Le 5 Juin 2004
LE PARLEMENT S’APPRETE A RECONNAITRE LA RESPONSABILITÉ DU
GOUVERNEMENT FRANÇAIS DE L'ÉPOQUE DANS LE MASSACRE DE HARKIS ET DES
EUROPÉENS EN ALGÉRIE APRÈS LE 19 MARS 1962
Face aux réactions des victimes et sous la pression des députés et
sénateurs de toutes sensibilités, le gouvernement Raffarin veut
accélérer le vote de la loi « portant reconnaissance en faveur des
rapatriés» dont le premier projet N° 1499 a été déposé le 16 mars
dernier à l'Assemblée nationale. Alors que le nouveau texte devait être
présenté aux députés fin juin, il vient d'être inscrit à l'agenda du
Palais Bourbon du vendredi 11 juin 2004.
Le choix d'anticiper ce vote à la veille des élections européennes du
13 juin semble présenter plusieurs avantages pour le gouvernement. Le
premier est d'écourter le débat sur un sujet permettant d'obtenir un
vote à l'unanimité. En effet plus personne ne conteste aujourd'hui la
réalité des massacres de harkis et de pieds-noirs commis par le FLN en
Algérie après le 19 mars 1962 depuis que le Chef de l'Etat a libéré les
consciences le 25 septembre 2001 en déclarant solennellement à l'Elysée,
lors de la première journée nationale d'hommage aux Harkis:
«Notre premier devoir c'est la vérité. Les anciens des forces
supplétives, les Harkis et leurs familles, ont été les victimes d'une
terrible tragédie. Les massacres commis en 1962, frappant les militaires
comme les civils, les femmes comme les enfants, laisseront pour toujours
l'empreinte irréparable de la barbarie. Ils doivent être reconnus. »
C'est ce que les députés et sénateurs ont courageusement rappelé au
gouvernement lors des débats historiques des 2 et 17 décembre 2003 au
Parlement. C'est ce que réclament depuis plus de
40 ans les victimes des attentats terroristes, les familles des milliers
de disparus, celles de la fusillade de la rue d'Isly du 26 mars 1962 et
tous les Français d'Algérie contraints à l'exode sous la menace du
slogan du FLN : « la valise ou le cercueil ».
Le deuxième avantage est qu'en cette veille d'élection beaucoup de
députés préféreront être dans leur circonscription près de leurs
électeurs. Ainsi la bataille des 1400 amendements préparée par les
socialistes et les communistes, favorables aux Français d'Algérie,
pourra être plus facilement évitée. La diffusion le 19 mai au journal de
20 heures de TF1 du reportage sur l'ouverture aux familles des «personnes
disparues ou détenues en Algérie de 1962 à 1965 » des archives
concernant 2113 dossiers de la liste non définitive de 3192 noms de
disparus en Algérie enregistrés après les accords d'Evian du 19 mars
1962, a provoqué une forte émotion auprès de tous les Français. En
anticipant de 18 ans l'ouverture de ces archives le gouvernement permet
en effet la publication de pièces officielles démontrant que
l'Etat français n'a pas voulu sauver ses enfants,
montrant ainsi au Français d'Algérie sa volonté de faire connaître la
vérité et de permettre aux familles de faire leur deuil.
Il reste à régler la forme de cette reconnaissance devenue
inéluctable, car les sondages montrent que l'opinion publique y est
aussi majoritairement favorable.
Les rédacteurs du projet de loi ont à résoudre un double et délicat
problème : éviter que les derniers responsables français, dont Pierre
Messmer, ne soient poursuivis devant les tribunaux par certaines
associations de Français d'Algérie et faire en sort que les réparations
des préjudices moraux et matériels subis par les victimes (plus de
600.000 familles sont concernées) ne pèsent pas trop lourd dans un
budget déjà difficile à équilibrer, tout en ne décevant pas une nouvelle
fois les Français d'Afrique du Nord.
La formulation finale appartient aux parlementaires. En assumant sans
ambiguïté la reconnaissance de la responsabilité du gouvernement de
1962, le Parlement peut mettre fin à un
mensonge d'Etat, réintégrer au sein de la Nation
les Français d'AFN et d'Outre-mer injustement exclus et permettre à la
France de retrouver son honneur perdu. En tournant définitivement cette
page honteuse de notre Histoire, les Français pourront bâtir un nouvel
avenir.
jeunepiednoir@wanadoo.fr
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