LES MAGOUILLES DES GAULLISTES,
DES GAUCHISTES ET DES MEDIAS N’ONT JAMAIS CESSÉES
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MAI 1968 ou MAI 2002 « kif kif bourrricot »
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EXTRAITS
de « Aux Ordres du S.A.C.
de Serge Ferrand et G.Lecavelier
(Editions Albin Michel 1982)
M A I - 1 9 6 8
LA TRIQUE
...
...
Seigneuret a décidé de calmer pour un bout de temps les agités du
C.A.L. dans les lycées Honoré-de-Balzac et Stéphane-Mallarmé
où les gauchistes sont pour ainsi dire chez eux. Ce vendredi 10 mai,
nous suivons un cortège qui se dirige vers la place Denfert-Rochereau.
A un moment donné, je repère un meneur que nous embarquons, non sans
avoir préalablement étendu quatre de ses camarades. Direction rue de Solférino.
Au cours de l'interrogatoire, il nous révèle que du matériel est sorti du
lycée Balzac et que les maoïstes viendront aussi en chercher à la
fac de sciences dans l'après-midi pour leur manif de 18 h 30.
Ce renseignement en recoupant d'autres venus de différents secteurs, la
mobilisation générale est décidée. A 18 heures, deux cents hommes occupent
le Q.G. Néanmoins rien ne se produit jusqu'à 21 heures, heure à laquelle
tombe la nouvelle : des barricades s'élèvent au Quartier latin sans que la
police réagisse.
On nous distribue des matraques de C.R.S. et de ces grenades au chlore qui
défraient la chronique. Une fois les groupes constitués et les missions définies,
nous nous acheminons vers le théâtre des opérations. Mon groupe prend
position derrière les forces de police, rue d'Abbé-de-l'Épée, près
du Panthéon où une autorité va s'informer sur la situation auprès d'un
gradé de la préfecture de police.
Une parenthèse ; si les commissaires tolèrent mal nos interventions, il
n'en est pas de même des simples flics qui savent qu'ils auront à se battre
pour détruire ces barricades.
Il est 2 heures quand les premières sommations sont données boulevard
Saint-Michel. A 2 h 15 les fusées rouges déclenchent l'attaque des forces de
l'ordre...
Le rôle de notre groupe qui s'est scindé en plusieurs sections, consiste
à repérer et à matraquer les guetteurs de la manifestation. Nous prenons la
direction de la place de l'Estrapade, aux cris de « camarades, avec nous !
»... Le mot d'ordre est : « Pas de quartier, pas de prisonniers mais des
gisants partout où nous passerons... ».
Trompés par nos slogans bidon, les gauchistes nous laissent
approcher et nous fondons sur eux. C'est la débandade. Nous rappelant le mot
d'ordre, nous laissons tous ceux que nous rattrapons sur le carreau. Les
secouristes les récupéreront un peu plus tard et par la suite, l'U.N.E.F.
demandera l'ouverture d'une enquête sur ces civils dont elle dénoncera la
brutalité sauvage.
Même scénario un peu plus loin. On s'approche d'une petite barricade aux
cris de « camarades », etc. Les défenseurs nous prennent pour des
manifestants refluant devant les flics et on se rend maîtres des lieux en un
temps record, Les fuyards se dirigent en courant vers une autre barricade de
la rue de l'Estrapade. A présent, plus d'effet de surprise à attendre. Nous
lançons
nos grenades et les quelques cocktails Molotov récupérés sur les
lieux.
Les gauchistes sont surpris. D'ordinaire, c'est aux jeunes militants
d'Occident qu'ils ont affaire, et non à des adultes parfaitement décidés à
ne pas faire de sentiment. D'où leur peu de conviction lorsque, quelques
instants plus tard, ils tentent de reprendre la barricade perdue. Chaque fois
que nous parvenons à faire un prisonnier, nous nous arrangeons pour que la vision
de ce qui lui arrive dissuade ses camarades... Ce n'est que beaucoup plus tard
que les forces de l'ordre viennent nous relayer. Il faudra une longue
conversation avec les gradés pour que nous puissions repartir, personne ne
comprenant très bien notre rôle dans ces combats de rues.
On finit la nuit en procédant à des attaques éclair autour de la place
Saint-Michel.
Comiti et Seigneuret nous félicitent pour ces actions mais nous
interdisent de les renouveler, les commissaires s'étant à juste titre étonnés
de se voir reprocher des blessures graves infligées à des manifestants
- Blessures qui, de toute évidence, n'étaient pas de leur fait. Dès lors,
une certaine suspicion va s'installer dans les rapports entre la police et le
S.A.C. ; ce dernier en profitera pour dresser une liste de commissariats et
d'unités de la préfecture de police jugés peu sûrs.
A la suite de la nuit des barricades du 10 au 11 mai, le S.A.C. tire les
conclusions de ses actions. Il en ressort que les plus rentables sont celles
qui lui permettent d'amasser les renseignements concernant les militants gauchistes.
On me charge logiquement de la liaison avec les militants d'extrême droite
susceptibles de me fournir des listes d'étudiants gauchistes. A partir de ces
listes et des divers renseignements recueillis, des actions ponctuelles sont décidées,
tel l'incendie du local du Parti communiste, dans la cité des Fleurs.
Une équipe décide d'incendier l'atelier de sérigraphie du lycée
Honoré-de-Balzac. C'est là que sont composées toutes les affiches gauchistes
qu'on trouve sur les murs de Paris. Des hommes pénètrent dans le lycée par
la rue Bois-Ie-Prêtre, munis de plusieurs jerricans d'essence. Ils
versent l'essence sur des vieux papiers qui jonchent le sol un peu partout,
puis allument une mèche. En quelques minutes l'atelier (une sorte de bâtiment
provisoire en bois et en ciment) brûle entièrement.
Ils lancent également une grenade offensive dans une salle où se tient
une réunion de parents d'élèves, dans le lycée Stéphane-Mallarmé. Pas de
blessés mais un affolement général ; toutes les vitres sont brisées. Ce
sera la dernière réunion de parents d'élèves gauchistes dans ce lycée.
C'est ensuite l'assaut du siège du P.S.U., rue Mademoiselle. Le gardien
est matraqué et ligoté, les archives enlevées ou détruites.
Bavure à la faculté d'Orléans. Partant du principe que tout étudiant séjournant
à l'intérieur d'une faculté est un occupant gauchiste, cent hommes des
groupes de Bernasconi, de Poulain et de Maréchal,
attaquent la faculté et parquent les étudiants, gauchistes et modérés
confondus, procèdent à des pressions dites psychologiques, en dévêtent
certains, jettent le fils du consul du Japon dans la rivière, puis bastonnent
les récalcitrants. Les fichiers sont volés, mais c'est probablement la plus
stupide des opérations montées au cours du mois de mai. D'autant qu'une
voiture du S.A.C. est victime d'un grave accident. La gendarmerie sera très
étonnée de trouver dans le coffre un stock d'armes et d'explosifs...
Pour parfaire le grotesque de cette situation, un Hongrois confectionne un
drapeau bleu, blanc, rouge avec des sous-vêtements féminins.
Le 30 mai, le général de Gaulle déclare : « Place à l'action
civique ! »
A Marseille, Kappé et son adjoint Flossi, dit « Siflo »,
se méprenant sur la signification du message, investissent le central téléphonique
à la tête de leurs troupes composées pour une grande part de petits truands
et d'interdits de séjour. Kappé se rend au bureau du préfet et prend
sa place. Pendant douze heures, il aura en main les commandes de la région et
il faudra une intervention de Paris pour que le préfet regagne son poste.
.GÉRARD KAPPEEnviron 50 ans. If80 mètre... Solidement charpenté.,.
Anticommuniste convaincu..t Dirige durement le S.AC de Marseille et la
Communauté paneuropéenne, une sorte de S.AC parallèle (les bureaux des deux
organisations sont d'ailleurs situés dans le même immeuble du 84 rue Nau)...
Aux individus dont le casier judiciaire trop chargé interdit l'inscription au
S.AC, Kappé favorise l'entrée à la Communauté. C'est au port d'un
écusson — croix rouge sur cercle bleu — que les hommes du S.AC officiel
reconnaissent ceux de la Communauté sur le théâtre des opérations... Établit
en mai 1968 des listes d'opposants à parquer à la chilienne sur le stade de
Marseille... Participe à un vol d'armes sur la base militaire d'Istres, en
compagnie de son adjoint Flossi, lequel déclare lors du procès qui
suit leur arrestation : « C'est une affaire qui ne regarde que le S.AC
/ »...
Le chef marseillais devra passer le pouvoir après la publication des
documents concernant le parquage des opposants,
Une anecdote illustre assez bien les manières du personnage, sa puissance
et sa respectabilité dans la ville de Marseille. Deux mois après ses facéties
guerrières, je l'invite à dîner avec trois de ses amis dans un restaurant
très coté de la Roche Rouge Capelette, sur le bord de mer. Au cours du repas,
un petit groupe de personnes pénètre dans l'établissement et s'installe à
l'autre bout de la salle... Soudain, Kappé sort son revolver de
dessous sa veste, en ôte une balle et appelle un serveur. Il glisse la balle
dans la main de celui-ci (qui ne s'émeut pas outre mesure, sachant de toute
évidence à qui il a affaire) en disant : « Va donner ça au monsieur, là-bas
! »
Une minute plus tard arrive le destinataire de l'objet, complètement affolé.
Je suis tellement sidéré que la conversation me restera gravée dans la mémoire.
— Mais enfin, monsieur Kappé, qu'est-ce que je vous ai fait ? Je
ne comprends pas !
— C'est rien, monsieur le commissaire, c'était une farce ! Je voulais
vous saluer et vous présenter un ami parisien ! (Moi, en l'occurrence).
L'homme — son soulagement est à présent manifeste — n'est en effet
autre que le commissaire adjoint de l'Échevêché, à la direction de la
police judiciaire... Il nous offre une tournée puis repart tout content vers
ses amis, sans que je puisse m'empêcher d'imaginer qu'à Paris, la même scène
nous vaudrait une mise en garde à vue immédiate.
Le 30 mai, jour de la manifestation gaulliste sur les Champs-Elysées,
quatre cents hommes du S.A.C., armés de grenades, de pistolets et de
mitraillettes Uzi, prennent position sur la place de la Concorde et tous les
axes d'arrivée.
Pendant ce temps, nous assurons la sécurité des députés, à l'Assemblée
nationale. Beaucoup d'entre eux se comportent comme de véritables poltrons,
évitant d'arborer leur écharpe tricolore (pliée dans leur poche) et buvant
comme des trous pour se rassurer. A l'heure prévue pour la manifestation,
nous sommes forcés d'en bousculer quelques-uns (pour être tout à fait
dans le vrai, à coups de pied dans les fesses), pour les aider à se décider.
Surprise ! Ce sont ceux-là qui, désormais persuadés de ne courir aucun
danger, gueuleront le plus fort sur les Champs-Elysées.
Autre détail amusant ; un des fondateurs du S.A.C.,
encore aujourd'hui en activité dans le service, a fait signer à trente de
ces gaullistes prêts à retourner leur veste une pétition proposant un
compromis avec la gauche. Une fois la grande peur passés, ces trente
signataires, réélus, paieront cher leur couardise. A savoir, pour prix de la
non-divulgation de cette trahison, une soumission totale aux futures exigences
du S.A.C.
Élections
Après la manifestation du 30 mai et la dissolution de l'Assemblée,
les opérations contre les communistes et les gauchistes s'espacent, la préparation
des élections constituant l'essentiel de nos activités. Le premier jour de
ces élections est fixé au 23 juin. Rue de Lille, au siège de l'U.D.R. dont
nous gardons l'entrée, nous voyons les personnalités politiques faire la
queue pour les investitures. Quand notre équipe n'assure pas le collage dans
Paris des affiches du Centre d'action civique sis rue de Vaugirard, dans la
permanence de Mme Nicole de Hautecloque, elle soutient par des actions
ponctuelles la campagne des députés. Naturellement, je participe à
certaines de ces actions.
Le bavard
Secrétaire général de l'amicale parlementaire Présence et Action du
gaullisme, de Grailly se présente dans sa circonscription du XIVe
arrondissement.
Notre équipe est mise à sa disposition. La première réunion se déroule
sans incident mais la seconde doit avoir lieu dans une école des Beaux-Arts,
non loin de la rue Montparnasse et nous nous attendons à des incidents.
Les gauchistes ont en effet, d'après nos renseignements, juré de détruire
un film exposant les conséquences des événements de Mai sur l'économie
du pays, film que de Grailly tient absolument à projeter. Munis de
notre matériel habituel, nous attendons l'attaque de pied ferme mais, excepté
l'intervention bruyante de quelques contradicteurs vite expulsés, rien ne se
produit.
Grisé par ce « succès », de Grailly n'en finit plus de pérorer
à la tribune et nous sommes contraints de couper l'électricité pour le
faire taire.
Ensuite, il exige de « remonter » le boulevard Montparnasse en notre
compagnie, drapeau tricolore en tête, afin d'offrir un pot à la Coupole. Là,
rebelote. Les tournées succèdent aux tournées et le candidat ne paraît pas
le moins du monde décidé à mettre fin à ses interminables discussions.
Discrètement, on subtilise son drapeau avant de le ramener à son
domicile, quasiment en le poussant...
Deux autres réunions se dérouleront exactement de la même façon.
Sans doute pour me remercier, de Grailly me reconnaîtra formellement
sur une photo, quelques années plus tard, comme l'un de ses kidnappeurs, au
cours de l'enquête sur son enlèvement dans une malle. Aucun témoin ne
m'ayant reconnu, je serai malgré ses allégations totalement innocenté.
Au secours !
Michel Caldaquès, président du conseil municipal de Paris, est
candidat dans une circonscription facile, le VIIe arrondissement. Un soir, il
tient un discours dans une école située à deux pas de l'avenue Rapp lorsque
quelques contestataires se mettent soudain à le prendre à partie. Aussitôt
pris de panique, Caldaquès téléphone au Q,G, du S.A.C. pour demander
du renfort.
Toujours prêt à s'inquiéter, Seigneuret nous ordonne de partir immédiatement
et nous arrivons sur les lieux en un temps record après avoir, par souci de
discrétion, garé nos véhicules dans l'avenue Rapp,
Ce que nous ne risquions pas de prévoir, c'est la frousse des hommes de Caldaquès.
Nous voyant arriver de loin, ils ferment les portes de l'école et appellent...
les flics ! Nous sommes encore en train de frapper comme des sourds à cette
porte quand le car de police freine juste derrière nous. Pas le temps de leur
expliquer quoi que ce soit ! On nous embarque, on nous fouille sans ménagements
et, naturellement, on découvre des matraques, des grenades au chlore et des calibres
11,43.
Dix minutes de palabres, la présence du candidat trop craintif et
un coup de téléphone au ministère de l'Intérieur
sont nécessaires à notre libération... Fiasco de la réunion, mais Caldaquès
se rachète en offrant un gigantesque pot d'honneur,
Bon chic, bon genre...
Sentant Raymond Triboulet un peu délaissé dans son fief de Bayeux,
le S.A.C, constitue une équipe de soixante hommes pour surveiller le grand
meeting que le ministre doit y tenir. Vu le genre de la circonscription,
une tenue de ville ultra-correcte est exigée, et il ne nous est permis
d'emporter que quelques discrètes matraques télescopiques. Triboulet,
paraît-il, ne court aucun danger. Néanmoins, la consigne ne me plaisant pas,
je cache dans nies poches quelques grenades offensives et des lacrymos.
En fin d'après-midi, notre car pénètre dans Bayeux où des agapes ont été
prévues à notre intention dans un grand restaurant. A 20 h 15, nous prenons
position dans la grande salle paroissiale aménagée pour le meeting. Environ
vingt rangées de bancs sont disposées de part et d'autre de l'allée
centrale qui mène à l'estrade.
Quelques notables s'installent sur les bancs puis c'est la surprise : une
centaine d'ouvriers (renseignements pris, ils arrivent de Caen) débouchent,
suivis de près par des marins pêcheurs et des étudiants. Naturellement, nos
costumes nous font repérer et je sens la bagarre inévitable. L'arrivée du
ministre déclenche les hostilités. Coups de sifflets à roulette, hurlements
des manifestants, il devient vite évident que Triboulet ne pourra pas
prendre la parole.
La porte est bloquée par les nouveaux arrivants. Je lance mes grenades
dans tous les coins pour permettre aux autres de faire sortir l'orateur par
une fenêtre. Pour retourner au car, nous sommes obligés de frapper à tour
de bras.
Fous de rage, nous prenons le chemin de Caen où nous
faisons sauter le siège du syndicat C.F.D.T, et celui de l'U.N.E.R, puis nous
rentrons à Paris sur les chapeaux de roues.
Méthodes marseillaises et grenades piégées
Encore une bavure du S.A.C. marseillais. A Levallois, de jeunes militants
ILD.R. protégés par des hommes de Kappé venus de Marseille à cet
effet sont agressés lors d'un affichage par des cheminots qui leur lancent d'énormes
boulons. Les Marseillais répliquent à coups de revolver et blessent aux
jambes trois ouvriers.
Devant le tollé, deux membres de cette équipe sont arrêtés, Cissoko,
un Malien, et Valencia.
Afin d'éviter de nouvelles bavures, on décide de changer les équipes et
la campagne de Charles Pasqua à Levallois revient à Pierre Benhez
Kollah qui me prend comme adjoint. Nous disposons d'une trentaine d'hommes,
d'un parc automobile composé de vieilles Frégate et de Vedette aux pare-chocs
renforcés, de deux 404 et de trois estafettes. Tous ces véhicules sont équipés
d'émetteurs récepteurs reliés à un poste de commandement situé dans la
permanence de Pasqua, 81, rue Henri-Barbusse, le responsable de
l'installation radio, « Loulou » Piquet, bénéficiant des
conseils d'un spécialiste du ministère de l'Intérieur.
Nous logeons dans un hôtel (propriété de Charly Lascorz) fermé
par la brigade des mœurs. Après la fusillade, les armes entreposées dans
cet hôtel (fusils, grenades et revolvers) ont été déménagées chez
Me Billiet, rue de Longchamp où « Siflo », adjoint de Kappé,
aura beaucoup de ma! à en récupérer quelques-unes, jugées personnelles.
Une petite précision : c'est parce qu'un commissaire a prévenu à temps Charles
Pasqua de l'imminence d'une perquisition dans l'hôtel qu'une situation gênante
a pu être évitée...
Les moins présentables des Marseillais ont été réexpédiés vers leur
ville d'origine mais une trentaine d'hommes séjournent encore au 132, rue de
Longchamp, au cinquième étage et dans la loge de la concierge où se sont
installés Spiridon Christoyanis et deux Belges, tous trois anciens
mercenaires du Congo. Les Belges seront arrêtés au cours du mois de mai 1969
pour vol de F.A.L. (fusil mitrailleur belge) dans une caserne de parachutistes,
après avoir tiré sur un barrage de gendarmes.
Quant à Christoyanis, arrêté lors d'une bagarre, il refusera de décliner
son identité. Une perquisition à son domicile, rue de Longchamp, permettra
de découvrir un jeu complet de papiers officiels de l'armée belge, une
dizaine de passeports de nationalités différentes, portant tampons et photo
(toujours la sienne), ainsi que le fichier des mercenaires du centre Bukauu.
Devant son mutismç, une commission rogatoire enquêtera dans tous les pays
censés lui avoir délivré un passeport, mais il sera relâché après
deux mois d'incarcération.
On reparlera encore de l'équipe des Marseillais participant à la campagne de
Pasqua lors du démantèlement d'un gang de tueurs et de braqueurs...
A la suite d'un règlement de comptes entre truands membres du S.A.C.
marseillais, Michel Faure et Antoine Angius sont arrêtés et
inculpés de meurtre.
Au cours d'un interrogatoire, ils mettent en cause Lovicini et Fiol,
également membres du S.A.C, lesquels, à la suite de leur arrestation, dénoncent
Alain Faure, un autre membre du S,A.C. C'est ce dernier qui balance le
reste du gang ainsi que sa planque, le Clos des Palmiers, à Cap-Brun, non
loin de Toulon, le chef de ce gang n'étant autre qu'André Grenato,
intime de personnalités gaullistes très en vue des Alpes-Maritimes,
du Var et des Bouches-du-Rhône. Dans la villa, la police appréhende Grenato
et Lomini, ce dernier appartenant au S.A.C, de Marseille et trouve,
cachés dans un buffet, onze pistolets et revolvers, des munitions, des
cagoules et des poignards.
Après reconstitution de leurs carrières respectives, ils sont inculpés
pour le meurtre de trois truands (Darmon, Foucade et Soubigou),
de l'attaque du C.C.F. (trois millions de butin) le 25 mai 1969, de l'attaque
contre le consulat d'Autriche (butin : un million et demi) le 10 juin de la même
année, du casse de la bijouterie Bohmelt le 19 août 1969, du hold-up
de la Société Générale, avenue Victor-Hugo à Paris le !1 septembre, de
celui du Crédit Lyonnais treize jours plus tard, de celui de la Banque
populaire du Pradet le 30 décembre... Sans oublier une dizaine d'autres
attaques à main armée entre février 1969 et décembre 1969.
Tous sont en possession de la carte du S.A.C. et de son écusson.
Encore à l'actif des Marseillais, un extraordinaire coup de chance qui
leur permet de récupérer des carnets à souches contenant les adresses de
centaines de sympathisants de gauche.
En se dirigeant vers Paris, une voiture de leur équipe prend à son bord
un auto-stoppeur qui, sans qu'on lui demande rien, se vante d'appartenir à un
groupe d'étudiants gauchistes occupant la Sorbonne... Il ne pouvait décidément
pas mieux tomber ! Les Marseillais ont avec le vantard imprudent ce qu'ils
appellent une « petite discussion », et l'étudiant finit par leur
avouer que sa mission consiste à regrouper pour la comptabilité tous les
carnets à souches servant à recueillir les fonds pour les grévistes des
usines de Flins et d'ailleurs.
Il les conduit à son domicile où les Marseillais récupèrent cinq mille
souches portant le nom, l'adresse et la profession des donateurs et apprennent
aussi que le fonds de roulement (environ cinq millions) transite par le comité
de coordination et d'occupation de la Sorbonne, escalier H, 1er étage.
Pour la petite histoire, un des participants à cette opération me confiera
en juillet que ces carnets leur ont servi aussi à organiser un fructueux
racket... En effet, après avoir relevé les noms des donateurs les plus généreux,
ils se sont rendus chez ceux-ci, en choisissant de préférence les avocats,
les médecins et les gros commerçants...
Les Marseillais montraient leurs cartes du S.A.C., puis mettaient les
photocopies des souches sous les yeux de leurs interlocuteurs pour finalement
exiger une... contribution au moins égale pour le Service. En cas de refus,
ils promettaient que le S.A.C. s'occuperait tout particulièrement de leurs
cas.
Affolés de voir ces papiers compromettants traîner dans des mains aussi
douteuses, les gens payaient sans rechigner.
Les Marseillais ont ainsi pu se constituer une jolie cagnotte.
La campagne de Pasqua s'annonce dure mais à la permanence, un
ancien hôtel-bar-restaurant, nous sommes sûrs de ne pas manquer de boissons
(Pasqua dirige encore les sociétés Gancia et Ricard).
Organisés en équipes mobiles vingt-quatre heures sur vingt-quatre et
disposant de véhicules-radio, nous sommes en mesure de tenir un secteur passé
sous influence communiste depuis de nombreuses années.
Jans Parfait, le maire de Levallois, ne nous laisse aucun répit et
ses employés municipaux décollent systématiquement nos affiches.
Avant même la fin de la campagne, ils ont, comme nous, épuisé leur stock
d'affiches mais sans doute effrayés par la réputation que nous ont faite les
Marseillais, ils se gardent bien de nous provoquer directement.
Une fois nos affiches épuisées, nous utilisons des pneus de poids lourds
gonflés à haute pression pour peindre des croix de Lorraine et des « Votez Pasqua
»,
La peinture que nous fournit l'entreprise du général Grossain est
habituellement destinée aux autoroutes ; autant dire qu'il est très
difficile à nos adversaires de l'enlever.
Pasqua est élu et le soir de la proclamation des résultats nous
devons pour le dégager recourir à des lancers de lacrymos, les communistes
s'étant groupés dans les jardins et sur les flancs de la mairie. Une
innovation : on nous a fourni des grenades piégées dont les bouchons
allumeurs, normalement réglés avec un retard de trois à six secondes pour
permettre un lancer sans risque, sont dans le cas présent à déclenchement
instantané.
En détalant, nous perdons volontairement nos sacs de grenades offensives,
puis nous feignons de vouloir les récupérer afin d'attirer sur elles
l'attention de nos poursuivants. Quelques instants plus tard, les engins
explosent dans les mains de ceux qui tentent de les jeter dans notre
direction. Deux des lanceurs sont ainsi grièvement blessés aux mains, aux
bras et au visage.
Des campagnes similaires sont menées par nos différents groupes à
Bordeaux, au Mans et à Rennes où Michel Debré est contraint par ses
gardes du corps de s'allonger dans la travée d'un car lapidé par des
manifestants.
La purge
Les élections de Pasqua terminées, nous retournons pour la première
fois depuis longtemps au Q.G. de la rue de Solférino où une surprise
de taille nous attend : de nombreux militants qui s'étaient portés malades dès
le début des événements ont été en notre absence intégrés sans concours
dans diverses administrations. En ce qui me concerne, j'avais rempli un
curriculum vitae pour entrer aux Renseignements généraux ou à la D.S.T.,
mais aucune suite n'a été donnée à mes démarches.
Naturellement, ce sont ces lâches qui, de peur de se voir reprocher
l'abandon du navire au moment critique, se prétendent les plus purs et les
plus durs fidèles du gaullisme, donnant à tous des leçons de civisme.
Seigneuret me convoque à son bureau et m'annonce qu'on va retirer
la carte du S,A.C à quatre de mes camarades connus pour leurs opinions d'extrême
droite ainsi qu'à... moi-même ! Il fallait que je comprenne que le S.A.C. se
devait de reprendre désormais sa « voie traditionnelle », etc.
Bref, il me remercie et je l'envoie sur les rosés : pas question pour moi
de rendre ma carte ! Alors, il me conseille d'aller exercer mes talents aux
Comités de défense de la République (C.D.R.). Ceux-ci ont justement été
créés pour rallier tous ceux qui, à droite et à l'extrême droite,
voudraient bien agir sans pour autant militer au S.A.C
Peu à peu, je comprends : il serait gênant pour le S.A.C. de garder dans
ses rangs les témoins de la couardise de certains dirigeants. C'est
d'ailleurs aux problèmes que ne vont pas manquer de poser l'épuration et la
réorganisation du service que Debizet dit « Debarges » doit
sa nomination à la tête du S.A.C, nouvelle façon.
Ecœurés par ces méthodes, les équipes de province nous quittent et
beaucoup de leurs membres démissionnent pour rejoindre les C.D.R.
Avant de partir, l'équipe de Marseille fait un petit cadeau à Seigneuret
en calant deux grenades O.P. sous sa voiture. Les goupilles, réglées de façon
à pouvoir se détacher à la moindre traction, sont reliées par un cordonnet
en nylon invisible à un clou enfoncé entre deux pavés de la chaussée, à
l'arrière du véhicule. Les goupilles sautent dès la mise en mouvement de la
voiture.
Beaucoup de bruit, au sens propre comme au sens figuré,,. La voiture est détruite
et en haut lieu, on commence à se rendre compte qu'un malaise existe entre le
S.A.C.-Région parisienne et le S.A.C,-Province.
L'heure est aux exclusions très embarrassées, mais le régime hésite
encore à se séparer de façon spectaculaire de ses alliés encombrants. Il
n'y parviendra d'ailleurs jamais tout à fait.
Pour l'instant, tous ceux qui s'attendent à être mis sur la touche
envisagent de créer des structures parallèles, mais dans un premier temps,
les C.D.R, semblent tout indiqués.
Néanmoins, les vacances approchant, rendez-vous est pris pour septembre.
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SEIGNEURET. Environ 50 ans. 1,70 mètre... Aussi large que haut.,.
Officier de police contractuel... Perçoit une solde d'inspecteur de police
tout en émargeant au ministère de l'Agriculture -en tout, 6 000 à 6
500 francs par mois en 1968... S'octroie la part du lion des frais de mission
(pratique courante à l'époque... Possède une D.S, noire de fonction
qui, à la suite de différends financiers avec l'équipe du S.A.C.
marseillais, explose en juin 68.. En obtient une seconde trois jours plus tard...
Passe son temps à boire et à vociférer dans les bureaux du troisième étage...
Déjeune très souvent au restaurant « La Tour de Montléry » dont le patron
aura des démêlés avec la justice et où dînera très souvent le président
Giscard d'Estaing.,. A trois adjoints :
GAINZA, dit « Quat'zieux » à cause de ses énormes lunettes. Emarge
aux P.T.T. Penchant très net pour la boisson...
VINCENT RAOUL. 1,73 m, très mince, brigadier de police détaché au
S.A.C. Aura à choisir entre le S.A.C. et la police lors de l'arrivée de Michel
Poniatowski au ministère de l'Intérieur. Choisira le S.AC , et deviendra
le responsable de la sécurité au futur siège du Service, 29 rue de
Leningrad.
MlCHENOT. 1,75 m environ, 50 ans, dit « le Croquemort » à cause de
son air pincé. Ne sourit jamais. Chargé des relations.
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M A I - 2002
RIEN N'EST CHANGÉ SI CE N'EST LE COUP DE VIEUX QUE NOUS AVONS PRIS.
SEPTEMBRE 2002
"
Il n'y a pas de raison que les uns soient poursuivis alors que Chirac
jouit de l'impunité totale"
Pour la première fois, Didier Schuller dénonce les méthodes du
financement politique et cite des noms !
EXTRAIT
recueilli dans
http://www.investigateur.ms/schullerinterview.htm
Interview de Shuller
L’Investigateur:
Pourquoi êtes vous parti en toute hâte ?
SHULLER:
-
Parce qu'on m'y a poussé.
- Parce que le clan Chirac-Pasqua m'a conseillé de le faire.
- Parce que j'avais des garanties.
- Parce que le cabinet noir de Chirac qui est un groupe d'hommes prêts
à tout, voulait faire tomber Balladur. Quand je pars précipitamment,
Balladur est à 32 % des intentions de vote. Il finira à la
moitié ou presque, à 18 pour cents.
- Parce que, alors que les détournements d'argent non public qui me sont
reprochés aujourd'hui et qui sont sans aucune commune mesure avec le pas
qu'on m'a fait franchir, il me fut dit que cela valait mieux, surtout pour le
parti, mais également pour moi. Et je suis resté pendant sept ans loin
de France, parce que j'ai été abusé.
Pour préserver le pouvoir, toutes les trahisons sont possibles.
http://www.algerie-francaise.org/enquete/
J'ai été abusé notamment par Francis Szpiner, qui jouait un
double jeu. On nous a fait craindre, Christel et moi, pour notre vie.
J'ai d'ailleurs toujours été en contact avec Szpiner lors de mon exil.
Son ami, l'avocat Jean-Hubert Wootly, avait d'ailleurs une propriété
à Saint-Domingue.
Szpiner était déjà proche de Jacques Chirac dont il est
d'ailleurs l'avocat aujourd'hui quand il venait me voir à Saint-Domingue
pour m'inciter à rester loin de France et pour me rassurer sur mon sort.
Encore au moment où mon fils Antoine a dénoncé ma planque, l'Elysée
a tenté de me faire rester là bas, au moins jusqu'après le second tour
des élections présidentielles.
J'ai été manipulé. D'ailleurs, mon exfiltration a beaucoup de
points communs avec celle d'Alfred Sirven. On dirait que l'histoire se
répète. J'ai eu l'occasion de m'en entretenir avec Sirven lors de mon
bref passage à la prison de la Santé.
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L’Investigateur:
Donc, vous connaissez Sirven, mais pas Chirac, puisque ce dernier dément vous
connaître.
SHULLER:
Il
ment. Je le connais depuis janvier 1971 ! Nous nous sommes rencontrés régulièrement
à cause de notre travail politique commun. Et je tiens à dire qu'il n'y a
pas de raisons que nous, on doit payer, alors que le chef jouit de l'impunité
!
L'investigateur
http://www.investigateur.ms/schullerinterview.htm
COMMENTAIRE
IL FAUT CROIRE QUE 82% DES FRANÇAIS SONT
AVEUGLES, BOUCHÉS OU ALORS CONS COMME DES BALAIS !
Gillou
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