Ce
sont les
malheurs de la Patrie qui nous ont menés sur ces bancs |
La Cendre Et
La Braise
de Gerard
LEHMANN
Editions SDE
147-149, rue Saint Honoré 75001 Paris
p.105-106-107-
Le
22 août 1962, le groupe du colonel Bastien-Thiry organise un attentat au
Petit-Clamart. De Gaulle y échappe par miracle. Mais le colonel Jean
Bastien-Thiry paiera cette tentative de sa vie. Il sera condamné à mort
rejoignant ainsi le destin de Roger Degueldre, d'André
Piegts,
du sergent Dovecar. Ils ont leur juste place dans la mémoire de ceux de
l'Algérie française. De la déclaration que fit le colonel, et que l'on retrouve
dans le beau livre que son frère Gabriel lui a consacré: Plaidoyer
pour un frère
fusillé
(Paris
La
Table ronde 1966), je retiens ces passages:
Nous
ne sommes ni des factieux ni des fascistes, mais des Français nationaux,
Français de souche ou Français de cœur, et ce sont les malheurs de la Patrie qui
nous ont menés sur ces bancs [...]
Ce
fut à cette époque que des engagements solennels furent pris sous forme du
serment à Oran, à Mostaganem, à Bône, et ces serments proclamaient que l'Algérie
resteraient terre française et que tous les habitants deviendraient Français à
part entière. Ces engagements, nul n'était obligé de les prendre; mais des
qu'ils étaient pris par un chef de gouvernement nouvellement investi, ils
avaient la valeur de programme politique. Serments prêtés par un officier
général en uniforme, devant d'autres officier
et
soldats ; c’était une question d’honneur, d’honnêteté intellectuelle, de simple
bonne
foi
de tout faire, de faire tout ce qui était humainement possible pour honorer ces
engagements.
Ils
signifiaient la parole donnée au nom de la France, par d’innombrables officiers
et fonctionnaires ; ils signifiaient l’engagement à nos cotés, dans la vie et
dans la mort, de milliers de musulmans français qui, par les paroles mêmes du
nouveau chef de l’Etat français, étaient incités à faire confiance à la France
et à se ranger à nos cotés.
Le
peuple français et les communautés d'Algérie avaient, à l'occasion du référendum
de novembre 1958, approuvé massivement le principe de l’Algérie terre
française ;
la nouvelle constitution, qui n’a pas été révisée depuis sur ces points,
confirmait l’appartenance à la Nation des départements
français d'Algérie et du Sahara, rendait le président responsable, sous peine de
haute trahison, de l'intégrité du territoire et déclarait implicitement, en son
article 89, qu'aucune procédure de révision ne pouvait être engagée concernant
l'intégrité du territoire
(pp.
106-107).
Avec
Jean Marcetteau de Brem, assassiné le dix-huit avril 1963 dans une rue de
Paris par la police, et qui rend hommage au colonel dans un long poème que j'ai
jadis recopié dans les cahiers de mon journal de prison, je lui dis, nous lui
disons:
Merci pour tout, mon colonel.
D'avoir vécu en Français
Et
d'être mort en officier.
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