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Les grands résistants gaullistes dans l’OAS

La Cendre Et La Braise
de Gerard LEHMANN
Editions SDE
147-149, rue Saint Honoré 75001 Paris

Où se trouvaient-ils, sur l'échiquier politique, ces hommes et ces femmes de l'Algérie française et de l’O.A.S., civils et militaires? Mis à part les groupes dont il a été question, qui utilisaient sans doute la cause de l'Algérie française comme un levier, mais obéissaient tout autant à leur amour de la patrie, leur répartition correspondait en gros à celle que l’on pouvait trouver en métropole à l'époque. Pour eux, au reste, l'engagement politique se résumait à une question simple: dans quelle mesure pouvaient-ils trouver un soutien à leur cause dans un microcosme politique parisien dont leur sort dépendait ? Pour leurs chefs, et particulièrement pour ceux d'entre eux dont rengagement était ancien et remontait à la période de l'Occupation, le problème se situait en deçà du clivage droite-gauche. Ils se trouvaient, au fond dans l'Histoire. Que trouvera-t-on, par exemple, dans les notices biographiques d'un ouvrage qui fait référence, L’O.A.S., histoire d'une organisation armée secrète (Fayard, Paris 1986) de Rémi Kauffer?

Jacques Achard, alias Alpha, né en 1924, jeune maquisard, Achiary, résistant, sous les ordres du colonel Germain, du contre-espionnage, Georges Bidault, chef historique et de la Résistance et de l'O.A.S., le colonel Chateau-Jobert, dit Conan, officier des F.F.L., Roger Degueldre, dit Delta, engagé dans les F.T.P. du Nord, Claude Dumont, résistant de « Libé-Nord », déporté à Mauthausen, le colonel Yves Godard, évadé, maquisard aux Glières, déporté, Jean Meningaud, résistant dans les F.T.P, Raoul Salan, colonel de la Première Armée française, Pierre Sergent, alias Philippe, ancien résistant, Jacques Soustelle, responsable du Bureau de renseignement de la France Libre à Londres, Dominique Zattara, vétéran des campagnes d'Italie, de France et d'Allemagne.

À la liste de Rémi Kauffer on peut ajouter, entre autres, ceux du colonel Joseph Broizat (campagnes de Tunisie, d'Italie, de France et d'Allemagne au 3è régiment de Tirailleurs Algériens), du colonel Roger Gardes (campagne d'Italie, de France et d'Allemagne), du général Paul Gardy (campagnes de France et d'Allemagne), du général André Jouhaud, chef de l'O.R.A. (Organisation de Résistance de l'Armée) et chef d'Etat-major des F.F.I. pour la région de Bordeaux en 1944).

En faut-il davantage? Citons, parmi les putschistes et dirigeants de l'O.A.S. les commandant Botelle et Bréchignac, F.F.L., le colonel Émery, F.F.L, les colonels Lacheroy et Masselot, F.F.L., le général Petit, F.F.L., le colonel Pugat, responsable O.R.A. du réseau Combat dans le Gers et Delbecque encore... Une majorité d'officiers, bien sûr, mais aussi des civils, en Algérie comme en métropole, déportés à Dora, à Dachau, à Allsch, à Buchenwald: René Cahusac, J. Céreaud, Philippe Lauzier, Edmond Michaut, et puis Le Gouvier, ET.P., et Jean Reimbold, F.F.I.

En réalité, la cause de l'Algérie française et des organisations qui l'ont soutenue constituent un remarquable melting-pot. Mais n'était-ce pas le cas de la Résistance? Pour l’O.A.S., en particulier, le sigle, la structuration, les thèmes, tout indique qu'elle a voulu se placer dans le droit fil d'une tradition nationale, d'un héritage spirituel de la Résistance. Qu'importent alors les convictions politiques de ceux qui s'y engageaient, dès lors qu'il s'agissait d'un combat pour la France?

Cet art de la diabolisation est principalement le fait d'une gauche bien-pensante. Dans cette belle dialectique du rejeu, ils reprennent le flambeau de la Résistance. Sans vouloir entreprendre une contre-offensive, car ce n'est pas ici le propos, je ne résiste pas au plaisir malin de citer la lettre adressée au quotidien Le Monde par Henri J. en réponse à un éditorial de Jean-Marie Colombani (03.06.1997) dans lequel on lit que l'histoire du gaullisme est jalonnée par une lutte victorieuse du gaullisme contre les formes françaises du fascisme, Vichy puis l'O.A.S. :

[.. J Avec toute l'autorité qui s attache à votre rang et au poids de votre journal, vous affirmez, si j'ai bien compris, que:

Georges Bidault était vice-président du conseil du gouvernement de Vichy, —Jacques Soustelle, ministre de Pierre Laval,

— le colonel Godard à l'école d'Uriage, M. Beuve-Méry étant probablement sur le plateau des Glières,

— le colonel Château-Jobert présidait un comité de soutien au Maréchal encore en 1944, tandis que M. Fauvet était nommé Compagnon de la Libération,

Jacques Achard était au P.P.F. alors que M. Duverger était Français Libre,

Jean-Jacques Susini vivait sa jeunesse dans la chaude ambiance du R.N.P. — après tout cela vient de mener quelqu'un très haut — et certainement pas au R.P.F....

Roger Degueldre sur le front de l'Est et non chez les F.T.P.

[...] Aussi je vous rappellerai simplement qu'il y eut plusieurs fois plus de Compagnons de la Libération, Médaillés de la Résistance, anciens de la France Libre, chez ceux qui entreprirent le coup de force du 22 avril 1961 puis continuèrent la lutte dans l'O.A.S., qu'il n’y en eut jamais chez vos amis socialistes et centristes. Vous pouvez vérifier, [.,.]

Par conséquent, au nom de tous ceux, morts ou vivants, qui ont voulu maintenir la terre d'Algérie pour la France dans la République, je vous demande instamment de ne plus jamais effectuer cet amalgame qui se veut déshonorant mais qui l’est d'abord pour ses auteurs. [...]

J'avouerai ma perplexité à la lecture de cette lettre qui ne fut jamais publiée – Henri ne reçut en retour qu'accusé de réception aussi courtois qu'elliptique. Je sais pertinemment ce qu'eut d'exemplaire le destin des putschistes et membres de l’O.A.S. cités, mais pour les Beuve-Méry et consorts ! Je n'ai pas mené d'enquête approfondie au sujet d'accusations aussi injurieuses, et je ne les reprendrai donc pas, mais je suis tombé par hasard sur une citation de Beuve-Méry dans La Nouvelle revue d'Histoire (n° 8, septembre-octobre 2003, p. 26). Il s'exprimerait ainsi à propos du national-socialisme : ... une réaction excessive mais nécessaire, contre les dépravations de l’intellectualisme, de l'individualisme, du libéralisme, du capitalisme. La citation est-elle un faux? Dans ce cas, j'attends un démenti éclatant.

D'autre part, je me souviens d'un article nécrologique fait par un journaliste pigiste du Monde à propos d'Albertini. On y trouve qu’Albertini, au départ socialiste, fut le collaborateur de Marcel Déat, qu'on lui proposa un siège de député socialiste lorsqu'il fut gracié, et qu'il joua un rôle de conseiller, sinon d'éminence grise auprès du président Pompidou. Le Monde, depuis, s'est passé des services de ce journaliste occasionnel : le journaliste se serait-il rendu coupable du péché de politiquement incorrect?

J'avoue que ma perplexité est encore plus grande.
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Mais quelles ont les composantes de l'O.A.S., mis à part les mouvements cités ? Tout le problème, quand des historiens engagés parlent de l'extrême droite en relation avec l'O.A.S., c'est qu'ils oublient, d'une part, de faire clairement une distinction essentielle entre les buts et les moyens, et que d'autre part ils laissent de côté les centaines de milliers d'hommes et de femmes, juifs, européens ou musulmans qui ont cru à l'Algérie française, qui en ont tiré les conséquences et dont les convictions politiques, s'ils en avaient, n'avaient pas plus d'importance dans la fièvre de la lutte que dans les tranchées de la guerre 14-18. Ne voir dans l’O.A.S., qui reflète une invraisemblable mosaïque de religions ou de croyances, que la cristallisation de l'extrême droite dans quelques groupuscules qui s'étaient fondus dans cette mosaïque, fausse évidemment la perspective. Mais si l'idée de ces historiens est de désinformer, on peut dire que l'opération, maintes fois répétée, finit pas faire impression. Isoler un élément dans un ensemble, sans tenir compte de ce que le sens de cet élément doit être saisi, non pas seulement dans son contenu, mais aussi dans la qualité de son rapport avec cet ensemble, fait perdre à cet élément une bonne partie de sa véritable signification. La manoeuvre est classique et l'historien qui l'utilise médiocre mais efficace.
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André Rosfelder raconte. Il raconté son premier engagement, à l'époque où il n'était qu'un adolescent, celui de novembre 1942, parmi ceux qui préparèrent et facilitèrent le débarquement allié à Alger en novembre 1942. Fait prisonnier, il se trouve incarcéré dans une geôle de l'Amirauté pour peu de temps avec ses camarades, juifs pour la plupart. Il écrit:

Le hasard en m'amenant parmi eux me faisait mieux découvrir combien la Révolution nationale nous avait tous divisés sous l'affirmation du contraire. L'Algérie était composée de ces bulles collées les unes contre les autres, se confondant parfois entre elles. Ici, la bulle française avec sa grosse bulle vraiment française et ses petites bulles, espagnole, italienne, maltaise, qu’un condisciple réfugié de France appelait « les néo-français». Et là, la grande bulle arabe qui continuait de se gonfler: Numides et Berbères, Gétules et Garamantes, Maures maurétaniens et tingitaniens, Masaesyles et Massyles, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, Turcs [...](p. 69).

Engagé dans la Première armée française, il jette un regard désabusé sur la France juste après la libération de Paris le 16 août 1944 :

L'Occupation et la Libération? Lire: l'Accommodement et l'Epuration.

C'est le vrai titre de ce chapitre de l'histoire de France qui est devenu celui d'une résistance et d'un soulèvement armé. Les même foules parisiennes qui s'étaient réunies dans la tristesse au printemps pour dire adieu au maréchal Pétain en route vers l'Allemagne se retrouvaient dans la joie à l’ête pour accueillir le général De Gaulle arrivant d'Algérie. [.,.] En cinq années du monde en guerre, de juillet 1940 à mai 1945, plus de Français avaient été tués par d'autres Français, miliciens puis épurateurs, que par l'occupant: Et plus de Français que d'Allemands tués par des Français. Et deux fois plus d'exécutions sommaires à la Libération (50000) que de patriotes et d'otages fusillés par les Allemands (25000) ou de F.F.L morts au combat (24500).

[.. ] Quant aux Français d'Algérie (on les appelait pas encore pieds-noirs), pesanteur des chiffres, de leur total de 950000, 200000 des leurs, hommes et femmes, avaient revêtu l'uniforme, 24 000 avaient été tués. Si 45 millions de Français en avaient fait autant, ils auraient levé une armée de neuf millions et demi d'êtres et compté 1150000 morts (pp. 218-220).

Le résultat, explique André Rosfelder: une seule division levée en France, à côté des huit divisions venues d'outre-mer et des quatre-vingt divisions des armées alliées: la petite Nouvelle-Zélande, avec ses trois millions d'habitants, avait mieux fait que la métropole. La raison, explique-t-il: De Gaulle, plus soucieux de gagner et de conserver le pouvoir, ne tenait pas à ce que de nouvelles divisions soient créées, de crainte quelles n'échappent à son autorité.

Qui sont les amis d'André Rosfelder, au début de la guerre d'Algérie ? Emmanuel Roblès, Camus, l'ami Camus, comme il le dit, Mohamed Dib et Mouloud Ferraoun, Jean Bensaïd (Jean Daniel), Jules Roy, Jean Brune. C'est chez eux, de droite ou de gauche, que le baroudeur, qui est aussi un écrivain, a appris les exigences du métier: langue, style, ton, tempo, sujet, thème, pensée, personnages, images, trames et rebondissements.(p. 334).

A cette époque, André Rosfelder côtoie Albert Camus qui dénonce dans une lettre les ignobles massacres de civils et d'enfants qui donnent des arguments à la faction « dure » des Français d'Algérie (p. 403).

Tout au long des centaines de pages de son ouvrage-mémoire, André Rosfelder, pied-noir, soldat et poète nous retrace l'itinéraire exemplaire d'un homme qui le conduit de la Libération à l'Organisation Armée Secrète. À la phrase de Camus : Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère, le onzième commandement de Rosfelder fait écho : Tu seras fidèle aux tiens, surtout quand la nation les oublie ou les diffame.
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