Disparitions forcées :
l’ONU met fin à l'impunité des États
Recueilli pour le Site par Georges
Viala
le 4/07/2006 |
Le Figaro 3 juillet 2006
JUSTICE
Le
nouveau traité international instaure un concept inédit le
“ droit a la vérité ” pour les proches des personnes disparues.
Genève
“
ILS SONT ENTRÉS
dans un trou noir duquel ils n'ont jamais pu revenir. Comme des milliers
d'autres ils ont été enlevés et l'on n'a jamais plus entendu parler d'eux.
”
Lorsque
Marta Ocampo de Vasquez a pris la parole devant le Conseil des droits de
l'homme des Nations unies pour évoquer la disparition de sa fille et de son
gendre sous la dictature argentine, une “ nuit funeste de 1976 ”, un frisson a
parcouru l'assemblée. À 80 ans, cette “ grand-mère de la place de Mai ” est
devenue le symbole des familles de disparus.
En fin
de semaine dernière, elles ont remporté à Genève une victoire de taille.
Une
convention internationale sur les disparitions forcées, dont la négociation a
été présidée par la France a été adoptée à l'unanimité et par acclamation.
Pour le Conseil des droits de l'homme, qui vient de clore sa session, cette
décision est le premier signe positif d'un organe né sur les cendres d'une
Commission faible et politisée.
Le nouveau
traité international, juridiquement contraignant affirme que “ la pratique
généralisée ou systématique de la disparition forcée constitue un crime
contre l'humanité ”. Définie comme “ l'arrestation, la détention,
l'enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de
l'État ” ou des groupes qui lui sont affiliés, le texte oblige les pays
signataires à prévenir et enquêter sur ce type de disparitions. Il instaure
ainsi un nouveau concept : le “ droit à la vérité ” pour les proches.
De plus,
les États s'engagent à accorder réparation aux victimes, comprises à la fois
comme les disparus eux-mêmes mais aussi leurs familles, et punir pénalement les
responsables.
Un
phénomène découvert en Argentine
Un comité
chargé de l'application de la convention, mais aussi de l'examen des cas urgents
sera mis sur pied. Informé d'une disparition, ce mécanisme pourra être enclenché
pour procéder à une enquête immédiate. Enfin, un chapitre est consacré aux
enfants de disparus, un phénomène particulièrement aigu sous la dictature
argentine où quelque 500 mineurs parmi les 30 000 disparus, ont été soustraits à
leurs familles.
“Je suis
toujours à la recherche d'un petit enfant,
raconte Marta Ocampo de Vasquez. Lors de sa
disparition, ma fille était enceinte. ”
“ Cette
convention est le fruit de vingt-cinq ans de mobilisation ”, constate avec émotion le Français Louis Joinet,
ancien expert de la sous-commission des droits de l'homme et qui a participé
activement à la rédaction du traité. “ Nous avons d'abord découvert le
phénomène en Argentine au début des années 70. Puis on s'est aperçu que des cas
similaires existent aux Philippines, au Timor, un peu partout dans le monde.”
(pourquoi ils oublient de parler de l’Algerie ???)
Faire
reconnaître la gravité de ce crime et imposer un organisme d'enquête
international aux États fut une tâche de longue haleine.
Le mérite en
revient notamment à l'ambassadeur français
Bernard Kessedjian, chargé de présider les discussions et qui obtint
l'adoption du texte par consensus et sans réserves, un fait rare en droit
international.
La nouvelle
convention devra être approuvée par la prochaine session de l'Assemblée générale
de l'ONU.
AUDE
MARCOVICH
---==oOo==---
Sous réserve
bien évidente de vérifications, il semble que l'ONU veuille donner valeur
rétroactive aux dispositions qui qualifient ces enlèvements de crimes contre
l'Humanité.
Ce devrait
donc être utilisable dans le cas des disparus français en Algérie.
Ce ne sera
pas la première fois que des organismes dénoncent des faits sans apparemment se
rendre compte de leur application au cas de l'Algérie sur lequel ils n'ont
jusqu'ici pas manifesté d'enthousiasme à intervenir:
Ici, c'est
le gouvernement de droite de l'Argentine de l'époque considérée qui est visé,
d'où le feu vert de Chirac pour que la représentation française préside
la négociation de cette convention, mais nos gouvernements sont tellement
assurés de l'hermétisme du silence et de l'inaction juridique qu'ils
entretiennent jusqu'ici avec succès, qu'ils n'ont pas pensé à l'implication de
l'Algérie, avec d'ailleurs celle du gouvernement français de l'époque.
Il y a
quelques années, Valeurs Actuelles (texte disponible sur demande)
publiait une déclaration d'Amnesty International montrant le caractère
juridiquement indiscutable de crime contre l'Humanité du terrorisme dont il
donnait en plus une définition très claire et reconnue par des conventions
internationales.
La même
année, le 1er octobre 2001, le CRIF passait une pleine page du Figaro reprenant
ce thème et donnant une centaine de photos de victimes du terrorisme en Israël.
Il se trouve
que ces qualification s'appliquent en plein au terrorisme algérien des années 54
et même avant, jusqu'à bien après 1962, et en particulier à Ighilariz,
Djemila Bouhired, Yacef Saadi, Djamila Boupacha et d'autres.
http://www.algerie-francaise.org/tortures/index.shtml
http://www.algerie-francaise.org/english/index.shtml
Rappelons
que le crime contre l'Humanité est imprescriptible, et que les tribunaux
internationaux n'ont que faire des amnisties prononcées dans ce domaine par
De Gaulle ou ben Bella.
http://www.de-gaulle.info/
http://www.algerie-francaise.org/plaintes/plainte2/partie1.shtml
Il convient
d'informer qu'interrogés dans ce domaine, tant Amnesty International, que
le CRIF, que l'association SOS Attentats présidée par madame
Rudzetski ont omis de répondre; comme ils sont destinataires de ce message,
ils pourront s'ils le souhaitent expliquer ce silence sans doute
accidentel mais simultané.
Ne parlons
pas des ministères français de la Justice, "qui exécutent" et n'ont -- pas
contre toute attente – même pas accusé réception.
Toute action
dans notre cas n'a de chance d'aboutir qu'à l'échelon international, mais
l'étape du passage stérile par les instances françaises serait probablement une
formalité administrativement nécessaire.
Des harkis
obstinés, qui ne savaient pas que "c'était impossible", ont fait condamner
l'amiral(R) jean De Gaulle par un tribunal français.
Sur le plan
du terrorisme, nous n'avons pas été capables d'agir, bien que tant qu'il reste
des pieds-noirs vivants ça puisse et devrait s'envisager.
Peut-être
les associations de familles de disparus trouveront-elles dans cette action qui
vise l'Argentine, un moyen d'action, c’est à souhaiter
G.Viala
|