PAROLES DE
LACOSTE
LE CRAPOUILLOT
N°93-avril 1987-page 12
Recueilli par Sévira
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En janvier 1956,
vedette de la liste du Front républicain en Dordogne, Robert Lacoste
signait l'affiche suivante, placardée dans tous les villages de son
département :
« Halte à la guerre en Afrique du Nord.
« 100 000 soldats sont morts en Indochine.
« Combien tomberaient en Afrique du Nord si une nouvelle guerre coloniale
devait conduire à un nouveau Diên Biên Phu ?
« Déjà, on compte 320 500 hommes sous les armes en Afrique du Nord, dont
168 000 en Algérie.
« Déjà 60 000 hommes de renfort sont demandés de toute urgence.
« Il faut, une fois de plus, choisir entre une solution de force avec tous
les sacrifices de misère et de sang qu'elle implique et une solution de paix
honnête et juste par la voie des négociations.
« Après avoir, avec Mendès-France, l'homme qui a tenu ses promesses,
mis fin à la guerre d'Indochine, le Parti socialiste - d'accord avec
les autres partis du Front républicain - vous demande de lui faire confiance
pour arrêter la guerre qui commence en Afrique du Nord.
... « Chassez ceux qui sont responsables des erreurs d'Indochine et du Maroc,
ceux qui persistent à croire q'il suffit d'un fantoche et d'une armée pour
maintenir la présence française dans les pays d'outremer.
|b]POUR LA PAIX…. Votez socialistes
et Front républicain. »
Mais voilà que Robert Lacoste est nommé ministre résident et le ton
change du tout au tout.
En avril 1956, devant le Conseil général de la Dordogne, Robert Lacoste
s'écriait :
«
Il ne faut pas engager des négociations précipitées au moment où justement
l'armée, après avoir touché le fond de l'abîme, a retrouvé le sens
profond de sa mission »
De gauche à droite, les généraux Salan, Allard, et le
ministre résident Robert Lacoste. De loin, tout est simple. Sur place
tout se complique.
C'était l'époque où Christian Pineau, ministre des Affaires
étrangères, s'écriait à l'Assemblée nationale (1er juin 1956) :
« Gardons-nous de brandir un sabre quand
c'est un sabre de bois : il n'est pire pantalonnade que de
lancer des menaces dont on sait qu'elles ne seront jamais exécutées. »
R. Lacoste déclarait, en août 1956, à Constantine :
«
Si nous avons quelque chose à donner, nous voulons le donner de notre plein
gré, sans l'intervention de quiconque.
Nous négocierons lorsque nous aurons éliminé la peur et la haine de
ce pays. Car il n'est pas possible de s'entendre dans un pareil climat. »
Commentaire par SIVÉRA
Effectivement il ne fut pas possible de
s'entendre, doux euphémisme, même encore après 40 ans surtout pour
l'Algérie, 46 ans pour le Maroc et autant je pense pour la Tunisie.
Mais Yaouled 1er fait repentance au nom de lui-même et de la cohorte
de porteurs de valises qu'il pourra emmener en délégation !
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