EMISSION R.T.L.
Les auditeurs ( ?) ont la parole
surtout pour détourner la vérité |
Le dossier
d'instruction, six mois après son transfert d'Alger à Paris,
est introuvable (j'ai appris qu'il n'a jamais été "retrouvé" et que l'affaire
avait été classée).
Tr :
A C. Hondelatte
(40E anniversaire fin guerre d'Algérie)
lesauditeursontlaparole@rtl.fr
Wednesday,
20 March 2002 12:40 AM
Messieurs de la
rédaction du journal de 13H,
Par deux fois, hier lundi et aujourd'hui mardi, l'on m'a appelé de RTL pour me
demander si je voulais intervenir. Je me suis donc rendu joignable de 13H30 à
14h30 alors que j'ai professionnellement besoin de ma ligne, notamment sur
internet.
On ne m' a finalement
pas appelé mais, en attente, j'ai écouté les intervenants de ce jour à propos du
19 mars. J'avoue ma déception. Nous n'avons rien appris ; ce n'étaient que
litanies de choses sans cesse ressassées. J'avais pourtant, de mon côté, des
éléments précis et documentés à exprimer. Il faut croire que la dénonciation de
certains crimes n'a pas lieu d'être.
De Gaulle peut être satisfait, lui qui, le soir-même du massacre d'Isly,
intervenait à la télévision, sans en dire un mot, pas plus qu'il ne le fit tout
au long de l'année 62, à propos de la souffrance des Français d'Algérie.
80 civils tués au FM par des soldats, sous les yeux de la presse internationale
(il y avait des dizaines de journalistes sur les lieux) et jamais de procès. Les
morts n'ont pas été rendus aux familles et furent enterrés à la hâte le
lendemain de la fusillade.
Le dossier instruit par le juge Charbonnier n'a jamais atteint sa
destination : où s'est-il perdu ? On continue de s'émouvoir de l'exécution de
Sanco et Vanzetti ou des époux Rosenberg mais les
"Pieds-noirs", cette "mauvaise graine" , selon l'expression d'un ministre de
De Gaulle, ils peuvent s'être faits massacrés, on peut profaner leurs
tombes, que nous importe ; après tout, ils le méritaient bien, ces sales
"colons". C'est probablement votre avis, aussi, peu ou prou... Je vous plains.
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De : "cazeaux
olivier" ocazeaux@wanadoo.fr
À : lesauditeursontlaparole@rtl.fr
Objet : A C.
Hondelatte (40e anniversaire fin
guerre d'Algérie)
Date : Lun 18 mars 0920022001 0910:56
Cher Monsieur Hondelatte,
J'apprécie le ton de votre journal et l'impression de libre expression qui se
dégage des interventions de vos auditeurs. Souvent, j'aurais bien voulu
intervenir, mais il m'était impossible de passer un temps interminable au
téléphone, à recomposer inlassablement le numéro de votre émission.
Je vous écris dans le cadre du 40e anniversaire de la fin de la guerre
d'Algérie.
Natif de Constantine, je n'avais que 4 ans en quittant ma terre ; ces
"événements" m'ont cependant toujours très affecté et j'ai le sentiment que cela
ne s'arrange pas avec l'âge.
Il faut dire que mes premières années ont été bercées par les attentats, puis
par les récits des horreurs vécues par les parents et amis, par la nostalgie du
pays perdu, par les humiliations infligés à des hommes de la génération de mon
père, qui avaient tous été mobilisés en 1944 (le frère aîné de mon père, soldat
de la 2e DB, est mort pendant l'offensive d'Alençon, le 11 août 44, la veille
de son 20e anniversaire), par les quolibets incessants qu'un petit garçon avait
bien du mal à saisir (j'ai demandé un jour en pleurant à ma mère : pourquoi on
dit que je suis un pied noir, ils sont roses mes pieds !).
L'objet précis de ce message concerne un épisode crucial de la fin de
l'Algérie française : la fusillade du 26 mars, à Alger, rue d'Isly.
Comptez-vous en parler à votre journal en date de ce jour ?
On a beaucoup parlé des 9 morts de Charonne mais si peu des
victimes d'Isly :
80 morts,
plusieurs centaines de blessés.
Une enquête très poussée a été faite il y a quelques
années par Francine Dessaigne aux éditions Castille : le
livre coûte 750 F, c'est trop cher pour ma bourse. Je me suis contenté, pour ma
gouverne, des pages malgré tout fort détaillées des minutes du procès du Petit
Clamart.
La rue d'Isly y fut longuement évoquée lors d'une journée d'audience.
Réf :Nouvelles éditions latines ; 1963 : pages 407 à 460.
- Pages 407,408 : le dossier d'instruction, six mois après son transfert d'Alger
à Paris, est introuvable
(j'ai appris qu'il n'a jamais été "retrouvé"
et que l'affaire avait été classée). Or celui-ci
comportait un reportage de RADIO LUXEMBOURG effectué par JP
Farkas (celui-ci est cité en pages 427 ET 430 : la bande a été saisie ainsi
que celle d'un reportage de la BBC). Une copie de cette bande aurait-elle
été sauvegardée dans vos archives ?
- page 411 à 417 : témoignage de Julien Besançon d'Europe 1 : il estime
que la fusillade a duré au moins 30 mn ! on est loin du tir sporadique de
soldats affolés.
- page 417 : le président de la Cour Militaire de Justice, à propos de bandes
son d'Europe 1 :
"Je n'estime pas utile d'entendre ces bandes. Avez-vous d'autres questions ?"
Oui, 40 ans après, se pose la question des responsabilités d'un tel massacre.
Le recoupement des divers témoignages permet de discerner la vraisemblance d'une
action délibérée du gouvernement : les tirs auxquels les soldats - presque tous
d'origine maghrébine, d'un détachement qui n'avait aucune habitude du terrain
urbain - sont censés avoir répliqué ne venaient aucunement de la manifestation
(femmes, enfants et vieillards comptent parmi les victimes) mais de terrasses
d'où l'on a distingué des policiers, gendarmes ou gardiens de la paix ; parmi
ces tireurs embusqués, l'un d'eux a été blessé : il s'agissait d'un vietnamien
dont le témoignage n'a jamais été connu. (l'on sait que la police parallèle
gaulliste comptait nombre de vietnamiens issus de réseaux à la frontière du
banditisme et du renseignement).
- Page 426 : détail assez répugnant : des croix
de la valeur militaire ont été décernées à des tirailleurs responsables de la
fusillade.
http://www.algerie-francaise.org/documents/medails.shtml
Autre détail (de mémoire, je ne sais plus si c'est dans le
procès du Petit CLamart) : un prêtre s'avance parmi les blessés pour assister un
agonisant : il est tué d'une rafale dans le dos ; cas identique pour un médecin.
Il est important de se remémorer que cette manifestation pacifique avait comme
revendication la levée du blocus du quartier populaire de Bab El Oued. Depuis
plusieurs jours, l'armée et la police avaient bouclé ce quartier, allant jusqu'à
empêcher tout approvisionnement et passage d'ambulance : des malades et enfants
en bas âge sont morts à cause de cette mesure.
Outre les violences contre la population lors des perquisitions, outre
les tirs sporadiques (l'oncle d'une amie a été ainsi abattu par des gendarmes),
l'armée est allée jusqu'à employer le mitraillage par des chasseurs-bombardiers
! (des images existent pour en attester).
Je suis à votre disposition pour vous aider, si votre souci d'informer
loyalement vous y incite, à préparer un sujet sur cette page honteuse de notre
histoire.
Mon téléphone est le 01 64 81 18 66 ; mon fax le 01 60 66 87 24.
Sincèrement à vous,
Olivier
CAZEAUX
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