenir renseignés sur les tentatives de troubles que se proposeraient de
susciter les organisations factieuses maintenir et éventuellement rétablir l’ordre.
1. - SECURITE DES FORCES DE L’ORDRE VIS A VIS
DE L ' O.A.S
La lutte contra I'O.A. S. à I'intérieur des
Forces armées est de la responsabilité du Commandement.
II est du devoir des chefs, à tous les échelons,
d'apporter la plus grande attention au loyalisme et à la discipline de leur
subordonnés civils doivent connaître et suivre de près. Lorsqu'ils constatent
chez certains d'entre eux une tendance à l'oubli de leurs devoirs, ils sont
tenus d'exercer leur action de manière à les remettre dans le droit chemin.
Si, cette action se révélant inefficace ou insuffisamment efficace, le
comportement des intéressés devient un exemple pernicieux pour leur entourage,
ils doivent immédiatement proposer, par la voie hiérarchique, les mesures
nécessaires, c'est à dire la mutation des intéressés et, en cas de fautes,
les sanctions ou poursuites judiciaires correspondent à la gravité des faits
constatés.
Ils ne doivent pas considérer que la détection
et l'élimination des membres ou de complices de l'O.A.S. dans nos Forces
armées ne les concernant pas et regardant exclusivement la sécurité militaire.
Ce service n'est qu'une organisation technique à la disposition des divers
échelons du Commandement.
En apportant son aide aux Commandants de Grandes
Unités et aux Chefs de Corps, il ne leur enlève en rien la responsabilité de
maintenir en tous temps les formations sous leurs ordres dans la discipline et
le loyalisme les plus stricts.
II sera, par ailleurs, rappelé à tous les
militaires qu'ils ont le devoir de rendre compte de toute tentative, directe
ou indirecte, d'une organisation factieuse pour
les contacter ou les enrôler en particulier tout militaire destinataire d'une
lettre d’un membre de l'O.A.S., écrivant à ce titre, devra rendre compte
immédiatement à son chef direct.
La non observation de ces règles rend
l'intéressé passible de sanctions disciplinaires dans les cas de simples
contacts non signalés et de poursuites devant le tribunal militaire pour
atteinte à la, sûreté de l'Etat dans le cas ou le contact aurait été suivi
d'activités au profit d'une organisation factieuse.
La sécurité intérieure des Forces armées doit
être assurée par la mise en oeuvre de dispositifs toujours en garde en
particulier contre les surprises, ruses et tromperies de tout genre, et prêts
à riposter efficacement à toute action par le feu. Les dispositifs statiques,
notaient, afin d'éviter la surprise et décourager les entreprises des factieux,
doivent faire appel, au maximum, aux techniques de l'organisation défensive.
2.- RECHERCHE DES DESERTEURS ET DES ANCIENS
MILITAIRES HORS LA LOI
Les Forces armées doivent participer à la
recherche des déserteurs et ex-militaires par " le renseignement et,
éventuellement, arrêter ces personnels ou contribuer à leur arrestation.
Tout militaire détenteur d'un renseignement
concernant la présence ou les déplacements d'un déserteur ou ex-militaire se
doit de le communiquer immédiatement à ses supérieurs hiérarchiques ou, à
défaut, aux autorités militaires, ou gendarmerie ou de police les plus
voisines.
Les contrôles routiers ou urbains effectués par
les Forces armées, indépendamment des buts particuliers qu'ils peuvent avoir,
viseront toujours à la recherche des déserteurs ou militaires ex-contumaces et
à leur arrestation
immédiate s'ils sont découverts.
3. AIDE AUX SERVICES DE POLICE
La responsabilité de la destruction de
l'organisation factieuse appartient à l'autorite civile, qui dispose des
polices.
Les Forces armées, à chaque échelon,
apporteront leur concours aux services de police agissant contre l'O.A.S., à la
demande des autorités civiles responsables du cette action.
Cette aide s'exercera alors, dans le domaine des
transports terrestres et aériens suivant procédures réglementaires, comme
dans celui des opérations de recherche, de perquisition ou d'arrestation par
les équipes spécialisées de police et de gendarmerie, sous la forme de
détachements de protection, de garde ou d'escorte.
De plus, agissant dans le cadre de leurs
activités propres, les forces armées mettront immédiatement en état
d'arrestation et placeront des
que possible entre les mains des services
spécialisés dans la lutte contre l'O.A.S. les civils décelés - au cours des
contrôles routiers ou urbains notamment - comme membres da I’organisation
factieuse ou présumés tels (détention d'armes ou d'explosifs sans
autorisation régulière, absence de pièce d'identité ou de documents
réguliers de véhicule, papiers manifestement faux, etc...)
II sera rappelé en outre aux exécutants qu'ils
doivent obligatoirement automatiquement prêter main-forte aux agents de
I'autorité an cas d'urgence manifeste.
4, PREVENTION DES TROUBLES ET MAINTIEN DE L’ORDRE
Une des missions permanentes de L'Armée est d’assurer
le respect et la défense de la loi en participant à la prévention des
troubles et, au besoin, au maintien et au rétablissement de l' ordre dans les
conditions prévus par la législation et les règlements en vigueur.
Les Forces armées attendront en disposant en
permanence des renseignements nécessaires à l'évaluation de la menace et en
étant en mesure de mettre en oeuvre les dispositifs capables d'agir selon les
modalités appropriées a I’évolution de la situation.
Les Forces armées de troisième catégorie
peuvent avoir à agir en maintien da I’ordre, soit an face de manifestations
de masse, soit contre des mouvements séditieux armés.
Dans tous les cas elles doivent être employées
en unités constituées aussi importantes que possible, opérant sous les ordres
de leurs chefs, à I’exclusion de petits détachements dispersés.
Vis-à-vis des manifestations de masse ne
comprenant pas de manifestants en armes, les Forces armées appliquent les
instructions relatives au maintien de l’ordre.
Cependant, en face d'organisations
révolutionnaires disposant d'armes de guerre et faisant ouvertement profusion
de vouloir s'en servir un jour, il y a lieu de prendre en tous temps les mesures
de sûreté nécessaires à I'accomplissement des missions en dépit des actions
adverses et avec Ie minimum de pertes pour nos troupes.
Qu'il s'agisse de la défense d'un point
sensible, d'une position dont elle est responsable, de I’exécution d'une
mission de maintien de l'ordre qui lui est confiée ou de sa propre sauvegarde,
une troupe qui fait l'objet d'une attaque armée ou de menaces armées
caractérisées doit ouvrir le feu sans hésiter.
Par ailleurs, le feu est ouvert contre tout
individu ou groupe tentant. de pénétrer dans une zone ou enceinte interdite et
ne répondant pas aux somations.
En bref, le feu doit être ouvert sans hésiter
par tout détachement qui ne peut accomplir autrement sa Mission de maintien ou
de rétablissement de l'ordre. Le combat avec tous moyens de feu adéquats sera
engagé contre tous Les
insurgés armés qui refuseraient de déposer
leurs armes ou qui afficheraient une attitude menaçante .
Face à une insurrection armée se protégeant
derrière des manifestations populaires, une troupe doit couvrir avant tout sa
complète liberté d’action tout en restant en sûreté. Elle devra dans ce
cas ouvrir le feu sans hésitation tout en prenant toutes précautions pour
ajuster ses tirs sur les éléments armés et épargner les populations
utilisées comme écran par les insurgés.
Les Forces armées en Algérie doivent tout faire
pour que l'ordre soit maintenu. S'il s'agit de simples manifestations, l'ordre
doit être rétabli dans l'esprit d'humanité qui est celui de l'I.M. du 1er
mars 1961. Si au contraire nos unités avaient à s'opposer à une
insurrection comportant des éléments armés entrant en rebellions contre la
loi, ceux-ci devraient être mis hors d'état de nuire au plus tôt par les
moyens les plus énergiques. C'est ainsi que les pertes en vies humaines
seraient réduites au minimum possible.
Le Général de Corps d'Armée AILLERET
Commandant Supérieur des Forces en Algérie.
---==oOo==---
QUELQUES DOCUMENTS COMPLEMENTAIRES ...
à méditer.
1) La réponse du Délégué Général en
Algérie, Jean Morin, au Préfet de Police d'Oran (24/7/1961),
nous apprend :
- d'abord que l'intervention de "véhicules,
aéronefs et navires, pourvus d'armement à grand puissance" était prévue
depuis une Instruction Ministériel du 1er mars 1961, soit depuis les premiers contacts
secrets avec le GPRA.
- ensuite, l'inquiétude du Préfet qui l'a
conduit à demander des précisions.
- enfin, que le souci d'une grande rapidité de
réaction, a conduit le DGA à demander une délégation lui permettant
d'autoriser l'autorité civile à "demander ou requérir" de
l'autorité militaire, l'emploi de ces moyens.
2) la note 3.959 du Général Ailleret
(16/10/1961) que la DGA "vient de l'obtenir". Le GENESUPER la
répercute aussitôt aux Corps d'Armée, en précisant: "l'autorité
militaire reste toujours libre du choix des moyens". Les directives du
Gouvernement seront appliquées, sans hésiter, par Jean Morin et Ailleret
"choisis pour ça".
3) la directive n° 4737 du G. Ailleret
(26/12/1961), précise son ordre du jour du 20 septembre précédent. On
remarque qu'il n'y est pas question du FLN ou de l'ALN, mais uniquement des
"organisations factieuses se réclamant de la soi-disant OAS".
4) les extraits de la note 731 (2/3/1962) prouve
une constante dans les directives, et présentent dans la formulation, un
certain humour qu'il est permis de ne pas apprécier.
5) message n° 3722 du 18 mars 1962
En dépit de huit années de terrorisme FLN, la
Cour Martiale n'existait, semble-t-il, ni à Oran, ni à Alger, puisque le
Général De Gaulle estime nécessaire de les créer à la veille de
l'annonce officielle de la signature des Accords d'Evian. Sans commentaire...
6) Le Général de Menditte ayant
rapidement relu les instructions du GENESUPER, les répercute aussitôt par une
note (24/3/1962).
7) et Bab-el-Oued, sans la moindre envie de
commenter.
Le souvenir passe d'hommes de tous ages rafles
sans ménagements, et d'une petite fille de dix ans, tuée par le
"Service d'Ordre" pour avoir entrouvert ses volets...
8) enfin, le 26 mars 1962, la révolte indignée
et douloureuse, d'un inconnu.
---==oOo==---
F I N
|