Déclaration
du général Jacques JAUFFRET,
Grand Officier de la Légion d'Honneur |
le 12 janvier
2002 à St Raphaël.
" Nous manifestons,
ce n'est pas notre habitude, nous sommes maintenant dans un endroit de
recueillement, de prière et de paix où nous manifestons notre fraternité et
notre reconnaissance à nos morts dans l'horreur des combats.
Ce qui nous anime, anciens combattants, supplétifs, Harkis, Français d'Algérie
de toutes confessions, c'est notre colère, c'est aussi notre honte et un
remord ineffaçables qui nous rongent depuis l'après -19 Mars 1962.
Nous protestons contre un projet de loi, inspiré
par une idéologie défunte mais toujours redoutable par la résurgence de son
sectarisme diviseur qui abuse certains d'entre nous leurrés par la désinformation.
Dans notre immense majorité, nous ne pouvons
tolérer de voir célébrer, dans un recueillement factice, une date et une
année horribles où la France a abandonné une province bâtie de ses mains,
des départements qui nous permettaient de contrôler la crise mondiale de l'énergie.
La France y a aussi perdu beaucoup de ses
fils, de souche, d'adoption ou par le sang versé ( qui devrait compter plus
que le droit du sol ).
La France a perdu, après ce
jour néfaste, beaucoup de son honneur en reniant la parole donnée et en forçant
ses soldats à assister à un génocide, alors qu'un cessez-le-feu unilatéral
et des ordres stricts les empêchaient d'intervenir et de sauver ceux que les
égorgeurs exécutaient devant les casernes et les bâtiments publics gardés.
Si la loi donnait à la date détestable un
caractère officiel de célébration, la France y perdrait ce qui lui reste
d'honneur ainsi que son âme.
La Loi fixe la durée de la guerre d'Algérie ,
de Novembre 1954 à Juillet 1962. I l
y a eu plus de victimes après le 19 mars 62 qu'entre le début de la rébellion
et mars 62.
Voici pourquoi nous sommes dans la rue, étroitement
unis: Elus, civils d'Algérie et de métropole, anciens soldats de toutes
origines et de toutes confessions; maintenant devant ce monument à la gloire
de nos anciens, rendons hommage dans la piété et la reconnaissance, à tous
nos morts d'Algérie, sans exclure ceux que nous avons été contraints
d'abandonner là-bas, la mort dans l'âme et justement après cette date que
nous voudrions oublier définitivement..
Nous remercions chaleureusement de leur
participation à notre manifestation, tous nos amis venus de Toulon, Nice,
cannes et Draguignan.
Général Jacques JAUFFRET
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