De tous les continents où s'étendait l'Empire
Des confins des déserts et des vertes rizières
Des djebels enflammés où le soleil inspire
Les guerriers au repos dans les bleus d'Outre?Mers
Ils sont venus ardents de leurs terres lointaines
Pour chasser l'ennemi du coeur de ton domaine,
0, ma France !

Tirailleurs et spahis, goumiers, moghazenis
Zouaves chamarrés des habits de l'Orient
Coiffés de leur chéchia de serviteurs bénis
Sénégalais, turcos, tonkinois souriants

Ils sont venus croyant en la gloire pérenne
De mourir aux combats d'Alsace et de Lorraine,
Pour la France.

Leurs langues se mêlaient dans leur fraîche faconde
Berbère et bambara, arabe et toucouleur
Malgache, laotien... tous dialectes du monde
Mais venaient en français défendre nos Couleurs.
Ils sont venus parler le langage des armes
Sur ton sol outragé au plus fort des alarmes,
0, ma France !

Ils ont donné leur vie dans les chants du combat.
Le chèche ensanglanté noué sur leurs blessures
En fredonnant encor'un refrain de nouba
Quand leur sang généreux empourprait leur vêture.

Ils sont venus mourir au fracas de nos guerres.
Ils sont venus nourrir la glèbe de nos terres
En notre Alsace.

Ils sont ensevelis dans la terre de France
Parmi leurs frères d'Arme en pieuse mémoire
Incorporés au sol de notre délivrance
Dans leur humilité qui fit naître leur gloire.

Ils sont couchés dormant dans la grande Espérance
Des matins de l'éveil et de la renaissance.
Ne les oublie jamais, ma France !

M.-B. Weigel ,
Promotion de Saint-Cyr-« Maréchal de Lattre » (51-53).