La récente comparaison faite par Abdélaziz Bouteflika entre la France
et le nazisme, à propos d'une présence de "fours" lors de la répression de Sétif
le 8 mai 1945, et le fait que certains en France pensent être encore à cette
époque en parlant, aujourd'hui, "d'Indigènes" lorsqu'il est question de
problèmes d'intégration, en dit long sur le degré d'ignorance volontaire et le
désir de nuire venant des tenants actuels du national-islamo-arabisme et
de ses compagnons de routes alterislamistes.
Les six à huit mille morts, (et non quarante cinq mille, avec ce mot du
communiste Maurice Thorez, à l'époque, ministre -a-t-il démissionné
d'ailleurs ? : " Ces rebelles, il faut les fusiller !") furent précédés,
il ne faut pas l'oublier, d'une centaine de colons tués et surtout
sauvagement mutilés, ce qui déclencha la fureur de la troupe, comme si tout
avait été attisé pour en arriver là : créer un bain de sang pour éviter une
alternative démocratique. Ces morts ne sont en tout cas pas comparables et
surtout ne se déduisent pas de la stratégie nazie voulant en finir avec la
supposée concurrence du Juif pour dominer le monde.
Il faudrait plutôt renverser le propos et avancer que l'épuration n'est
pas du côté français, sinon dans les marges, mais dans les rangs des
nationalistes araboislamistes excités par ce qui se passe à l'époque au
Proche Orient depuis l'effondrement des Turcs, le retrait progressif des Anglais,
et la montée en puissance de la présence juive.
Que se passe-t-il en effet là-bas à l'époque sinon la mise en place d'un
national arabisme ou pan arabisme cherchant non pas à se libérer du joug
occidental comme on le croit naïvement mais à éviter que la modernité
démocratique vienne contaminer avec sa liberté de penser et d'entreprendre, son
universel, son émancipation des corps et des esprits, puisque l'idée dominante à
l'époque des années 1930 et encore aujourd'hui consistait à dire qu'il fallait
plutôt revenir à la grande époque conquérante de l'âge d'or, ce mythe bien
contrasté puisque tous ceux qui ne se pliait pas, juifs, chrétiens, étaient
ghettoisés, reclus, battus, tués lorsqu'il fallait un bouc émissaire. Et pour y
arriver, pour croire en ce retour, il s'agissait de suivre la manière dont les
nationalismes japonais et allemands se construisaient, sur des bases racistes,
tout en retenant de la modernité uniquement son côté technique pour l'appliquer
à des fins militaires.
Le nationalisme arabo-islamiste prend alors pied en Algérie et se sert des
problèmes de l'heure pour attiser les dissensions, éliminer les partisans d'une
Algérie démocratique, comme plus tard, à partir de 1954, furent peu à peu
éliminés les partisans d'une Algérie algérienne.
Ordre alors fut donné aux Juifs de rejoindre les rangs du FLN pour récupérer
leur place de dhimmis, puis ce fut l'hallali, contre les harkis (tués par
dizaines de milliers), contre les dits colons, dont certains étaient pétris
du sol depuis plusieurs générations.
C'est de cela ! qu'il faut parler aussi, de cette épuration ethnique
organisée par le FLN triomphant à la solde du nassérisme et du baathisme,
puis roulant pour lui-même (sous couvert de castrisme boumediennisé et de
palestinisme) avec la manne pétrolière et gazière que les voleurs de l'espérance,
celle d'une Algérie , continuent à claquer pendant que le peuple crève,
aujourd'hui, ses jeunes matraqués parce qu'ils vendent à la sauvette,
aujourd'hui, ce 10 mai 2005 ; c'est cette même tyrannie, ce mensonge, là,
qui créa le FIS, fils du FLN, et qui, lui, crut que l'âge d'or
allait enfin revenir comme promis !
Aussi est-il incroyable d'entendre les compagnons de route de
l'arabo-islamisme à "la française", Inrocks et autres amis des peuples,
laisser entendre que le défaut d'intégration actuel viendrait, uniquement, des
insuffisances de la "République", alors que rien n'est dit, rien, (rien
de rien chantait Piaf à l'époque), rien n'est décrit, écrit, sur
l'étouffoir, le totalitarisme affairiste, cette mafia qui se sert du conflit
judéo-arabe comme cause du malheur, qu'elle a créé, pourtant, c'est bien elle
qui a creusé les conditions mêmes de l'affaissement en Algérie, et aussi dans
tous les pays dominés par le nationalisme arabe, concurrencé aujourd'hui par
ceux-là mêmes qu'il a formé en laissant croire qu'il suffirait de s'armer, créer
un Etat fort, pour de nouveau jouer à Saladin et à Soliman,
pourquoi pas Mahomet, se disent certains d'ailleurs en Irak et ailleurs.
Comment ne pas comprendre que c'est l'absence de démocratie et de liberté qui
créent, surtout, la misère et pas seulement les appétits voraces qu'un Etat de
Droit pourrait contrôler à terme.
Comment, plus profondément, ne pas voir que le national araboislamisme refuse
de s'amender, de se questionner comme le firent les nationalismes japonais et
allemands... après leur défaite, il est vrai...
Alors, demander que la France s'agenouille, nécessiterait déjà d'avoir le
courage de déballer aussi, en même temps, son linge sale, de sortir tous les
cadavres dans les placards, tous, faisons les comptes, et, là, on verra... rira
bien qui rira le dernier ? Non, rira bien qui pourra rire... en réalité.
PS : Je conseille la lecture de quatre ouvrages qu'il serait bon
d'étudier pour qu'un jour une commission fasse la lumière sur tous les crimes,
pas seulement ceux mis sur le seul dos de l'armée française et de l'OAS :
Histoire intérieure du FLN de Gilbert Meynier, (Fayard), Abdel Nasser et la
Révolution Algérienne, de Mohamed Fathi Al Dib (L'Harmattan), J'ai été fellagha,
officier français et déserteur, de Rémy Madoui, (Seuil), Algérie, l'oeuvre
française, de Pierre Goinard (éditions Jacques Gandini).