Réponse à
Mme Le doyen des Juges d'Instruction
en date du 13 juin 2003
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Bundall, le 13 juin 2003
Gilbert IBANES
P.o. Box 6128
GCMC Bundall
4217 – QLD - Australia
à
Mme le Doyen des Juges d’Instruction
Du Tribunal de Grande Instance
75055 PARIS LOUVRE R.F.
Objet : Plainte avec constitution de partie civile
Ref. : Dossier n° 196/03
P.jointes :- un second exemplaire de la plainte (1 CDROM}
- 14 Documents a/s avis d’avocats & Etat d’esprit et souffrances des
familles
-Ce
que dit la loi - Par Me Emmanuel Altit
-Avis
de me. P. Courbis au sujet plainte contre Etat Français
-État
d’esprit quand au résultat des plaintes
-Devoir
de mémoire : Le temps de l’engagement JM Nogueroles
-Emission
RTL – réaction d’Olivier Cazeaux
-Afin
que nul n'oublie - par J.Castano
-Témoignage
du docteur Sola
-Cela
se passait un 5 juillet 1962 à Oran - Par G.de Ternant
-Un
songe venu de très loin - par Sivéra
-L'exode
par j-p Angelelli
-Harkis,
le temps de la réparation
-Réaction
téléfilm " Les déracinés " projeté les 22 et 23 septembre 2001- G.de Ternant
-Lettre
à mes amis, français de France - Amicale Bergeret
Madame le Doyen,
J’accuse réception de votre lettre citée en
référence.
Permettez-moi de vous exposer mon sentiment d’ancien gendarme OPJ,
auxiliaire de Justice.
Dans votre lettre vous me demandez de fournir :
- un second exemplaire de la plainte,
- un jeu supplémentaire des pièces justificatives inventoriées
- La déclaration d’adresse dûment remplie et signée,
- Les trois derniers avis d’imposition ou de non-imposition
- de vous indiquer en quoi j’ai qualité pour agir,
- et de synthétiser et reconstituer la plainte selon le modèle que vous
joignez à la lettre de référence.
Parmi ces documents, certains ne présentent
aucune difficulté à rassembler et à vous fournir ; les autres sont «
inaccessibles » par la difficulté qu’ils m’opposent !
Je suis étonné, aussi, du refus systématique
de tous les avocats contactés, et non des moindres, qui ont été, à quelque
chose près, unanimes pour dire que nous allions à un échec et à des
dépenses inutiles.
Je pourrais éventuellement trouver un
représentant, même plusieurs parmi mes amis, mais je n’ai pas le pouvoir d’obliger
un ou plusieurs avocats à prendre ma défense puisqu’ils avancent, qu’en
l’état actuel de la législature, ces procédures sont vouées à l’échec.
Je ne peux que les remercier pour leur honnêteté et leur sincérité qui
font honneur à leur profession.
Je me suis fait un devoir, en tant qu’honnête
citoyen – encore - Français du bas de l’échelle sociale, de rédiger et
de vous adresser un dossier avec un maximum d’éléments, de photos et de
documents, ainsi que des constatations, pratiquées par moi-même dans l’exercice
de mes fonctions, de la commission de crimes horribles durant la période
considérée.
Mais je dois avouer, que je reste interloqué
lorsque je lis des lettres d’avocats me révélant leur impuissance à
accomplir leur devoir, et surtout des Juges d’Instruction confirmant,
publiquement à la Télévision, leur incapacité à mener à terme les
instructions d’affaires de la plus haute importance. Ainsi donc devons-nous
comprendre que grâce à la loi des individus, coupables ou présumés tels,
échappent à la Justice de la République ?
L’affaire Alègre, avec tous les
scandales qui l’entourent et éclaboussent la Justice que vous avez l’honneur
de servir, m’a finalement convaincu de la nécessité de vous adresser cette
lettre pour porter à votre connaissance la souffrance et la douleur de mères
et de pères ayant perdu un être cher ou n’ayant jamais eu de nouvelles de
leurs disparus.
Je joins donc à la présente certains articles
de presse relevés sur le Net et qui me poussent à vous demander : « est-il
utile, pour vous comme pour moi, de perdre notre temps sur cette procédure
pour laquelle vous serez amenée, sans doute, à rendre un non-lieu, compte-
tenu de la jurisprudence actuelle ? » ; notamment celle relative à l’affaire
Boudarel comme l’indique l’avocat qui défend les plaintes
déposées par les Harkis, pour les mêmes motifs que celles que j’ai
déposées moi-même entre vos mains. ?
Madame le Doyen des Juges d’Instruction,
je vous remercie vivement pour l’attention que vous avez bien voulu
témoigner à mon affaire, pour votre patience aussi.
Faute, pour moi actuellement, de pouvoir réunir tous les éléments que vous
demandez, je ne puis que constater notre impuissance, nous les Français d’Algérie,
à faire reconnaître par la France l’erreur tragique qu’elle a commise en
abandonnant l’une de ses plus belles provinces de la plus horrible des
manières, orchestrée par le chef de l’Etat de l’époque. Depuis notre
exode, une indicible souffrance nous accompagne, nous empêchant de vivre
normalement.
Si la reconnaissance des faits historiques nous était accordée, d’abord
par la Justice française et ensuite par l’Etat Français, alors, l’apaisement
des esprits et la réconciliation des populations concernées seraient
possibles.
Ceux qui auront un jour le courage d’œuvrer dans ce sens pourront se
targuer d’avoir accompli une action qui restera marquée à jamais dans l’Histoire
de France, au même titre que Victor SCHOELCHER grâce à qui l’esclavage
fut aboli.
Veuillez accepter, Madame l’expression de mes
hommages respectueux.
Gilbert IBANES
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