Lettre ouverte à M BECHLER Gustave ...
J’ai eu l’occasion de lire dans la presse
algérienne, précisément dans le quotidien ‘’El Watan’’,
‘’Le Pays’’, un article signé S.H. qui relatait vos souvenirs
personnels de votre guerre d’Algérie.
Il est possible que le journaliste ait
interprété et traduit à sa façon vos déclarations car, telles qu’on les
présente, elles prêteraient à sourire, si le sujet n’en était pas aussi
grave.
Vous êtes le ‘’secrétaire national de
l’ARAC, l’Association Républicaine des Anciens Combattants, chargé
des relations internationales’’.
Pour accéder à ce poste de premier plan, il
faut que vous ayez bien - et même au-delà - mérité de votre mouvement et
de son idéologie.
Que représente ce ‘’titre’’
ronflant ?
Tout d’abord, il faut savoir que l’ARAC est
une infime frange des Anciens Combattants de gauche, un infime groupuscule
dans l’univers des anciens combattants d’AFN, Afrique Française du Nord.
L’ARAC, ‘’Républicaine’’, est
encore plus marquée à gauche que la FNACA, Fédération Nationale de Anciens
Combattants d’Algérie, ce qui n’est pas peu dire ...
Autant dire que ce sont des représentants de l’extrême
gauche. On y retrouve trotskistes et maoïstes ‘’la mano en la mano’’
avec des communistes orthodoxes qui n’ont encore pas compris, en 2 002, que
l’ère du stalinisme avait vécu.
Certains des tenants de cette idéologie ont
‘’servi’’ en Algérie...
Leur plus ‘’illustre’’ représentant
fut MAILLOT, l’aspirant félon et doublement félon car d’abord
Français d’Algérie et ensuite Officier de l’Armée Française,
déserteur à l’ennemi avec un camion d’armes qu’il a livrées aux
fellaghas pour qu’ils les utilisent contre ses propres frères d’armes. Il
l’a payé !
Nombreux furent ceux qui, repérés, n’eurent
pas l’occasion de porter les armes : ils les auraient probablement plus
sûrement dirigées contre leurs compagnons français que contre les ennemis
officiels...
L’administration militaire, peu éclairée
mais bien ‘’gymnastiquée’’ tenait à l’œil et à l’écart
les recrues dont la philosophie les aurait incités à mettre des bâtons dans
les roues et éventuellement à apporter leur aide à l’ennemi. Déjà qu’en
France, les réseaux JEANSON et autres salauds tiraient dans le dos de
nos soldats, il ne fallait pas en rajouter...
La majorité des déserteurs a été fournie
par des gens de cette obédience.
Le ‘’technicien en transmission‘’
BECHLER a sans doute été affecté à l’entretien ou à la réparation
des postes de radio, peut-être ‘’soudeur d’élite’’ ? Ou
plus probablement ‘’garde-mites’’...
Il en faut et tout combattant nécessite
plusieurs soldats ‘à l’arrière’’ pour assurer une logistique
qui, si peu glorieuse qu’elle soit, lui est indispensable.
Je serais étonné qu’on l’ait affecté le
soldat BECHLER au chiffre, vu son pedigree, lequel, par contre,
justifie pleinement son ‘’poste de haute responsabilité’’ à l‘ARAC
...
Revenons au récit des tribulations du soldat Gustave
BECHLER à Sidi Moussa et autres lieux...
Ce qui surprend et choque tout d’abord, c’est
le vocabulaire utilisé. Les mots ‘’colon’’, ‘’colonial’’
ne correspondent pas au dictionnaire de la langue française qui ne leur
attribue aucune des connotations, péjorative ou hargneuse, utilisées dans
certains milieux ‘’bien pensants’’.
De même ‘’psychosomatique’’ (adjectif)
est un peu en porte à faux... mais ça sonne bien ...
Il est réel que de nombreux militaires ont
été, comme lors de toutes les guerres, marqués à jamais par les horreurs
de celle-ci. On en extrait momentanément quelques-uns - bien sélectionnés -
de leur détresse à l’occasion d’émissions télévisées afin d’appuyer
l’argumentation univoque des laudateurs des thèses de l’Algérie
indépendante... Tout est bon ... les fous furieux, eux, sont
excellents !
C’est vrai, la guerre d’Algérie a fait des
dégâts, d’énormes dégâts, irréparables, non seulement dans les corps
mais aussi dans les esprits. Non seulement chez les soldats mais aussi chez
les Français d’Algérie de toutes confessions. Mais aussi chez les
algériens, et puis entre FLN (Front de Libération Nationale), et MNA (Mouvement
Nationaliste Algérien), Ben Bellistes et Bou Médiennistes, GIA, etc...
C’était une guerre : 40 ans après, les
plaies sont débridées à plaisir ... En dire plus est inutile...
Toutefois, le remède que M BECHLER s’est
appliqué ne manquera pas de faire sourire même les mélomanes ignares. Il
est bien connu que, pour remonter le moral, le ‘’fado’’ d’Amalia
Rodriguès est souverain ! Les cellules de soutien psychologique - très
tendance - mettent à profit son dynamisme, son entrain et sa joie de vivre
pour guérir les traumatismes ! Qui a dit qu’il a été inventé pour ça ?
Le ‘’capital’’ fait partie - qu’on
le veuille ou non - des intérêts d’un pays et on trouve la même
proportion de ‘’gros colons milliardaires’’ en ex-URSS qu’en
Algérie française, mais toutefois moins qu’en Algérie algérienne. Lisez
la presse de ce pays, M BECHLER. Quand on défend un pays, c’est son
ensemble qu’on défend... Comment trier ce qui nous plaît de défendre de
ce que nous voudrions indéfendable ?
Là, votre caractéristique linguistique vous
situe à nouveau. On sent la formation reçue dans les cours ‘’d’agit-prop’’
(agitation-propagande) de certaine centrale syndicale...Crie, Gueule, Tempête
!
Ce qui édulcorera un peu notre consternation
de lire ses propos, c’est que notre aventureux bidasse reconnaît qu’il n’était
pas ‘’dépaysé’’ à NEMOURS, donnant involontairement acte aux
‘’colonisateurs’’ du formidable travail accompli durant quatre
générations pour élever cette région désolée au niveau - au moins - de
celui de la métropole et de son Alsace natale !
Faut-il lui préciser que de nombreux
Alsaciens-Lorrains avaient fondé le pays ?
Là où on commence à se poser des questions
sur le mental du fusilier-marin BECHLER, c’est lorsqu’il parle de
ses ‘’amis aspirés dans la mer par le cyclone’’... J’espère
pour lui qu’il s’exprime au figuré car des cyclones aussi puissants qui
seraient passés inaperçus des services de la météo, ça se saurait !
Avant BECHLER, existait la ‘’corvée
de bois’’, compagne de toutes les guerres. Avec BECHLER on
ajoute la ‘’corvée de mer’’. Il n’y manque que les ‘’requins
mangeurs d’hommes’’ ... pour les restes ...
Si je dois un jour faire disparaître un
cadavre, je ne pense pas que j’utiliserai la méthode décrite par le FuMaCo
(Fusilier-Marin-Commando) transmetteur ... car ce serait à coup sûr un
infaillible moyen de se faire repérer. En France, et en Oranie, donc
département Français d’Algérie, la loi était la loi et on voit, quarante
ans après, ce que la moindre parole de suspicion déchaîne dans nos médias
contre les ‘’tortionnaires’’.
Enquêtes, contre-enquêtes... Demandez à la Louisette...
Là où je vous approuve totalement, c’est
lorsque vous réclamez l’ouverture des archives de la guerre d’Algérie.
Une ministre de gauche au pouvoir avait claironné que cela allait se faire
mais je suppose que lorsqu’on s’est rendu compte que les remous et les
vagues de ce ‘’cyclone’’ allaient noyer pas mal de gens du bord
qui attaquerait et qu’on risquait de jouer à l’arroseur arrosé, Stop !
On a fermé le clapet !
Il faut en effet que ‘’les jeunes des
deux pays connaissent la vérité’’. Et certains moins jeunes aussi
car chacun a sa vérité, n‘est-ce pas, M BECHLER ?
Les algériens en connaissent un rayon sur le
lavage de cerveau et la propagande officielle ...
Evidemment, me direz-vous, le citoyen BECHLER,
invité de l’Algérie algérienne ne pouvait pas - ‘’chargé des
relations internationale’’ qu’il est - s’exprimer autrement. Soit
par savoir-vivre, il ne voulait pas désobliger ses hôtes, soit par
conviction et profonde communion avec eux. Il se soucie néanmoins de ménager
la chèvre et le chou : ne pas se ‘’disculper‘’ d’avoir fait
son devoir de soldat français mais aussi déclarer : ‘’je n’ai
tiré aucun coup de feu’’. Quel sens de la diplomatie !
Je pense que le Gustave argue néanmoins
de son titre d’Ancien Combattant dans ses activités associatives. Puisqu’il
est Ancien Combattant, il a même eu droit à la Croix du Combattant, à la
‘’Commémo’’ (la Médaille Commémorative des Opérations de
maintien de l’Ordre en Algérie) et autres récompenses. On attribuait le
titre d’Ancien Combattant tout d’abord pour 90 jours de service dans une
unité combattante reconnue, puis pour 90 jours de présence sur le sol d’Algérie
et, depuis peu, pour le simple fait d’y avoir posé le pied !
Je suppose que notre Tatave serait
honoré que l’Algérie algérienne lui décerne une breloque pour sa
non-participation ou sa participation ‘’passive’’ à la guerre
de ‘’libération nationale’’... au même titre que quelques
récipiendaires qui se disent encore français...
Je fais peut-être confusion mais, en d’autres
temps - que je regrette - cette attitude aurait valu le ‘’falot’’
à son auteur.
Pour finir, une question de vocabulaire : quelles
sont les limites couvertes par le terme de ‘’collabo’’, au sens
gaullien d’après-guerre 39-45 ?
J.TORRES.