«Agonie d’Oran»
de Geneviève de TERNANT
(éditions J Gandini – Calvisson) |
TÉMOIGNAGE
de monsieur JEAN-MARIE AVILA
P.63
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Je me permets de vous
écrire suite à votre article paru dans le journal l'Echo de l'Oranie n°267
concernant la recherche de témoignages sur les événements qui ont eu lieu à Oran
le 5 juillet 1962 afin d'intenter un procès au Général Katz Joseph
pour la
non-assistance de l'armée auprès de la population
(Pieds Noirs) alors
qu'il était responsable des opérations de maintien de l'ordre et de la sécurité.
Mon témoignage est le
suivant : le 5 juillet 1962 à Oran, vers 12 h 30, alors que je me
trouvais à mon domicile, au 46 rue de Mostaganem (Plateau St Michel) nous avons
vu, des voitures et des camions chargés de personnes toutes arabes ainsi que des
militaires du FLN en tenue et armés de toutes sortes d'armes ainsi que des
drapeaux aux couleurs de l'Algérie (algérienne) proférant des injures, et
chantant l'hymne des combattants algériens, tirant sans retenu en l'air et
contre les façades, et tout ce monde se dirigeait vers le centre ville.
Ce spectacle, nous
l'observions depuis notre balcon, derrière les persiennes; puis, quelques
minutes après, sont arrivés deux véhicules du type traction Citroën avec, à leur
bord, des hommes armés qui criaient dans la rue 'Vous rentre chez toi",
et aussitôt ils ont tiré et pris la direction du centre ville.
Après une nouvelle
accalmie, j'ai ouvert les persiennes et là, j'ai vu sur le trottoir, face au
cinéma le Tivoli, une personne allongée et inerte. Je suis aussitôt descendu lui
porter secours, le
transportant sur mon dos jusqu’à mon domicile. Cette
personne était blessée
par une balle qui lui avait traversé une jambe, la victime n'a eu la vie sauve
que grâce à sa présence d'esprit ayant fait le mort en attendant que les tireurs
s'éloignent.
Sur son identité : il
s'agissait de Monsieur René Masson, domicilié boulevard Marceau à Oran.
Pendant toute la durée
de ces folies, je peux témoigner
qu'aucun militaire ni
gendarme mobile n'étaient présents dans le quartier,
ce qui prouve que nous étions livrés à nous-mêmes pendant toute cette triste
journée qui restera à jamais gravée dans notre esprit.
En
espérant, que mon témoignage, puisse servir à faire avancer les choses.
J.M. AVILA
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