EVIAN
par
Camille GILLES
Dans son livre :
"Jésus
et ses Apôtres"
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Editeur
JULLIARD 8,
rue Garancière Paris
Achevé d’imprimer 19 mars 1973
Pages 109 à 110
EXTRAIT
…..
…..
A Paris les
métropolitains criaient « à mort » et réunissaient sous la bannière étoilée de
la « grande Zohra ».
«
Que voulaient ces pieds-noirs ? Après tout, n'avons-nous pas fait ce qu'il
fallait pour eux ? Qu'ils se démerdent avec leurs Arabes, nous n'avons rien à
voir dans cette histoire. »
Voilà ce que l’on
entendait dans les rues, les bureaux, les manifestations. La Ve
République faisait le procès de ces officiers français de grande valeur, qui
tout à coup étaient devenus, pour des millions de métropolitains, des renégats,
des officiers qui avait osé
se révolter contre la volonté du grand manitou.
De Gaulle disait :
Je veux
; les Français en chœur répondaient :
Nous voulons.
Tandis qu'à Evian, on parlait en cachette de « paix des braves »,
à Tunis et au Caire on en était déjà à rêver de l'indépendance de l'Algérie. A
une enquête de l'IFOP, qui posait la question : Etes-vous pour la
paix en Algérie
? Les
métropolitains tous en chœur
répondirent oui
à 90 %.
A la question :
"Faut-il
donner l'indépendance à l'Algérie et suivre le général De Gaulle",
ils répondirent :
oui à 98 %.
Ces questions,
habilement posées, équivalaient à demander à une mère de famille dont le
fils se battait en Algérie, si elle était pour ou contre le maintien de son
enfant sur cette terre où, chaque jour, le FLN tuait et massacrait.
-
Pour qu'il continue à
se battre pour une terre qu'il ne connaissait même pas.
-
Pour un peuple que la
presse (toujours elle) s'efforçait de montrer avec un grand couteau entre les
dents, prêt à égorger le premier Arabe qui lui tomberait sous la main.
C'est vrai, quelle est
la mère qui aurait eu le courage de répondre :
« II faut continuer
cette guerre » ?
Les ministres
eux-mêmes, qui, quelques années
plus tôt, prêchaient pour l'Algérie française, qui clamaient bien haut
:
« Qu'eux vivants, tant
que le général de Gaule serait au pouvoir, jamais le drapeau fellagha ne
flotterait sur l'Algérie »,
retournaient leur veste...
Mais aujourd'hui, en 1961, bien des choses avaient changé en France.
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