DECLARATION
XI
Passage du livre
BASTIEN-THIRY VÉRITÉ |
DECLARATION
XI
BASTIEN-THIRY
Nous n'avons pas à nous justifier devant votre juridiction d'avoir accompli
l'un des devoirs les plus sacrés de l'homme, le devoir de défendre des
populations victimes d'une politique barbare et insensée. Nous ne devons de
comptes qu'à ces populations, nous ne devons de comptes qu'au peuple français
et à nos enfants. En faveur de ces populations, nous avons exercé le droit qui
est au cœur de l'homme, le droit qui exprime sa volonté de vivre et de
survivre, et qui est le droit de légitime défense.
Nous n'avons transgressé ni les lois morales ni les lois constitutionnelles en
agissant contre un homme qui s'est placé lui-même hors de toutes les lois,
hors des lois morales, hors des lois constitutionnelles, hors des lois humaines.
C'est pourquoi, si vous vous conformez aux lois de la République, vous devez
nous reconnaître innocents. Car avant de nous faire condamner, le pouvoir de
fait devrait faire modifier par le Parlement l'un des points essentiels de la
Constitution qui reconnaît à l'homme, en tant que droit fondamental et
inaliénable, le droit de résistance à l'oppression.
Pour nous, nous avons agi contre Charles de Gaulle en tant qu'il est un
citoyen justiciable comme les autres citoyens français des lois de la Nation,
et en tant que ce citoyen est responsable d'innombrables morts et d'immenses
souffrances, en tant que ce citoyen est responsable chaque jour de nouveaux
meurtres et de nouvelles souffrances, et en tant que c'est notre droit, et que
nous avons considéré que c'était notre devoir de défendre légitimement les
victimes de ces meurtres et de ces souffrances.
Nous n'avons pas de sang sur les mains, mais nous sommes solidaires de ceux qui
ont été amenés à verser le sang au cours d'une guerre civile qui a été
imposée par les parjures et par la trahison du pouvoir de fait. Nous sommes
solidaires du lieutenant Degueldre, qui a tenu son serment d'officier de
se battre pour ne pas livrer l'Algérie au F.L.N., et qui est mort. Nous sommes
solidaires des généraux de la prison de Tulle, de ceux que les circonstances
ont conduit à verser le sang, comme de ceux que les circonstances ont conduit
à ne pas verser le sang et que le pouvoir de fait a tenté récemment de
séparer à la suite d'une manœuvre de division conforme à la ligne de
conduite de ce pouvoir, qui n'a fait que diviser et que détruire.
Nous sommes solidaires de tous ceux qui, dans les prisons, dans la
clandestinité, à l'étranger ou en France, aux postes officiels ou dans les
diverses couches de la population, constituent la résistance française à
l'abandon et à la dictature. La Résistance nationale française est une, elle
ne se laissera pas diviser, elle sera debout tant que durera la dictature et
tant que durera l'abandon.
Un temps
Nous croyons avoir dit la vérité, après beaucoup d'autres hommes qui ont dit
cette vérité avant nous en de nombreux discours et en d'innombrables écrits.
Nous pensons que tôt ou tard cette vérité sera connue des Français et
l'emportera sur l'imposture et sur les mensonges des hommes au pouvoir, sur les
déclarations lénifiantes de beaucoup, et sur les silences complices de la
radio d'État, de la télévision d'Etat et de certains organes de presse.
Peut-être nos propos seront-ils déformés par la radio d'État, par la
télévision d'État, et par ces organes de presse, comme ont été déformés
ceux que nous avons tenus au moment de notre arrestation. On n'empêchera pas
qu'ils reflètent l'expression de la vérité.
Malgré l'extraordinaire mauvaise foi des hommes au pouvoir, malgré leur
extraordinaire cynisme, c'est une vérité qu'a y a eu, qu'il y a en France et
en Algérie des milliers de morts et de martyrs, qu'a y a des milliers de
disparus et des centaines de milliers d'exilés, qu'il y a des camps de
détention et de tortures, qu'il y a eu de nombreux viols et de nombreux
massacres, qu'il y a des femmes françaises obligées de se prostituer dans les
camps du F.L.N. C'est une vérité que le pouvoir de fait aurait pu épargner ou
limiter toutes ces horreurs s'il l'avait voulu; mais c'est une vérité qu'il ne
l'a pas voulu. C'est aussi une vérité que ce pouvoir fait le jeu du communisme
en divisant le monde libre.
C'est une vérité que l'homme contre lequel nous avons agi est, à tous
moments, passible de la Haute-Cour, et qu'il suffirait d'un minimum de
clairvoyance et de courage de la part des parlementaires pour l'y traduire. Le
dossier de ses forfaitures, de ses crimes et de ses trahisons existe, et des
milliers d'hommes sont prêts à témoigner de la réalité de ces forfaitures,
de ces crimes et de ces trahisons.
Nous avons exercé le droit de légitime défense contre un homme, au nom de
ses victimes, au nom de nos concitoyens et au nom de nos enfants. Cet homme
est ruisselant de sang français et il représente la honte actuelle de la
France. Il n'est pas bon, il n'est pas moral, il n'est pas légal que cet homme
reste longtemps à la tête de la France. La morale, le droit et la raison
humaine s'unissent pour le condamner.
La vérité que nous avons dite,
et que bien d'autres que nous ont dite avant nous, restera attachée au nom de
cet homme, où qu'il aille et quoi qu'il fasse. Un jour cet homme rendra compte
de ses crimes, devant Dieu, sinon devant les hommes.
La lumière
s'éteint
Passage du livre BASTIEN-THIRY
VÉRITÉ
par Geneviève JEAN BASTIEN-THIRY
(pages 219 & 220)
édité par le CERCLE JEAN BASTIEN-THIRY
B.P 70
78170 La Celle St Cloud
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